La Marseillaise : Ça fait un mois que vous avez repris l’entraînement. Comment s’est passée la reprise ?
B.S. : On s’entraîne très fort, ça court beaucoup. On repeaufine un peu notre plan de jeu sous fatigue aussi, c’est très important. On se focalise sur de nombreux détails, comme à chaque préparation estivale. Le staff avait, en plus, décidé de ne pas partir en stage. C’est une bonne chose, car ça nous permet de profiter des alentours. On a une région qui est quand même propice à cela. On travaille dur pendant les deux-tiers de la journée, avant de profiter en allant à la plage. On allie la difficulté au plaisir.
À quel point l’effectif a évolué durant l’intersaison ?
B.S. : Le groupe n’est pas encore au complet, mais il y a des chassés-croisés, comme chaque année. On a également récupéré pas mal de jeunes issus du centre de formation qui ont beaucoup de qualités. On est encore plus en avance qu’on ne l’a été sur notre système de jeu et sur la compréhension de là où on veut aller. Il y a quelques éléments qui changent. On va essayer de faire de meilleures choses que l’année passée. Mais il y a du positif pour le moment, malgré l’intensité des entraînements.
En tant que joueur d’expérience, est-ce que vous profitez de la préparation pour encadrer certains jeunes joueurs ?
B.S. : En général, on fait cela par rapport aux postes. Personnellement, j’essaie d’être là pour Clovis (Le Bail). Je ne dis pas qu’il a besoin de moi, mais il avait quelques questions au départ sur les annonces. C’est toujours un plaisir de partager mon expérience avec les mecs qui arrivent. On a envie que tout le monde se sente bien et prenne le projet à deux mains. En plus, on a quand même des postes à responsabilités. C’est important que la cohésion s’opère rapidement. Grâce à son expérience, Clovis s’est intégré en une semaine. Et sur les jeunes, j’essaie d’aider sur l’amélioration des courses. Des détails techniques pour la plupart. J’essaie également de les pousser un maximum durant la préparation, notamment sur des choses qu’ils ne connaissent pas, afin qu’ils puissent repousser leurs limites. Tu le vois dans certains clubs, le fait de faire jouer les jeunes leur permet de maintenir le niveau d’une saison. Aux entraînements, ils n’hésitent pas à repousser les anciens.
Quels sont les jeunes joueurs qui ont le plus progressé à vos yeux ?
B.S. : Il y en a plusieurs, mais devant c’est Corentin Mézou qui a beaucoup joué. Au talon, Pierre Damon a fait la demi-finale en remplaçant. Et derrière, il y a eu Oliver Cowie. Plein de petits jeunes ont émergé, cette année, et je suis sûr qu’ils seront encore plus nombreux cette saison. On a besoin d’eux, car tu ne peux pas demander aux joueurs d’expérience de jouer tous les matches.
Avec un quart-de-finale de Champions Cup et une demi-finale de Top 14, est-ce que vous considérez la saison passée comme un exercice réussi ?
B.S. : Je dirais que c’est une saison positive, dans le sens où l’on a été constant jusqu’au mois d’avril. On a gagné notre place en play-offs très tôt. Mais la défaite sur la sirène contre Toulouse en Champions Cup nous a fait du mal. On n’a jamais su passer au-delà de cette défaite-là. On est resté un peu embourbé là-dedans. Il y a de la déception, car j’ai l’impression qu’on ne joue pas le match. On s’est fait prendre physiquement et on n’aurait pas dû essayer de prendre le jeu à notre compte. Et derrière, notre aventure en Top 14 s’arrête en demi-finale contre Bordeaux. On avait le niveau pour aller les titiller, mais pas sur ce match-là. On ne s’est pas donné l’opportunité de faire mieux. On a été moins tueurs, moins efficaces et moins créateurs quand on avait le ballon. On a fait un match de spectateurs. Ce n’est pas top pour une demi-finale, surtout qu’on faisait partie des équipes en forme sur la fin de saison. C’est un point à améliorer.
Qu’est-ce qui manquait à cette équipe pour aller plus loin ?
