Un cachalot de deux mètres s’est échoué dans la prairie de Port-Lay, site du Festival international du film insulaire de Groix (Fifig). Heureusement, il est en bois, récolté d’un arbre sur l’île ! Comme chaque année, le Fifig fait appel à un sculpteur pour immortaliser le festival. L’invité d’honneur de cette 24e édition est Claude Bourque, originaire des îles de la Madeleine, au Canada. L’artiste a décidé de représenter un cachalot, qu’il souhaite suspendre en l’air.

« Pendant deux jours, je suis venu m’asseoir à côté de la bûche pour lui parler, savoir comment j’allais l’aborder avec les formes de l’arbre ». Le schéma en tête, place au travail. « Là, je commence à la tronçonneuse pour dégrossir le plus possible. Après, ça va être du fignolage avec des outils plus fins, plus adaptés. » Claude Bourque ajoutera sa touche finale au chalumeau, pour brûler la surface du bois. « La brûlure agit comme un répulsif contre les animaux, donc ça pourrit moins vite. » Le sculpteur consacre cinq à six heures par jour à sa bûche, le temps du festival. Autre chef-d’œuvre, les trophées. Eux aussi confectionnés en bois brûlé, durant l’été, chez lui.

Claude Bourque passe cinq à six heures de ses journées à donner vie à un cachalot.Claude Bourque passe cinq à six heures de ses journées à donner vie à un cachalot. (Le Télégramme/Nicolas Fontaine)« Un crack des baleines »

Le bois n’est pas le matériau de prédilection du Canadien. « Je travaille surtout avec des os de mammifères marins. Je vais dépecer l’animal pour récupérer ses os. Ça prend beaucoup de mois, mêmes d’années pour qu’ils soient exempts de gras. Je laisse la nature faire son travail de nettoyage. »

Voilà une quarantaine d’années que Claude Bourque réalise ce travail. Son fantasme pour les mammifères marins remonte plus loin. « Ils sont dans ma tête tout le temps ! Je suis un peu un crack des baleines, plaisante le Madelinot. Ce sont des animaux très particuliers. Ils dorment debout, en clan. Ils peuvent descendre à 3 km de profondeur pour se nourrir et passer 90 minutes sous l’eau, avant d’aller respirer à la surface. Des facultés inédites ! » Claude Bourque a côtoyé scientifiques et vétérinaires. En 2014, il a reconstitué un squelette complet – quinze mètres de long – aujourd’hui exposé au Musée de la mer des îles de la Madeleine.

Claude Bourque à l’écran

Le Madelinot était sous le feu des projecteurs, au Cinéma des familles, ce jeudi 21 août. Dans le documentaire d’une bonne heure, on retrouve le sculpteur et deux de ses amis sur leurs îles natales, en 2018. Leur mission : construire « un cul pointu ». Un bateau traditionnel des îles de la Madeleine, autrefois emprunté par les pêcheurs. « Un de nos copains nous a filmés en train de le faire. » Réalisé par Marie-Christine Lavoie et James Gray, il sera diffusé une seconde fois à la salle des fêtes, ce dimanche 24 août à 14 h.