Sous la baguette de son directeur musical, Case Scaglione, l’Orchestre national d’Île-de-France célèbre les 150 ans de Ravel avec quatre chefs-d’œuvre de Bartók, Stravinski et l’auteur du Boléro, dans lesquels la modernité musicale réinvente les folklores.
L’Orchestre national d’Île-de-France ouvre son programme de rentrée francilienne avec une pièce concertante qui met en avant son premier violon supersoliste, Ann-Estelle Médouze. La rhapsodie Tzigane de Ravel se nourrit d’un imaginaire folklorique d’Europe de l’Est que Bartók, en pionnier de l’ethnomusicologie, a exploré pour façonner sa singularité novatrice, et dont témoignent les timbres et les rythmes de sa Musique pour cordes, célesta et percussions. Si, par son orchestration, le ballet L’Oiseau de feu de Stravinsky s’inscrit dans l’opulence post-romantique, sa réinvention sonore des traditions anciennes de la Russie marque, avec la tournée de la compagnie de Diaghilev, une étape décisive de la modernité musicale que consacrera trois ans plus tard, en 1913, Le Sacre du printemps. Quant au Boléro de Ravel, la partition la plus jouée au monde aujourd’hui, la fascination qu’exerce ce crescendo irrésistible tient au moins autant à son mécanisme implacable inspiré par le fordisme naissant qu’à ses souvenirs rêvés de la voisine Espagne de son enfance.
Gilles Charlassier