B.S. : De l’expérience collective, de l’expérience individuelle aussi par moments et des leaders comme Charles Ollivon qui nous ont beaucoup manqué sur la fin de saison passée. L’expérience permet d’appréhender ces moments et ces matches importants d’une autre façon. Parfois, on peut en appréhender avec la peur, alors qu’il n’y a pas de raison. Ou alors en se disant que ça peut passer. Mais non, il faut aller les chercher avec conviction et détermination. On a progressé sur ce point l’année passée, notamment quand on va chercher la victoire face à Castres. Mais j’ai la sensation que l’on pouvait faire bien mieux en demi-finale, en se procurant plus d’occasions et en tenant mieux le ballon. C’est vraiment dommage.
Comment jugez-vous votre saison d’un point de vue individuel ?
B.S. : J’ai été un peu le miroir de l’équipe, dans le sens où j’étais très bien jusqu’au mois de mai et j’ai d’un coup commencé à faire de moins bons matches. Même si je me suis repris sur les phases finales. Je suis content de ma constance, mais les cartons que j’ai écopés sur les deux rencontres contre Toulouse ont surpassé mes prestations positives sur l’ensemble de la saison. Je trouve que j’ai voulu trop en faire sur ces deux matches cruciaux. Je me suis remis en question après coup et je suis persuadé que ça vient de mon expérience individuelle. Il faut que je me prépare autrement à présent sur certains points. Ça reste une année difficile, où j’ai beaucoup joué, où il y avait beaucoup d’attentes aussi. Quand tu fais du très bon sur les trois-quarts de la saison, on s’attend à ce que tu sois performant jusqu’au bout. Je me suis mis une exigence personnelle très élevée. Même trop haute, peut-être. Et j’ai connu quelques évolutions dans ma vie personnelle qui m’ont peut-être perturbé. Mais je suis convaincu que cette saison sera meilleure.
Quel est votre objectif principal concernant à la saison à venir ?
B.S. : Gagner un titre avec Toulon est le dernier objectif de ma carrière. C’est mon seul rêve. J’ai envie de gagner quelque chose et faire plaisir à tous nos supporters. Ils sont nombreux à venir assister à nos entraînements et nos matches, on a forcément envie de leur rendre la pareille. On a un président de 87 ans qui bosse comme un fou pour vivre lui aussi un rêve qu’il attend depuis longtemps. Ça serait génial de pouvoir lui offrir ce trophée sur un plateau.
Votre contrat avec le RC Toulon prendra fin en juin 2026 et certaines rumeurs prédisent un potentiel départ. Qu’en est-il de votre avenir ?
B.S. : Je viens juste d’en discuter avec Pierre (Mignoni). Les discussions avancent petit à petit. Ça suit son cours. On sera tous honnêtes les uns envers les autres, mais je ne peux rien dire pour le moment, parce qu’on est trop loin d’une décision. On espère que ça va bien se passer.
En dehors des heures d’entraînement, vous pratiquez le padel et le golf. Qu’est-ce qui vous attire dans ces deux sports ?
B.S. : Ça fait une dizaine d’années que je fais du padel. Ça me fait du bien sur les jours de récupération, ça me fait bouger. Et toucher la raquette me permet d’avoir une autre vision. Tu joues avec des gens totalement extérieurs du rugby, ça me déconnecte du quotidien. Depuis mon opération aux deux épaules, je joue moins au golf. Quand j’étais à Bordeaux-Bègles, je jouais au moins deux fois par semaine. Le golf me déconnecte encore plus que le padel. T’es centré sur ton jeu. C’est quelque chose qui m’a aidé pour les tirs au but au rugby. J’avais commencé le golf pour cela à la base. Il y a des notions de trajectoires, d’alignements et ça t’aide pour maîtriser ta respiration. T’es plus focalisé sur ton geste. Et le rugby, c’est une somme des gestes. Ça m’a aussi beaucoup aidé sur le fait de louper une tentative et faire son possible pour se rattraper le plus rapidement possible derrière. Si tu fais un négatif au golf, tu n’as pas intérêt à te louper dans la foulée. C’est la même pression qu’au rugby.