La dernière séance de la semaine a été principalement marquée par les Banques centrales. Si la BCE abaisse ses taux directeurs, les propos de Jerome Powell, patron de la Fed, n’ont pas rassuré les marchés financiers. Les Bourses européennes clôturent donc dans le rouge.

La tendance du marché

Ce jeudi, la Bourse de Paris n’a pas connu une folle remontée dans la dernière heure comme la veille. Le CAC 40 a passé l’entièreté de la séance en territoire négatif, à l’exception d’un éphémère passage au-dessus de l’équilibre. Les places boursières européennes ont ouvert avec hésitation après les propos ce mercredi de Jerome Powell, patron de la Réserve fédérale américaine (Fed).

Les tensions commerciales et les résultats d’entreprises, à l’image de la baisse d’Hermès, ont progressivement fait glisser l’indice français. Toutefois, la séance a été marquée par la volatilité habituelle d’une journée des «trois sorcières»  (expiration d’options et de contrats à terme). Cet évènement, généralement programmé le vendredi, a été avancé avec la fermeture des Bourses demain.

Si le Nasdaq et le S&P 500 ont tenté une ouverture dans le vert, le Nasdaq a rejoint le Dow Jones dans le rouge à la clôture des Bourses européennes. Dans cette semaine raccourcie, le CAC 40 parvient tout de même à engranger un gain hebdomadaire de 2,56%.

Du côté des indices en France et dans le monde

CAC 40 – 0,60% 7 286,27 points SBF 120 – 0,53% 5 535,60 points DAX – 0,49% 21 198,48 points FTSE 100 0,00% 8 275,60 points Nikkei + 1,35% 34 377,60 points Dow Jones* – 1,19% 39 198,63 points Nasdaq* – 0,12% 16 288,03 points *indice arrêté à la clôture des bourses européennes

Le fait du jour

Dans un environnement dominé par les frasques de Donald Trump, les banques centrales étaient sur le devant de la scène ce jeudi. La Banque centrale européenne (BCE) a décidé d’abaisser son taux directeur de 25 points de base à 2,25%. L’institution européenne révise ses taux à la baisse pour la sixième fois de suite et la septième fois depuis juin 2024. Dans son communiqué, la BCE évoque un «processus de désinflation est en bonne voie» appuyant sur l’inflation des services qui «s’est aussi nettement atténuée ces derniers mois». Les observateurs ont noté le retrait de l’expression «politique monétaire restrictive», Christine Lagarde, présidente de la BCE, a indiqué que «les taux neutres ne fonctionnent que dans un monde sans choc».

L’ancienne patronne du FMI s’est notamment exprimée sur les impacts de l’offensive douanière de Donald Trump. La BCE a rappelé que l’économie européenne a développé «une certaine résilience face aux chocs mondiaux», mais les prévisions de croissance «se sont détériorées du fait de l’intensification des tensions commerciales». Christine Lagarde a ajouté que les «opinions divergent» sur les effets des surtaxes et qu’ils deviendront «plus clair au fil du temps». Ces déclarations poussent les analystes à prévoir des baisses jusqu’à 1,5%, peut-être même «d’ici la fin de l’année» pour Mirabaud, mais le rythme des réductions pourrait également ralentir si les conditions se resserrent.

De son côté, Jerome Powell, patron de la Réserve fédérale américaine (Fed), s’est exprimé sur la politique commerciale de Donald Trump. Il a affirmé que «les droits de douane vont très certainement entraîner au moins une hausse temporaire de l’inflation», sans écarter l’hypothèse que les effets soient plus durables. Le chef des gouverneurs a notamment rappelé que ces tensions plaçaient la Fed dans une situation «compliquée dans laquelle nos deux objectifs (une inflation à 2% et un faible chômage) sont en tension», confie-t-il. Une allusion pour confirmer que la Fed privilégierait l’inflation, c’est-à-dire le maintien des taux, plutôt que de nouvelles baisses pour relancer l’emploi. Des déclarations qui n’ont pas été bien reçues par Donald Trump qui juge Jerome Powell comme «trop lent», souhaitant que son mandat «se termine».

