Reparasyon. Deux cents ans après la rançon imposée par la France à Haïti, c’est le cri d’un peuple qui est enfin arrivé aux oreilles de l’État français. À Port-au-Prince, le journal le Nouvelliste, fondé en 1898, y consacrait l’essentiel de son édition de ce jeudi. « Rançon de l’indépendance, Haïti et la France ont rendez-vous ce 17 avril 2025 », écrit l’éditorialiste du quotidien, Frantz Duval, pour qui les propos d’Emmanuel Macron, très attendus, peuvent « annoncer une nouvelle ère dans la coopération entre les deux pays ».

« Rançon de l’indépendance », c’est le nom que donnent les Haïtiens à ce qu’on désigne en France par la « dette d’Haïti », exigée via l’ordonnance royale du 17 avril 1825. Sous la menace des canons, la jeune nation a été contrainte d’indemniser les anciens colons propriétaires esclavagistes, pour un montant faramineux de 150 millions de francs or, ce qui correspond selon les travaux des historiens à 560 millions d’euros actuels.

Montant auquel il faut ajouter les emprunts que le pays a été forcé de contracter auprès des banques françaises, les intérêts, les pénalités de retard, et surtout « l’enfermement dans le sous-développement, dans une situation de dominé, pendant des dizaines d’années », pointe le politologue du Centre tricontinental Frédéric Thomas, spécialiste d’Haïti.

Les agios remboursés en 1952

La rançon ne sera remboursée qu’en 1888, les agios en 1952. Au total, selon les calculs des historiens publiés dans une enquête du New York Times, le montant du préjudice est faramineux : entre 21 et 100 milliards d’euros.

Dans son éditorial, Frantz Duval ne se fait guère d’illusions : « Personne n’estime que le président français ira jusqu’à effleurer le devoir de réparation ou l’éventualité d’une restitution des sommes extorquées », écrit-il. Mais ce qui compte, dans un premier temps, c’est « le simple fait de mettre sur la table, depuis la France, la question de la double dette, après deux siècles de silence ».

Pour Frédéric Thomas, « les excuses doivent