Un coup de massue pour le business des colis en Europe ? Cette semaine, PostEurope, l’association qui représente les réseaux postaux européens, a prévenu que ces derniers pourraient « restreindre ou suspendre temporairement l’expédition » de certains colis vers les États-Unis.
La raison est très concrète : le 30 juillet dernier, un décret de l’administration Trump a annoncé que l’ensemble des colis mondiaux de marchandises d’une valeur égale ou inférieure à 800 dollars ne seront plus exonérés de taxe. Et ce, à partir du 29 août prochain. Les expéditeurs devront donc s’affranchir d’un droit de douane à payer en amont de l’envoi. C’est donc la fin du régime fiscal, dit des « minimis » dans le jargon postal, pour les petits colis.
Et pour ne rien arranger, ce n’est que vendredi dernier que le service américain des douanes a détaillé les modalités de ce nouveau système, avec des informations encore manquantes. Le délai de préparation est donc « extrêmement court », selon PostEurope, raison pour laquelle plusieurs entreprises postales envisagent d’ores et déjà de suspendre momentanément leurs expéditions.
« Situation critique »
« La situation est critique pour l’ensemble des postes d’Europe. Il est urgent de clarifier les nouvelles exigences de la douane américaine, afin de faire les développements informatiques nécessaires et les déployer dans les réseaux postaux », déplore ce jeudi Jean-Paul Forceville, directeur des relations internationales du groupe français La Poste. Il ajoute : « C’est la condition pour que les clients, entreprises et particuliers, puissent continuer à envoyer leurs colis par La Poste aux États-Unis. »
Aujourd’hui, les opérateurs ne savent, en effet, pas comment les droits de douane seront calculés et collectés, ou comment certaines données techniques seront transmises aux services américains. Raison pour laquelle Botond Szebeny, secrétaire général de PostEurope, espère « vivement » que des solutions vont être trouvées « rapidement ».
Surcoût financier
De plus, rappelle-t-il à La Tribune, la mesure en soi va produire un « surcoût financier qui n’existait pas avant ». Pour le groupe La Poste, l’impact de cette nouvelle taxe à l’entrée ne sera pas négligeable, car les colis de biens inférieurs ou égaux à 800 dollars représentent la majeure partie des envois aux États-Unis.
En outre, le réseau postal tricolore expédie outre-atlantique 1,6 million de colis par an en moyenne, toutes valeurs confondues. Par ailleurs, 80 % sont envoyés par des entreprises, indique à La Tribune le groupe. L’effet de cette taxe, ou d’une suspension, n’est donc pas anodin.
Des expéditions déjà suspendues
Du côté de Bpost, le réseau belge, les colis de 800 dollars ou moins ne représentent « qu’une petite partie du nombre total d’envois » rapportait hier le quotidien de Flandre Het Laatste Nieuws (HLN). Pourtant, le postier a déjà décidé de suspendre temporairement ses envois aux États-Unis faute d’informations complètes. « Cette mesure vise à éviter que les colis soient bloqués ou que nos clients subissent des frais imprévus », justifiait le porte-parole de Bpost à HLN hier.
Bpost a été rejointe ce jeudi par PostNord (le réseau suédo-danois), Posten Bring (Norvège), Austrian Post (Autriche). Quant à La Poste tricolore, dans un communiqué ce matin, celle-ci a indiqué qu’elle le ferait « si des solutions ne sont pas trouvées avant l’entrée en vigueur de cette réglementation le 29 août ». En attendant, l’inquiétude demeure.