« Bonjour, avez-vous eu de la fièvre au cours des dernières semaines? D’importantes courbatures? » Mercredi et jeudi, huit agents de l’Agence régionale de santé (ARS) ont répété inlassablement ces questions aux habitants d’un domaine résidentiel du quartier Valescure de Fréjus.

Une enquête épidémiologique lancée après la confirmation de plusieurs cas de chikungunya au sein de ce secteur et au cours des dernières semaines.

Les derniers résultats font état de huit cas autochtones confirmés, mais les agents de l’ARS s’attendent à ce que de nouveaux cas soient révélés par ces investigations en porte-à-porte.

« Lorsque des personnes font état de symptômes correspondant à la maladie, nous prélevons une goutte de sang pour l’analyser. L’objectif premier de l’enquête est de réaliser une cartographie des infections pour savoir comment le virus se propage et affiner nos opérations de désinsectisations », détaille Thomas Margueron, responsable du service santé environnement de l’ARS.

Depuis le 15 juillet dernier, ce sont sept « traitements adulticides », qui ont été effectués. Concrètement, il s’agit d’épandre de faibles doses d’insecticides dans les zones d’habitat des moustiques tigres telles que les haies.

‘‘Concentrer les efforts pour éviter que le virus se propage’’

L’autre vocation de cette enquête était de connaître les déplacements des personnes suspectées d’avoir été malades. « Typiquement le domicile d’amis chez qui elles seraient allées dîner », poursuit l’ingénieur sanitaire.

La finalité est, une fois encore, de pouvoir désinsectiser lesdites zones où les personnes infectées se sont rendues. Car elles ont pu y être piquées par des moustiques locaux qui auraient été contaminés à leur tour et pourraient devenir vecteur d’un nouveau foyer de contagion.

« À l’image des soldats du feu, notre stratégie consiste à concentrer tous nos efforts sur un foyer naissant afin d’éviter qu’il se propage. Car si le virus chikungunya a un taux de mortalité très faible, environ un cas sur mille, cela reste une maladie très invalidante avec un risque non négligeable d’engorgement des urgences par des personnes présentant des facteurs de comorbidités », souligne Thomas Margueron.

« Une infestation d’ampleur »

Pour l’heure, les contaminations se concentrent au sein d’un domaine fréjusien bordant le vallon de Valescure. Mais l’Agence régionale de santé invite les résidents de tout ce secteur à rester vigilants et à se protéger.

En détruisant les gîtes larvaires formés par des réserves d’eau stagnante comme les soucoupes de pots de fleurs. Mais aussi en s’enduisant de répulsif anti-moustique cutané,.

« S’il n’est pas conseillé d’en utiliser quotidiennement en temps normal, c’est vraiment important dans ces conditions », assure le responsable de l’ARS qui alerte: « Fréjus est le principal foyer d’infections du Var. Ce qui nous a marqués, c’est le fait d’avoir pu piéger des moustiques porteurs du virus, ce qui est un phénomène assez rare. Pour nous, cela révèle une infestation d’ampleur ».


Un Aedes albopictus. Photo MAXPPP

Le « chik », maladie rarement mortelle

Le chikungunya (en abrégé, le chik) est une maladie virale transmise à l’humain par la piqûre, notamment, des moustiques tigres (Aedes albopictus).

Bien que rarement léthale, cette maladie cause le plus souvent des douleurs articulaires intenses après de 2 à 10 jours d’incubation.

D’où son nom qui signifie ‘‘maladie de l’homme courbé’’ en Makondé, langue d’Afrique de l’Est. À cette arthralgie s’ajoutent fréquemment de la fièvre et des maux de tête.

Dans certains cas, des formes neurologiques graves peuvent survenir, notamment des méningo-encéphalites et des atteintes des nerfs périphériques.

Ces dernières sont principalement rencontrées chez des personnes âgées ou au système immunitaire affaibli, ainsi que chez des nouveau-nés infectés in utero en même temps que la mère.