5 h, les lumières de la ville s’allument. « Haaa, on y voit plus clair. » Rue Sellenick, à Strasbourg, Omar, Zakaria, Alexandre, Nolann et Paul sont déjà en tenue : gilet fluo, pantalon à bandes réfléchissantes, gants. Prêts pour une nouvelle journée. La rue est encore silencieuse. Seuls les oiseaux chantent. C’est beau. « Mais ça tient pas longtemps », prévient Franck Anstett, le responsable.
Les éboueurs se sont réparti les rues du quartier et donc les sept imposants trousseaux de clés. Aucun nom de rue n’y figure – « c’est interdit, en cas de perte »- juste un code et des numéros. Aujourd’hui, les agents couvrent une partie de la Neustadt, l’un des quartiers dits « les plus pénibles ». Ils connaissent par cœur chaque cour et plus encore, chaque escalier, chaque étroit soupirail.
Avant de partir, Alexandre Dorendhal savoure son jus d’orange. Son rituel, au calme, avant la tempête. Le Fegersheimois de 35 ans est éboueur depuis cinq ans. Il a apporté, dans son sac à dos noir, le strict…