Le maire LR, Frédéric Masquelier, veut briser un tabou mémoriel alors que le Parti communiste dénonce une réécriture de l’Histoire.
La silhouette d’un homme courbé en train de pousser deux murs en référence à la chute du Mur de Berlin, en 1989 : à Saint-Raphaël (Var), un monument «aux victimes des totalitarismes du communisme en France» va être érigé, une première dans le pays, qui provoque l’indignation du parti. Cette stèle sera inaugurée samedi 23 août à 18 heures dans le parc Beaurivage à l’occasion de la journée européenne de commémoration des victimes des régimes totalitaires, alors que le PCF a pour sa part appelé à une manifestation, à la même heure, devant l’hôtel de ville.
Le maire Frédéric Masquelier (Les Républicains) assume vouloir «briser un tabou mémoriel» par cet acte reconnu comme «hautement symbolique» : «en érigeant ce monument, nous rendons justice aux dizaines de millions de victimes du communisme et affirmons notre attachement à la liberté, à la vérité historique et à la dignité humaine», se justifie l’édile.
La stèle, réalisée en collaboration avec le sculpteur Nicola Rosini Di Santi, a coûté 28.000 euros à la collectivité. «La couleur fait penser aux heures les plus sombres : famines, purges, déportations. Il s’agit également d’une lueur d’espoir avec la destruction de cette idéologie mortifère», détaille la municipalité au Figaro.
«Ignoble et pathétique» pour le PCF
Des spécialistes ont ensuite été conviés pour participer à une table ronde prévue à l’issue de la cérémonie afin d’évoquer «les réalités des régimes communistes», indique la mairie. Les historiens Virginie Girod, Pierre Rigoulot et François Kersaudy, accompagnés du journaliste d’Europe 1 Vincent Hervouët, interviendront. «Les victimes de Trotski, Staline, Pol Pot, Mao ou encore Ceausescu se comptent en millions et pourtant, il n’y a jamais eu de procès de Nuremberg du communisme. Ce monument rend hommage aux victimes de cette idéologie», insiste la ville de Saint-Raphaël dans son communiqué.
La section varoise du PCF a dénoncé une initiative «ignoble et pathétique», tout en demandant au préfet du Var, Simon Babre, d’interdire l’installation de cette stèle, commandée selon les militants hors de tout cadre légal et à des fins purement électoralistes. «Monsieur Masquelier sait très bien que les communistes français ont payé un lourd tribut à la lutte contre le nazisme et qu’ils ont condamné depuis très longtemps les crimes commis par Staline ou d’autres», a réagi le PCF du Var dans un communiqué.
«Monsieur Masquelier a grand besoin de détourner l’attention sur sa gestion et son avenir politique ne tient qu’à un fil s’il ne rejoint pas le RN ou s’il ne leur donne pas des gages suffisants», poursuit le parti. Les organisations locales du PS, des Écologistes, de LFI et d’autres mouvements de gauche devraient aussi se joindre au rassemblement «contre la falsification de l’Histoire», en même temps et à quelques encablures de l’inauguration municipale. «Aujourd’hui, ce sont les communistes qui sont mis au pilori de façon discriminatoire», peut-on lire dans l’appel à la manifestation.
«Rien ne changera jamais chez les apôtres du stalinisme qui liquident leurs opposants par l’injure et les éléments de langage du parti», a répondu sur X le maire de Saint-Raphaël. Frédéric Masquelier, avocat de profession, est maire de Saint-Raphaël depuis 2017, ville de plus de 35.000 habitants, et président de l’agglomération Estérel Côte d’Azur.