Les valeurs en vue

Le Top

Pluxee  s’est envolé en tête du SBF 120 lors de cette séance avec un net gain de 18,11%, à 21,98 euros. Le spécialiste des titres prépayés profite des résultats du premier semestre de son exercice décalé 2024/2025. En effet, le groupe français enregistre un Ebitda récurrent de 225 millions d’euros (+ 22,5%) sur les six premiers mois de son exercice. Le titre grimpe donc en Bourse grâce à la révision à la hausse de ses prévisions d’Ebitda.

En effet, Pluxee prévoit désormais une croissance de sa marge d’Ebitda de 150 points de base, soit le double de son précédent objectif. L’ancienne filiale de Sodexo confirme également les «autres objectifs annuels du Groupe, reflétant la solide performance financière délivrée au premier semestre de l’exercice 2025», indique le communiqué.

L’entreprise réalise également un chiffre d’affaires de 635 millions d’euros, soit une croissance de 10,8%. Malgré «un contexte macroéconomique incertain et volatil que nous suivons avec attention», le groupe se satisfait de «la résilience de notre modèle économique», d’après Aurélien Sonet, directeur général de Pluxee.

Le Flop

Au coude à coude avec LVMH (+ 0,08%) pour la place de première capitalisation boursière française, Hermès  a perdu un peu de terrain ce jeudi après ses résultats du premier trimestre. Le titre du sellier français enregistre la plus forte baisse du CAC 40 lors de cette séance avec un recul de 3,22%, à 2 287 euros. Le groupe de luxe a pourtant vu ses revenus progresser de 7,2% à taux de change constants (4,13 milliards d’euros) alors que ceux du numéro un mondial du luxe ont reculé de 3% en données comparables.

Pourtant, les analystes tablaient sur des attentes comprises entre 8% et 10%, ce qui explique le repli boursier d’Hermès. Toutefois, sur les trois premiers mois de 2025, tous les secteurs d’activité sont en hausse, à l’exception de l’Horlogerie (- 10%) et les Parfums et Beauté (- 0,5%). À l’inverse, la division Maroquinerie Sellerie ainsi que les vêtements et accessoires grimpent respectivement de 10% et 7,2%.

À l’exception d’une légère hausse en Asie hors Japon (+ 1%), toutes les zones géographiques poursuivent leurs fortes dynamiques comme la France (+ 14%) ou les États-Unis (+ 11%). Dans ce contexte incertain avec les surtaxes douanières, Hermès a annoncé qu’elle va «compenser intégralement» les 10% de droits de douane «dès le 1er mai et sur l’ensemble des métiers» aux États-Unis.

La citation du jour

« Ces négociations sont vitales pour beaucoup d’entreprises en France, et malheureusement, j’ai l’impression que nos amis britanniques sont plus concrets dans l’avancée des négociations. »

Lors de l’assemblée générale des actionnaires de LVMH, Bernard Arnault, président-directeur général du groupe, s’est exprimé sur les négociations entre l’Union européenne et les États-Unis. Le patron du numéro un mondial du luxe s’est montré très dur envers l’institution européenne : «Il faudrait que les États européens réussissent à essayer de maîtriser cette négociation et ne pas la laisser à des bureaucrates.» Il a également appelé à une «zone de libre-échange» entre les États-Unis et le Vieux continent tout en menaçant d’augmenter ses productions américaines en cas d’échec des négociations : «Il ne faudra pas dire que c’est de la faute des entreprises. Ce sera la faute de Bruxelles si cela devait arriver», a-t-il averti.

L’agenda du mardi 22 avril

La grande majorité des Bourses mondiales seront fermées ce vendredi à l’occasion du Vendredi Saint. Si Wall Street ouvre ce lundi, les Bourses européennes prolongeront leurs congés du week-end de Pâques. Les marchés financiers reprendront donc tranquillement leurs affaires ce mardi. Si les taxes douanières devraient encore rythmer l’actualité boursière, l’actualisation de l’état de l’économie mondiale par le FMI est attendue. Aux États-Unis, l’audience antitrust contre Google est prévue ce mardi pour un éventuel démantèlement du géant californien. Les investisseurs seront également attentifs à la publication trimestrielle de Tesla. Le constructeur automobile est dans la tourmente depuis l’entrée d’Elon Musk dans le gouvernement américain.