Jets de pierre, barricades et feux de poubelles : des violences ont éclaté à Aurillac dans la nuit de mercredi à jeudi, au premier jour du festival de théâtre de rue, faisant huit blessés parmi les forces de l’ordre. Deux brigades de la CRS 83, spécialisée dans les émeutes, ont été envoyées dès jeudi soir en renfort des trois compagnies CRS sur place. Voici ce que l’on sait.
Que s’est-il passé ?
Mercredi soir, en marge d’une « interpellation en flagrant délit », des « groupes d’individus hostiles » parfois masqués et cagoulés s’en sont pris aux forces de l’ordre, a indiqué la préfecture du Cantal dans un communiqué.
Selon les témoignages recueillis sur place par un correspondant de l’AFP, la tension est montée après l’arrestation d’un individu ayant tagué la devanture d’une banque.
Vers 23h30, un groupe de personnes s’est alors opposé aux forces de l’ordre sur une place du centre-ville, s’en prenant à des abribus et des commerces, lançant des projectiles sur les CRS, allumant des feux de poubelles, a constaté ce correspondant. Selon une source policière, le groupe d’émeutiers était constitué de 300 personnes. La préfecture a estimé que ce nombre était plus modeste, sans plus de précisions.
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Les CRS ont répliqué avec des gaz lacrymogènes, finissant par repousser les groupes les plus virulents vers les rues adjacentes dans la nuit, les affrontements s’étant achevés vers 03h30 selon une source policière.
Quel bilan humain et matériel ?
Huit policiers ont été légèrement blessés, a annoncé lors d’une conférence de presse le préfet du Cantal Philippe Loos, mais aucun des milliers de festivaliers présents dans le centre-ville.
Les émeutiers s’en sont également pris à l’enceinte du palais de justice contre laquelle ils ont jeté des pavés, selon elle.
Le bilan provisoire « fait état de dégradations sur une dizaine de vitrines de commerces et sur du mobilier urbain », a précisé la préfecture, évoquant par ailleurs « plusieurs départs d’incendie de poubelles, maîtrisés par les sapeurs-pompiers protégés par les forces de l’ordre ».
Le maire d’Aurillac Pierre Mathonier (PS) a estimé les dégâts sur la voie publique entre 20 000 et 30 000 euros.
Les suspects ont-ils été interpellés ?
Aucune interpellation ni garde à vue n’a eu lieu pour l’heure, a indiqué la procureure de la République d’Aurillac Sandrine Delorme, précisant qu’une enquête était en cours pour identifier les auteurs des violences.
Des revendications radicales ?
« On est clairement dans un groupement qui s’est formé de manière temporaire pour casser », a également affirmé la procureure d’Aurillac
« Ce n’est pas normal d’utiliser ce festival comme support de revendications politiques radicales inadmissibles », a déclaré le maire d’Aurillac Pierre Mathonier (PS) devant la presse, affichant sa volonté que « ce festival se poursuive ».
« On ne peut pas laisser ces black blocs aux discours anarchistes casser notre ville et notre festival », avait-il déclaré auparavant à l’AFP.
Quelles réactions ?
« À Aurillac, comme partout ailleurs, la République permet que la liberté s’exprime dans la création et non dans la destruction », a déclaré le préfet Philippe Loos.
« Ces violences n’ont rien à voir avec notre projet, qu’il soit artistique, culturel ou social » et le festival en est la « victime », a assuré de son côté Frédéric Rémy, directeur du festival, qui accueille 3 000 artistes et environ 180 000 spectateurs jusqu’à samedi pour sa 38e édition.
Dans l’après-midi, la ministre de la Culture Rachida Dati a apporté son soutien aux « organisateurs et participants » du festival et s’est dite « mobilisée contre cette nouvelle forme de délinquance et d’atteinte aux valeurs de la République qui vise à perturber et empêcher des évènements culturels populaires français ».