On aurait pu passer à côté et pour cause, Netflix n’a absolument pas fait la promotion de Night Always Comes avant sa sortie plus tôt dans la semaine. Pourtant, le film fait déjà pas mal parler de lui et à dépasser les vingt millions de visionnage sur la plateforme de streaming, au point où sa place dans le Top 10 du service pourrait encore grimper dans les prochains jours.
La principale raison de l’engouement ? Sans aucun doute sa tête d’affiche. Vanessa Kirby, visage bien connu du grand public pour ses rôles dans les derniers Mission Impossible et, surtout, pour incarner Sue Storm dans Les 4 Fantastiques, le dernier Marvel actuellement au cinéma. Et n’en déplaisent aux fans de Pedro Pascal (que nous sommes, au demeurant), c’est elle la vraie héroïne du film et elle devrait avoir encore un grand rôle à jouer dans le futur Avengers : Doomsday. Bref, tout ça pour dire qu’il est étonnant de voir Netflix ne pas capitaliser sur la popularité de l’actrice davantage. Surtout vu sa prestation. On va y venir.
© Netflix Quelle est l’histoire de Night Always Comes ?
Menacée d’expulsion avec sa mère irresponsable et son frère handicapé, Lynette a l’opportunité d’éviter le pire en rachetant la maison. Mais pour cela, elle doit trouver 25 000 dollars pour l’acompte avant le lendemain matin. Désespérée et fauchée, elle va passer toute une nuit à chercher des solutions, jusqu’à aller voir les personnes les moins recommandables.
© Netflix Netflix, fournisseur officiel des meilleurs rôles de Vanessa Kirby
Netflix nous a offert assez de navets avec de grosses stars uniquement là pour le chèque pour qu’on souligne également lorsque les productions de la plateforme développent des carrières. Et on ne parle pas de celle de Millie Bobby Brown, pur produit du service SVoD qui, désolé pour les fans, n’a jamais été particulièrement brillante. Non, évidemment, c’est Vanessa Kirby le sujet ici.
Bien qu’elle soit dans le milieu depuis un moment, sa première prestation remarquée et remarquable, c’était en tant que Princesse Margaret dans les deux premières saisons de The Crown. Un rôle qui lui a valu un Bafta et une nomination aux Emmy Awards. Puis, elle brilla dans le drame Pieces of a Woman, là encore production Netflix, avec notamment une nomination aux Golden Globes et aux Oscars à la clé, et une récompense à Venise.
Il n’est pas faire injure aux autres membres du casting, même si Jennifer Jason Leigh s’en tire merveilleusement, que de dire qu’elle est le socle sur lequel repose l’entièreté de Night Always Comes. Non seulement, elle y est magnifique, bouleversante, dans sa force, sa fragilité, sa rage contenue ou exprimée, mais la réalisation de Benjamin Caron (Andor, The Crown) et la photographie de Damián García (Andor) sont intégralement à son service. L’actrice prouve que si elle est capable de multiplier les genres, c’est bien dans le drame que son talent s’exprime le mieux.
© Netflix Un film jugé trop sévèrement ?
Est-ce qu’une actrice principale impliquée suffit à faire un film remarquable ? Night Always Comes prouve que non. Si on apprécie le concept de cette nuit en enfer, il faut reconnaître que le long-métrage de Caron manque d’originalité pour parvenir à nous maintenir en haleine durant quasiment deux heures. D’autant qu’on a la sensation que le scénario cherche parfois à surjouer son côté obscur en allant chercher tout ce qu’il peut trouver de plus glauque. La séquence avec Eli Roth étant le point culminant de la surenchère. Tout ça pour finir sur un final particulièrement stérile.
Une conclusion qui s’inscrit néanmoins dans l’ambition du long-métrage de pointer du doigt l’écrasement vécues par les classes moyennes aux États-Unis. Un sujet passé entre les mains de beaucoup d’auteurs pour des résultats bien plus impactant. C’est le défaut de Night Always Comes, ne compter que sur Kirby pour s’extirper de la masse. C’est trop lui demander.
Toutefois, on peut se demander si le film n’est pas jugé un peu trop sévèrement lorsque l’on regarde les avis ici et là. On a vu des œuvres louées pour des qualités bien moindres. Après tout, Night Always Comes a des longueurs, mais il est propre et maintient son propos jusqu’au bout sans faire de concessions. C’est à supposer si le film ne paie pas plutôt les attentes déçues face à un projet vendu comme un thriller, y compris dans le court extrait mis en avant sur Netflix, alors qu’il se présente davantage comme un drame social. Comme une tromperie sur la marchandise dont il ne serait pas coupable, mais jugé responsable.
Night Always Comes n’est pas à regarder lorsqu’on est fatigué ou déprimé. Du reste, c’est encore un bel exemple du talent de Vanessa Kirby au sein d’un film qui en fait souvent trop, avec l’envie de faire bien. Produit oubliable, mais pour une fois, peut-être pas si interchangeable. Ça vaut bien un coup d’oeil, quitte à lâcher en route.
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