L’enquête publique préalable à l’autorisation environnementale du contournement ouest de Montpellier (COM) a débuté le 28 juillet et se terminera le 29 août. L’analyse des nombreuses contributions fait apparaître deux visions clairement opposées de ce chantier.
Près de 2000 contributions sur le registre dématérialisé mis en place. Lancée au cœur de l’été le 28 juillet pour cinq semaines jusqu’au 29 août, l’enquête publique préalable à l’autorisation environnementale du contournement ouest de Montpellier (COM) confirme, s’il en était besoin, l’important intérêt citoyen porté à ce projet d’envergure.
Quels impacts du projet ?
Ainsi que son caractère particulièrement clivant entre les partisans soucieux de voir ce dossier aboutir « avec environ 40 ans de retard » et les opposants à « ce projet d’un autre siècle ». Pour rappel, le COM prévoit de relier l’A709 à l’A75 sur une portion d’un peu plus de six kilomètres et demi entre Saint-Jean-de-Védas et Juvignac. Une infrastructure de quelle taille et avec quels impacts ? C’est tout l’enjeu de cette enquête publique, la dernière étape administrative avant la mise en œuvre des travaux (lire ci-contre).
À l’analyse des nombreux avis détaillés, anonymes ou pas, adressés à la commission d’enquête, une fracture nette semble s’opérer entre les personnes et structures inquiètes des conséquences de ce chantier sur l’environnement, le climat et celles désireuses de voir les trafics routiers observés sur cette portion se fluidifier.
Forte implication des acteurs économiques
Le monde économique, au sens large, appartient à cette seconde catégorie. Le président du Médef de l’Hérault, Jean-Marc Oluski, celui de la CGPME, Grégory Blanvillain, mais aussi de nombreux représentants des secteurs du bâtiment et des travaux publics ont émis des « avis favorables » à la réalisation du COM. « Beaucoup de salariés qui travaillent dans la Métropole et plus particulièrement au sud ou sont situés les zones d’entreprises sont logés au nord de Montpellier. Leur temps de trajet est parfois supérieur à une heure pour se rendre sur leur lieu de travail » observe ainsi Jean-Marc Oluski.
À côté de la CCI du Tarn (!) qui s’est également exprimée, le même propos positif est relayé par le président du Cercle Mozart, Jean-Marc Maillot. « Le COM à l’ouest et le LIEN au nord participent d’un maillage routier pertinent et viennent réparer un manque criant de structures périurbaines. C’est la tardiveté de leur mise en œuvre que l’on peut déplorer, pas leur incontestable utilité » écrit l’avocat dans sa contribution.
Les élus apportent leurs voix
Parallèlement aux milieux économiques, une partie du monde politique apporte également son soutien au COM tel qu’il est présenté dans l’enquête publique. C’est le cas des sénateurs Jean-Pierre Grand, Hussein Bourgi et Christian Bilhac. Et de plusieurs maires de la Métropole. « Montpellier ne peut pas rester plus longtemps la seule métropole qui ne soit pas dotée de voies périphériques dédiées au trafic de transit » relève William Ars (Cournonterral).
Son homologue de Juvignac, Jean-Luc Savy insistent sur les « 29 000 véhicules qui transitent en provenance du cœur d’Hérault » sur sa commune chaque jour. Jean-François Audrin (Saint-Georges d’Orques), Laurent Jaoul (Saint-Brès) ou Jacques Martinier (Fabrègues) partagent le même avis sur la nécessité de faire avancer le COM. Ces écots s’ajoutent à ceux d’usagers réguliers de la bretelle actuelle, d’abord lassés des embouteillages quasi-permanents subis entre les deux autoroutes. « Le contournement ouest va changer ma vie, professionnelle et personnelle » scande un vétérinaire.
Un arrêté dans les 30 jours après la clôture
L’enquête publique préalable à l’autorisation environnementale se poursuit jusqu’au vendredi 29 août à 17 h. Outre le registre dématérialisé, le dossier et des registres d’observations sont à disposition du public dans les mairies des trois communes concernées, Montpellier, Saint-Jean-de-Védas et Juvignac.
Après sa clôture, la commission d’enquête, composée de trois membres, dispose d’un délai de 30 jours pour rendre son rapport et ses conclusions au préfet François-Xavier Lauch. Il reviendra ensuite à ce dernier de prendre un arrêté délivrant l’autorisation environnementale demandée par ASF ou, à l’inverse d’en prononcer le rejet.
Le registre dématérialisé est accessible à l’adresse suivante : https://www.democratie-active.fr/contournement-ouest-montpellier/
Le site indique également les jours et heures de permanences des trois membres de la commission d’enquête.
Vives critiques environnementales
Une affirmation vivement contestée par les contempteurs du projet actuel. « Les analysées prospectives présentées ne prennent pas en compte le phénomène bien documenté du trafic induit » développe un médecin et habitant très sceptique sur les calculs présentés dans le dossier d’enquête. « Le gigantisme du projet nous fait sincèrement douter du véritable objectif du COM. Est que ce projet d’autoroute urbaine provoquant un trafic induit massif n’entre pas en contradiction avec l’objectif principal ? », à savoir la fluidification du trafic, interroge Sabine Partel, au nom de l’association des riverains du contournement. « Ceux qui espèrent une réduction de leur temps de trajet seront déçus, comme cela a été le cas lors du dédoublement de l’A9 » renchérit Céline Scornavacca, porte-parole du collectif Autre-COM, à l’origine des recours en justice.
Le préfet devant les élus de la Métropole le 15 septembre
Invité à venir s’expliquer publiquement sur le projet d’autoroute urbaine par les élus de la Métropole de Montpellier, le 16 juillet dernier, lors de la dernière assemblée plénière, François Xavier Lauch a « accepté cette invitation dont nous avions parlé de longue date avec le maire Michaël Delafosse. Il est naturel de venir présenter ce projet essentiel dans un calendrier qui a toujours été transparent. Rendez-vous est pris le 15 septembre ». C’est par ce message posté sur X le 18 juillet dernier, que le représentant de l’Etat, fervent défenseur du projet porté par Vinci, a exprimé son accord.
Dire « on s’est trompé »
La Fédération France nature environnement d’Occitanie pointe plus précisément une évaluation « confuse » des émissions des gaz à effets de serre, engendrés par l’augmentation du trafic. FNE reproche aussi au dossier, comme de nombreux autres contributeurs « défavorables », le manque de connexions avec les réseaux actuels de transports en commun, la compatibilité du projet avec les modes de déplacements doux, vélo et marche. « C’est clairement un projet d’un autre siècle […]. Il faut avoir la lucidité et le courage politique de dire : on s’est trompé. Un contournement est nécessaire mais pas celui-là » relaie une architecte en développement durable déplorant l’artificialisation des sols et la disparition de 77 hectares d’espaces naturels et de terres agricoles.
Des conséquences environnementales en totale contradiction, estiment d’autres contributeurs, avec les exigences de lutte contre le réchauffement climatique et de diminution des émissions de gaz à effet de serre. « Dans le domaine des grands projets d’infrastructure, l’équilibre entre développement et protection de l’environnement est une ligne fine à tenir. Le cas du contournement ouest de Montpellier illustre parfaitement cette complexité » commente l’un d’eux.
L’enquête se termine le vendredi 29 août prochain à 17 h.