Ce vendredi à 20h45, le PSG affronte Angers pour la deuxième journée de Ligue 1. Une rencontre qui devrait permettre à Illia Zabarnyi de fouler la pelouse du Parc des Princes sous ses nouvelles couleurs. Ici Paris Île-de-France vous brosse le portrait d’un joueur qui fait la fierté de son pays.
Le 12 août dernier, Illia Zabarnyi est rentré dans l’histoire de son pays en étant le premier Ukrainien à signer au Paris Saint-Germain. Dans un pays en guerre avec la Russie depuis trois ans et demi, les belles histoires ne sont pas légion alors celle d’un jeune de 22 ans qui s’engage avec le champion d’Europe en titre donne le sourire aux amoureux du ballon rond.
Les médias ukrainiens se passionnent depuis des années pour la trajectoire footballistique d’un garçon qui a intégré la sélection nationale à tout juste 18 ans et qui a déjà à son actif plus de 70 matchs en Première ligue anglaise avec son ancien club de Bournemouth. Acheté 63 millions d’euros par le Paris Saint-Germain, Illia Zabarnyi était désiré par Luis Enrique depuis le mois de janvier dernier. Le voilà désormais au PSG où il est attendu comme le futur successeur du capitaine Marquinhos. Pour nous aider à dresser le portrait d’un garçon considéré comme très mature, nous avons contacté la journaliste Iryna Koziupa du quotidien sportif ukrainien tribuna.com.
Fierté nationale
C’est au nord de Kiev, sur la rive gauche dans le quartier de Troyeshchyna, que l’histoire d’Illyia Zabarnyi commence. Fils d’un couple de médecins à la vie modeste, le jeune Illa se passionne assez rapidement pour le football. D’abord attaquant, il glisse en défense où le longiligne adolescent est vite repéré par le Dynamo Kiev. Immense travailleur et meneur d’hommes, Zabarnyi va vite bousculer les codes du football en jouant son premier match chez les professionnels le 11 septembre 2020, à l’âge de 17 ans et 10 jours. Par la suite, il va jouer 170 matchs entre Kiev et Bournemouth et répondre à 47 sélections avant de signer au PSG.
« Nous sommes très contents de voir Illyia Zabarnyi intégrer un club Top 5 européen », se réjouit Iryna koziupa, de tribuna.com. « Il a connu une telle évolution dans sa carrière. C’est un gars très gentil et un très bon joueur de football ! C’est très positif qu’un jeune joueur ukrainien fasse maintenant partie de l’équipe qui a remporté la Ligue des champions. Il n’y a pas assez de joueurs ukrainiens dans les grands clubs européens. Pour nous, c’est un énorme événement qu’il signe au PSG, c’est sensationnel. Nous espérons qu’il aura une très belle carrière. Désormais, on va suivre beaucoup plus le championnat français et le PSG. Après, il faut le savoir, il ne parle pas beaucoup avec la presse, mais quand il prend la parole, c’est comme un chef d’Etat, il a une parole sage, très intelligente. »
Et notre consœur de terminer cette présentation par une habitude de Zabarnyi. Le nouveau défenseur athlétique du PSG a pris des bains de glace tous les jours de la saison dernière pour « renforcer sa discipline ». Une habitude qui a fait école puisque de nombreux joueurs, jeunes ou moins jeunes, effectuent désormais ce bain glacé en Ukraine.
Discret, observateur et très grand fan de jeux vidéos
Arrivé lundi dernier au PSG, Zabarnyi a déjà effectué deux déplacements avec sa nouvelle équipe, participé à 5 ou 6 entraînements et joué un match face à Nantes. Selon nos informations, au campus du PSG, l’Ukrainien, qui est assez discret, n’est jamais avare d’un sourire, il est agréable avec tout le monde et surtout très observateur de tout ce qui l’entoure. Zabarnyi n’a pas encore créé de lien avec tel ou tel coéquipier, mais il s’intègre à son rythme en échangeant régulièrement avec des joueurs comme Marquinhos, Fabian Ruiz ou encore Kvicha Kvaratskhelia. Preuve que l’Ukrainien veut très vite s’adapter à son nouveau club et pays, il a déjà planifié ses premiers cours de français. En dehors du football, Illia Zabarny a une passion dévorante, les jeux vidéos. D’ailleurs le défenseur ukrainien explique que s’il n’avait pas été joueur de football professionnel, il aurait basculé dans le e-sport à haut niveau.
