Le décès du streamer Jean Pormanove, après plus de douze jours de diffusion en direct où il apparaissait violenté et humilié, « n’est pas en lien avec l’intervention d’un tiers », selon les conclusions de l’autopsie dévoilées jeudi par le procureur de la République de Nice.

« Les causes probables du décès apparaissent donc d’origine médicale et/ou toxicologique », a précisé le procureur Damien Martinelli dans un communiqué officiel.

La mort en direct de Raphaël Graven, connu sous les pseudonymes JP ou Jean Pormanove, diffusée sur la plateforme Kick et suivie par des milliers d’internautes, a provoqué un vaste scandale. La ministre déléguée au Numérique, Clara Chappaz, a dénoncé « une horreur absolue ».

Un décès diffusé en direct

Une vidéo diffusée lundi en live sur Kick, et largement partagée depuis, montrait JP inanimé dans un lit, au moment où son décès était découvert par son partenaire de streaming Owen Cenazandotti, alias Narutovie, dans leur studio situé à Contes, près de Nice.

D’autres extraits, devenus viraux sur les réseaux sociaux, montrent le streamer de 46 ans insulté, frappé par Narutovie et un autre influenceur, Safine Hamadi dit Safine, ou encore visé par des tirs de paintball sans protection. Aux côtés d’un autre participant surnommé Coudoux, visiblement handicapé, il semblait assumer son rôle de souffre-douleur.

Des enquêtes déjà ouvertes

En janvier, le parquet de Nice avait déjà lancé une enquête après la révélation de ces vidéos par Médiapart. Elle visait notamment des faits de « violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables ».

Owen Cenazandotti, 26 ans, et Sofiane Hamadi, 23 ans, avaient été placés en garde à vue mais rapidement relâchés sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux.

Les conclusions de l’autopsie

Lors de l’autopsie, les deux médecins légistes n’ont constaté ni « lésions traumatiques tant au niveau interne qu’externe », ni « brûlures ». Seules ont été relevées « quelques ecchymoses et lésions cicatrisées plus particulièrement sur les membres inférieurs », a indiqué jeudi le procureur.

« A la lumière de ces éléments, les médecins experts considèrent que le décès de M. Graven n’a pas une origine traumatique et n’est pas en lien avec l’intervention d’un tiers », a précisé Damien Martinelli. Il a ajouté que « des analyses complémentaires, toxicologiques et anatomopathologiques, ont été ordonnées pour préciser ces causes ».

Une santé fragilisée

Ces examens devront être rapprochés de certains témoignages évoquant « des difficultés cardiaques » observées lors d’une anesthésie en Turquie en 2024, ainsi qu’un « traitement médical pour la glande thyroïde ». La direction nationale de la police judiciaire et l’office anticybercriminalité ont été cosaisis avec la PJ de Nice pour la suite des investigations.

Selon des proches interrogés par l’AFP, Jean Pormanove, ancien militaire originaire de Moselle, enchaînait les petits boulots et présentait une santé fragile. Son hygiène de vie était jugée dégradée : il se nourrissait essentiellement de sucreries et fumait jusqu’à trois paquets de cigarettes par jour.

Des témoignages contradictoires

Si certains proches des influenceurs niçois ont affirmé que JP vivait « sa meilleure vie » depuis sa rencontre avec Narutovie en 2020, un ancien camarade militaire le décrivait comme « crédule » et « pas très intelligent », estimant qu’il était « manipulé ».

Interpellée, la plateforme australienne Kick s’est engagée jeudi, après un échange avec l’Arcom, à revoir ses règles de supervision et de modération de ses contenus.

Avec AFP