Par

Nina Hossein-Zadeh

Publié le

22 août 2025 à 12h44

L’histoire d’Andrea Salvi commence en 2019. Espagnole, diplômée d’un bac + 5 en business international, elle s’installe à Toulouse avec une idée en tête : proposer un concept capable de transformer les modes de consommation. « J’adorais le monde du business, mais je voulais y mettre du cœur », explique-t-elle. Issue d’un univers marqué par les soins thérapeutiques, elle décide d’ouvrir « La Misstinguette en Salopette pour prendre soin de soi, de sa santé et la planète », une boutique nichée au 33 rue de la Colombette. Derrière sa vitrine, des centaines de produits naturels, sains et bio… Plus qu’un commerce, un lieu de vie pour les amoureux de l’écologie. Pendant six ans, Andrea et son équipe tissent des liens forts avec leurs clients. Mais après avoir traversé de multiples crises (Gilets jaunes, Covid-19, guerre en Ukraine), la jeune femme est à bout de souffle. Aujourd’hui, elle lance un appel de détresse : elle souhaite transmettre son bail pour tourner la page. Elle se donne jusqu’à la fin du mois d’août pour trouver quelqu’un.  Ses explications.

Un rêve de franchise modulable

« Cette boutique, c’était mon rêve », confie Andrea, émue. Sa vision : faire de La Misstinguette en Salopette une franchise modulable. Elle imaginait déjà ses déclinaisons : un Baby Misstinguette, une herboristerie, un rayon hygiène féminine…

Son modèle reposait aussi sur une dimension solidaire : 50 % du prix de chaque produit était réinvesti localement, dans un rayon de 100 km, au profit d’écoles ou de centres pour personnes âgées.

En 2023, un investisseur se dit prêt à la suivre dans l’aventure de la franchise. « Tout fonctionnait à merveille, c’était parfait. Mais j’ai pris peur. »

« Je mets ce rêve de côté »

À l’époque, Andrea Salvi se pose des questions et se rend compte que sa vie, elle la voit plutôt ailleurs à gérer sa deuxième entreprise Centre du vivant Kaï pour la développer à l’international et partir vivre en Asie. « Ceux qui voulaient se lancer pour la franchise me voulaient moi. Ce qu’ils achetaient c’était mon concept et mon image donc je ne pouvais pas mettre en gérance. »

Il faut dire que les clients de La Misstinguette en Salopette s’y rendent pour échanger avec Andrea, prendre ses conseils, ses informations sur les produits et ses alternatives écologiques auxquelles ils ne pensaient pas. « Ma boutique, elle a une âme. Les gens viennent aussi s’y confier, se soigner et pleurer. »

Se développer en franchise ne correspondait donc plus à son rêve de liberté, à ses envies de prodiguer des soins thérapeutiques. « J’ai compris que je ne voulais pas que gérer h24 des business, je veux aussi profiter de la vie et avoir du temps pour créer d’autres choses. J’ai grandi et je mets ce rêve de côté. »

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Des clients solidaires

Pourtant, les adieux traînent. Il faut dire qu’Andrea Salvi est portée par ses clients et son entourage qui l’incitent à ne pas tirer le rideau.

« En 2022, au moment de la guerre en Ukraine, j’ai eu -40 %. J’ai commencé à avoir peur. Je devais déjà être en burn-out. J’ai eu un premier déclic et j’ai dit à mes clients que j’allais fermer en liquidation judiciaire. »

Eux, ne l’entendent pas de cette oreille. « Les clients ont été trop mignons, ils venaient avec tout leur entourage pour acheter des produits. On papotait et finalement ils ont sauvé la boutique. J’ai pu rembourser mes emprunts, mais ça m’a fatigué », lâche la commerçante, la voix tremblante.

Un premier repreneur… Qui fait faux bond

Elle tient le cap entre 2023 et 2024 parce qu’elle est « têtue » et « la boutique marche très bien ». Mais la réalité la rattrape : son rêve est ailleurs désormais. En septembre 2024, elle décide alors de « passer le flambeau ».

Et à l’époque, les planètes s’alignent. Elle met son fonds de commerce en vente et une amie et cliente toque à la porte : elle est intéressée avec une associée. Les arrangements se font et c’est décidé : ce sont elles qui reprendront La Misstinguette en Salopette.

Après les avoir formées pendant plusieurs mois, les repreneuses se désistent finalement au dernier moment, « ne voulant plus être commerçantes », laissant Andrea au pied du mur.

Une recherche de la dernière chance

Depuis, la commerçante tente le tout pour le tout : elle a posté une publication sur LinkedIn pour relancer sa recherche de repreneur. Désormais, elle ne vend plus le fonds de commerce, mais le bail.

Elle se donne jusqu’à la fin du mois d’août pour trouver quelqu’un. « Je vends mon bail à 30 000 euros et c’est négociable. Peu importe l’argent, c’est le timing là qui entre en jeu. Je veux passer à autre chose. » Si personne ne se propose, elle a pris la décision de fermer en septembre par liquidation judiciaire.

Pour contacter Andrea Salvi, vous pouvez lui écrire par mail : [email protected].

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