« En Ukraine, on a une expression « un jeune garçon avec une vieille tête » (sourire) », raconte Iryna Koziupa. « Zabarnyi est un jeune homme mais son comportement dégage l’attitude d’une personne beaucoup plus mûre, d’expérience. Ce n’est pas un adepte des boites de nuit ou de sortir comme certains des jeunes de son âge. Il n’aime pas les choses qui brillent. Il aime rester chez lui et jouer à Counter-Strike. D’ailleurs, il est assez doué. Il a toujours beaucoup d’ordinateurs chez lui. C’est une personne vraiment sympa. »
Pilier important de la vie du nouveau défenseur parisien, Angelina Zabarna sa compagne, rencontrée au lycée. Ils sont ensemble depuis l’âge de 16 ans. Les supporters parisiens qui commencent à suivre la jeune femme sur les réseaux sociaux peuvent voir qu’elle et son mari commencent à découvrir et à flâner dans Paris. Ces deux-là sont fusionnels et vouent une passion pour les chats et les chiens qui devraient bientôt peupler leur future maison à Paris ou dans sa région.
« Pour beaucoup de choses, il est un exemple pour la jeunesse de notre pays. Même son histoire d’amour avec sa femme est touchante, Ils se connaissent depuis l’école », commente Iryna Koziupa. « Elle est aussi une personne très gentille. Il faut savoir qu’ils sont très attachés à l’Ukraine et dès qu’ils le peuvent, ils aident, via des dons, pour tendre la main à la population dans le besoin. »
La géopolitique s’invite dans le vestiaire du PSG
Même si au PSG, on ne souhaite pas forcément évoquer le sujet géopolitique qui entoure Illia Zabarnyi, la guerre en Ukraine, le conflit avec la Russie, s’est quand même invité dans le vestiaire du club parisien. Zabarnyi, très touché par ce qui arrive à son peuple et ses amis restés au pays, va devoir collaborer avec Matveï Safonov, le gardien de but russe. Cette présence a posé problème dans un premier temps au défenseur ukrainien lors d’un possible transfert en janvier dernier. Depuis, les dirigeants parisiens n’ont pas abdiqué et ont réussi à faire venir le solide défenseur qui se sait observé par une partie de la population ukrainienne.
« Pour certaines personnes, il est vraiment inacceptable qu’un joueur ukrainien fasse partie d’une équipe où joue un Russe », explique Iryna Koziupa. « Mais en général, comme je l’ai déjà dit, nous sommes vraiment contents de le voir au PSG. Vous savez, certains craignent aussi la propagande russe. Imaginons une photo où les deux joueurs sont ensemble et contents. Les Russes pourraient l’utiliser en disant « regardez, Ils s’aiment, ce sont des frères qui font partie d’une même nation. » Ce serait dommage qu’ils utilisent ce transfert pour cela. C’est un défi de taille pour Illia, ne pas décevoir les Ukrainiens. Mais comme je l’ai déjà dit, son professionnalisme et son attitude devraient réussir à éviter les problèmes. En Ukraine, dans les médias sportifs, il y a une petite blague qui demande « pourquoi le PSG ne vendrait pas plutôt Safonov au lieu de Donnarumma !? », ça serait l’idéal, non ? Après, c’est un travail, ils sont collègues de travail, mais s’ils venaient à dîner ensemble ou s’ils passaient du temps ensemble en dehors du club, là ce serait vraiment un gros problème pour nous. Safonov n’a jamais pris position pour l’Ukraine ou contre son armée et Poutine… »
Luis Enrique et Illia Zabarny, PSG © AFP – FRANCK FIFE / AFP