Avengers : Doomsday sortira dans les salles dans un futur proche, mais ses méthodes de tournage, elles, sont bien restées coincées dans le passé, comme le raconte Alan Cumming (Diablo dans les films X-Men).

Ça fait des années, pour ne pas dire des décennies, que la plupart des blockbusters hollywoodiens sont très largement tournés sur fond vert ou bleu. Si, au début du numérique, les décors entièrement digitaux étaient limités et que les making-of de films montraient comme une curiosité ces étranges moments où les acteurs jouent avec le vide sur un plateau, la pratique a tôt fait d’envahir l’industrie du cinéma et de la télévision.

Sur les plateaux des films Marvel, croiser un véritable accessoire de jeu a de quoi créer l’événement, depuis que même bon nombre de costumes sont refaits numériquement en post-production. Avec le rendu catastrophique des effets spéciaux de films comme Ant-Man 3, Thor 4, The Marvels et autres joyeusetés de ce genre (les équipes de post-production travaillant dans des conditions toujours plus invivables), on pourrait croire que le studio calmerait le jeu sur ces méthodes.

Mais ça n’a pas du tout été le cas sur le tournage d’Avengers : Doomsday, selon cet acteur, et c’est mauvais signe.

Ant-Man et la Guêpe : Quantumania : photo, Corey StollIl y a des choses qu’on ne peut pas pardonnerDes Avengers (littéralement) en carton

Rappel du contexte. En 2019, Brie Larson, interprète de Captain Marvel, avait déjà raconté les conditions de tournage de sa scène post-générique à la fin de son film solo. On l’y voyait juste une seconde, le temps qu’elle pose la question “Où est Fury ?” au Captain America de Chris Evans, à la Black Widow de Scarlett Johansson, au War Machine de Don Cheadle et au Bruce Banner de Marc Ruffalo.

L’actrice avait raconté, sur le plateau de Jimmy Fallon, qu’elle avait dû tourner cette séquence non seulement sur fond vert, mais aussi en l’absence totale de ses collègues. Et dans un souci de garder l’intrigue totalement secrète, les acteurs en révélant parfois trop au goût des studios lors d’interviews ou sur leurs réseaux, Brie Larson ne savait même pas quel était le contexte de la scène ni même à qui elle était censée faire semblant de donner la réplique. Une expérience qui, sur le moment, devait sembler bien vide de sens, si ce n’est abrutissante. Et qui ne doit sûrement pas aider à livrer la meilleure performance possible, fût-ce pour une seule réplique.

Captain Marvel : photo, Brie LarsonOù est Fury ? Où sont les acteurs ? Où est le décor ?

Patrick Stewart, célèbre interprète du professeur Charles Xavier, avait vécu une expérience similaire sur le tournage de Doctor Strange 2. Il avait tourné son caméo seul face à la caméra dans un studio tapissé de fond vert. L’acteur était bien loin, lui aussi, d’avoir apprécié cette expérience « frustrante et décevante« .

Et si, après avoir atteint ces extrêmes déshumanisants aux résultats presque toujours catastrophiques à l’écran, Marvel virait de bord pour revenir vers un tout petit peu plus d’effets de plateau ?

Doctor Strange in the Multiverse of Madness : photo, Patrick StewartQuand la chaise de bureau est trop basseDU X-MEN DANS AVENGERS DOOMSDAY

Eh bien, apparemment, c’est pas demain la veille. Alan Cumming, interprète de Diablo dans X-Men 2 et dans le futur Avengers : Doomsday, l’a confirmé. Si l’acteur a expliqué être ravi d’avoir pu revenir dans l’univers sous les traits de Diablo, il a aussi détaillé, lors d’une interview sur la chaîne YouTube de GoldDerby, comment le tournage de ses séquences s’était passé. Et ça fait tout de suite moins rêver :

“J’ai fait tout le film en isolement. Avec plein de fonds verts et de doublures dont les visages seront remplacés numériquement. Ils ont même donné de faux noms aux personnages, si bien que la moitié du temps, je ne savais même pas à qui je donnais la réplique.”

Alan Cumming en Diablo dans X-Men 2

Si ce n’était pas si triste, ce serait drôle. Il faut croire que, désormais, les acteurs d’un Marvel n’ont même plus le droit de tourner leurs scènes ensemble de peur qu’ils en devinent trop sur l’histoire (dont ils sont tout de même censés être les personnages), quitte à les empêcher de faire correctement leur travail, et même quitte à les remplacer par des doublures sur lesquelles les “vrais” visages seront ensuite incrustés. Sauf s’il s’agit simplement de gérer les emplois du temps d’une équipe énorme, avec beaucoup d’acteurs et actrices occupés ailleurs.

Le culte des caméos, des scènes post-générique, du fan service et des effets de manche passe encore et toujours devant le simple principe de tournage, chez Marvel. Et pour le genre de résultat qu’on connaît. C’est pas bientôt fini, ce cirque ? Toujours est-il qu’Avengers : Doomsday, avec ses fonds aussi verts que son logo, sera à découvrir en salles le 16 décembre 2026