Des photos et des schémas d’astronomie garnissent le local attenant à la salle du télescope, à l’observatoire de la pointe du diable, sur le site de l’école IMT (Télécom Bretagne), à Plouzané. C’est ici que Rodolphe Lacroix nous reçoit pour présenter son livre « La couleur des étoiles », tout juste paru chez Cépaduès éditions.
Ingénieur en physique nucléaire, ce passionné d’astronomie donne parfois des cours sur les sites universitaires brestois, en qualité de président de l’association « Gens de la Lune ».
Des bases de physique
« Le ciel des monts d’Arrée est l’une des zones les plus obscures de France »
Toujours soucieux de partager sa passion, il a écrit cet ouvrage pour aider les personnes qui s’y intéressent à franchir le cap de l’astrophotographie, à partir d’images capturées depuis son observatoire de Brasparts qu’il a conçu lui-même et qui ressemble, de loin, à un cabanon de jardin. « Le ciel des monts d’Arrée est l’une des zones les plus obscures de France », pense-t-il.
Seul bémol : la couverture nuageuse. Il n’est pas aisé de trouver un créneau conjuguant une météo optimale et une lune absente. « Je suis donc toujours à l’affût », révèle l’astrophotographe, qui a mis en place un système automatisé pour piloter son outil à distance et à tout moment.
« Je suis donc toujours à l’affût », révèle l’astrophotographe. (Le Télégramme / Matthieu Stricot)
Capturer des photos du ciel profond n’est pas aisé et demande certains prérequis. « C’est pourquoi j’expose quelques bases de physique, accessibles aux personnes qui ne seraient pas très scientifiques dans l’âme », assure Rodolphe Lacroix, qui apporte également ses conseils pour bien choisir son matériel, qu’il s’agisse du télescope, de sa monture ou du capteur photographique.
Dans un deuxième temps, Rodolphe Lacroix s’intéresse au traitement des images. « Cela peut paraître abscons au premier abord. J’explique donc quels outils informatiques il faut utiliser pour améliorer nos images, mais je donne aussi des clés pour comprendre ce qu’il se passe derrière ».
À l’aide d’un filtre, on peut choisir de sélectionner certaines longueurs d’onde
Le troisième chapitre, le plus intéressant, met en perspective les photos dans le cadre d’une interprétation scientifique. « Le signal qu’on reçoit des étoiles, la lumière, est électromagnétique. À l’aide d’un filtre, on peut choisir de sélectionner certaines longueurs d’onde, telles que l’émission d’hydrogène ionisé, qui apparaît en rouge sur la couverture du livre. Cela peut mettre en évidence une nébuleuse cachée à travers les étoiles », explique Rodolphe Lacroix.
Supernova et extension de l’univers
Ce féru des astres nous dévoile les secrets d’une photo publiée dans le livre, faisant apparaître un rémanent de la nébuleuse Nebula, dans la constellation de Cassiopée. L’image, qui a demandé cent heures de pose sur deux étés, lui a valu une récompense. « Elle représente une énorme bulle de gaz qui se propage dans le milieu interstellaire, suite à une supernova, à savoir l’explosion d’une étoile suite à l’effondrement de son cœur qui pulvérise les couches externes de l’astre », explique l’astrophotographe, qui se réjouit également d’avoir saisi une autre photo mettant en évidence l’extension de l’univers, par un contraste de couleurs entre deux galaxies…
Une chose est sûre : ces images 100 % bretonnes nous inciteront à lever notre tête vers le ciel !