Le statut fiscal privilégié dont bénéficiaient les étrangers fortunés établis au Royaume-Uni n’existe plus. Depuis 1799, les “non-domiciled” étaient exemptés d’impôts sur leurs revenus générés hors des frontières du pays durant quinze ans. C’est fini.
Décidée en mars 2024 par l’ancien chancelier conservateur Jeremy Hunt, la suppression du régime des “non-dom” est devenue effective le 6 avril dernier. Une réforme aggravée par Rachel Reeves, l’actuelle chancelière de l’Échiquier, qui y a ajouté un volet touchant aux droits de succession. Non seulement la période de grâce des millionnaires se trouve réduite à quatre ans, mais désormais tous les avoirs dont ils disposent à l’étranger seront soumis à l’impôt sur l’héritage au taux de 40 %, explique le Financial Times.
Résultat : “Certains sont déjà partis, d’autres sont en train de partir”, écrit Camilla Cavendish dans sa chronique. Elle estime que les droits de succession ont constitué la goutte de trop. “Les riches sont habitués à payer des impôts : en 2022-2023, les 74 000 ‘non-dom’ recensés ont payé 8,9 milliards de livres au fisc britannique. Mais quand on touche à l’œuvre de toute une vie et aux enfants, ça devient une affaire personnelle.”
Fin mars, le magnat de l’acier Lakshmi Mittal, installé au Royaume-Uni depuis trente ans, a annoncé son départ. Le milliardaire Nassef Sawiris, “l’homme le plus riche d’Égypte”, qui vivait entre Paris, New York et Londres, l’avait précédé dès l’annonce de la réforme, rapporte Bloomberg. Selon le cabinet de conseil londonien Henley & Partners, 10 800 millionnaires ont fui le pays en 2024 – soit deux fois plus que l’année précédente. Seule la Chine a réussi à en faire fuir davantage l’année dernière, souligne le magazine Fortune. Au classement des villes qui comptent le plus grand nombre de millionnaires, Londres a reculé de la cinquième à la sixième place.
Plus de 40 000 emplois en moins
Leurs motivations paraissent en réalité diverses, nuance Camilla Cavendish dans le Financial Times : “La nervosité face au déficit britannique et à la faible croissance, la crainte de nouvelles hausses d’impôts, la défaillance des services publics.” Le Brexit a sans doute été à l’origine dune “lente rupture”, mais à présent c’est la question de l’héritage qui “revient dans toutes les discussions”.
[…] Lire la suite sur Courrier international
Sur le même sujet :