«Quand je suis chez moi, je ne sais pas quoi faire. Au moins ici, je fais plein d’activités et ça m’apprend à lire, à faire des calculs », sourit Kayss, 8 ans. Depuis trois ans, ce jeune Lyonnais est suivi par Ma chance, moi aussi, une association qui lutte contre la « fragilité éducative » et vise à « rétablir l’égalité des chances » et « briser le déterminisme social ».

Deux semaines avant la rentrée des classes, seize enfants, âgés de 6 à 14 ans, participent ce matin-là à une séance de « renforcement scolaire ». Au programme ? Des petites activités ludiques pour se remettre dans le rythme. « On s’amuse, on lit, on joue dehors », explique Mael, 6 ans, qui affirme être « très content de venir ». Il ajoute, fièrement : « Et en plus, j’ai gagné au Yams. »

Ce jeu n’est pas anodin. « C’est l’occasion de retravailler le calcul, mais aussi d’apprendre à respecter des règles, se concentrer, accepter de perdre ou de gagner… Des codes qu’on a parfois un peu oubliés avec l’été », explique Muriel, enseignante et intervenante pour l’association. « Et l’important c’est de s’amuser et de participer », complète Sophia, 6 ans.

Se projeter pour mieux aborder la rentrée

« Tu te souviens comment on fait un G ? », lance l’enseignante à un enfant du groupe en enchaînant avec la prochaine activité : un petit bac « revisité ». Objectif : réactiver les bases, tout en douceur. « Ces moments de prérentrée sont vraiment importants pour leur faire de petits rappels, qu’ils se projettent et que le retour à l’école soit moins brutal », souligne-t-elle. Kelsey, 8 ans également, approuve. « Par exemple, il faut moins regarder les écrans, se coucher plus tôt, essayer de lire un peu chaque jour, dit-il, assurant appliquer les conseils de Muriel. Mes parents sont vraiment contents que je sois ici. »

« Moi, ça me fait du bien de venir à Ma Chance parce que je me sentais un peu stressé avant la rentrée », confie de son côté, Kayss, qui espère être « dans une classe en or ».

Pour les plus grands, le programme était « plus léger ». « On a fait une activité autour du patrimoine français », raconte un adolescent. « Je ne savais pas que le musée des Confluences était si ancien », commente-t-il. L’après-midi est ensuite consacrée à des activités culturelles.

Plus qu’un soutien scolaire

Au total, 36 enfants sont suivis dans cette structure du 8e arrondissement de Lyon et plus de 450 dans toute la France. Ici, l’accompagnement ne se limite pas aux devoirs. Théâtre, sophrologie, sorties culturelles et sport obligatoire (avec une licence remboursée jusqu’à 200 euros par enfant)… L’idée est de travailler sur tous les aspects de la vie de l’enfant dans une logique de « coéducation et pas de remplacement ».

« Les parents sont aussi impliqués avec des rendez-vous réguliers, pour qu’ils échangent sur leur vécu, pour qu’on puisse leur donner des conseils », précise Antoine Robin, directeur de l’antenne.

Ce suivi est prévu sur dix ans, pour enrayer le plus tôt possible le risque de décrochage scolaire. « On est sur du préventif, il faut donc qu’on arrive le plus tôt possible. Idéalement, tous les enfants ont intégré le programme dès 6 ans », appuie le directeur. Avant d’ajouter : « On ne peut pas suivre tous les enfants en difficulté donc ce sont les directeurs et directrices d’école, en quartier prioritaire, qui identifient les profils les plus fragiles ». Les familles, elles, participent à hauteur de 7 à 30 euros par trimestre, en fonction de leur quotient familial.

« Comme à la maison et comme à l’école »

Tout au long de l’année, les enfants bénéficient alors d’un accompagnement d’environ 400 heures chacun, sur le temps périscolaire. Et les effets positifs se sentent dès deux ans d’accompagnement, assure l’association.

Les enfants, eux, sont convaincus. « Ici, c’est comme à la maison et comme à l’école en même temps », résume Mael, avec un grand sourire. « Mes copines aimeraient elles aussi faire partie du programme parce qu’elles voient les activités qu’on fait et elles disent que c’est trop bien », conclut Shannone, 8 ans.

Notre dossier sur l’éducation prioritaire

Selon les chiffres de Ma chance, moi aussi, 92 % des enfants disent aimer venir à l’association et trois familles sur quatre se sentent plus à l’aise pour accompagner leur enfant dans sa scolarité.