Après sa Palme d’or en 2021 pour « Titane », Julia Ducournau a signé son retour en compétition à Cannes en mai dernier avec « Alpha ». Le film sorti le 20 août s’intéresse à l’histoire d’une famille confrontée à une épidémie globale et est porté par Mélissa Boros, Golshifteh Farahani et Tahar Rahim.

Dans un monde où la population est frappée par une étrange épidémie, transformant les malades en statue de marbre, Alpha (Mélissa Boros), 13 ans, est élevée seule par sa mère (Golshifteh Farahani), médecin débordée par les infectés. Le jour où l’adolescente revient avec un tatouage sur son bras, sa mère panique et, à l’école, Alpha est mise à l’écart par ses camarades, convaincus qu’elle est malade. Qui plus est, Amin (Tahar Rahim), son oncle junkie, revient s’installer chez elle et sa mère, ressuscitant des traumatismes enfouis depuis des années.

Après sa Palme d’or en 2021 pour « Titane », Julia Ducournau s’intéresse dans son troisième long métrage à l’histoire d’une famille confrontée à une épidémie globale. Situé au tournant des années 1980 et 1990, soulignant ainsi la référence au sida, « Alpha » pose un regard très sombre, baroque, sur une société ravagée par ses non-dits, un monde où les traumas se transmettent comme un virus.

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La mise en scène viscérale de la réalisatrice française, accompagnée par des classiques de Portishead ou de Nick Cave, reste toujours éblouissante de beauté cramoisie, focalisée sur les corps, rachitique comme celui de Tahar Rahim, minéraux comme ceux des malades.

Des fulgurances perdues dans un ensemble brouillon

Mais contrairement à ses précédents films, qui creusaient un même sillon narratif jusqu’à une radicalité vertigineuse, on ne peut s’empêcher de trouver cet « Alpha » terriblement éparpillé. Entre l’éveil sexuel de l’adolescente qui flirte avec un petit ami fuyant, les allers et retours entre la fillette âgée de 5 ans et celle de 13 ans, le cercle familial soulevant la question des origines berbères, la dépendance à la drogue de l’oncle, l’homosexualité d’un professeur enseignant du Edgar Allan Poe à des étudiants récalcitrants (« Tout ce que nous voyons ou croyons n’est qu’un rêve dans un rêve ») et l’épidémie globale, on a la sensation d’assister à des récits qui, au lieu de s’imbriquer, finissent par se parasiter.

Et quand le récit s’emballe dans une relecture du passé d’Alpha, de sa mère et de son oncle, jonglant maladroitement avec le réel et le fantasmagorique, on décroche franchement d’un film dont on ne garde que quelques fulgurances perdues dans un ensemble brouillon.

Note: 2/5

Rafael Wolf/olhor

« Alpha » de Julia Ducournau, avec Tahar Rahim, Golshifteh Farahani, Mélissa Boros. A voir dans les salles romandes depuis le 20 août 2025.