Par

Gaelle Kabongo

Publié le

22 août 2025 à 12h15

Des méthodes qui ne permettent pas d’apaiser les tensions autour du burkini. Voilà ce que dénonce le groupe de gauche du Conseil régional d’Île-de-France dans une lettre adressée à la Défenseure des droits, Claire Hédon, le 14 août 2025. Les élus franciliens déplorent les méthodes utilisées par les maîtres nageurs de l’île de loisirs de Jablines-Annet (Seine-et-Marne) pour faire respecter l’interdiction du burkini.

Des usagères rappelées à l’ordre par haut-parleurs

Cet envoi fait suite aux révélations de la presse sur des événements survenus les 10 et 15 août derniers. Dans des articles publiés par Libération et le Parisien, des usagères de l’île de loisirs ont été sommées de sortir de l’eau car leur vêtement de baignade était interdit par voie… de haut-parleurs. « Les faits décrits démontrent, de mon point de vue, une mise en œuvre zélée et inappropriée des dispositions réglementaires », écrit Céline Malaisé, conseillère régionale d’Île-de-France et présidente du groupe La Gauche communiste, écologiste et citoyenne. Mais ce n’est pas seulement des comportements zélés qui sont dénoncés mais aussi un traitement différencié entre les usagers. « Cet usage peut être fait à mauvais escient avec des annonces sonores zélées parfois moqueuses voire stigmatisantes à l’encontre d’un individu comme de l’ensemble des usagers. Le respect de l’interdiction du burkini et du règlement intérieur de l’île de loisirs ne doivent pas être propices à des situations stigmatisantes », expliquent les élus de la Gauche communiste, écologiste et citoyenne.

Une réglementation claire

Les élus de la Région ont donc adressé un courrier à la Défenseure des droits, Claire Hédon, le 14 août dernier. Le groupe demande à l’institution de trancher sur la méthode et d’adresser des préconisations aux agents de l’île de loisirs face à ces situations. « On conteste la méthode, on ne revient pas sur l’interdiction du burkini au vu du climat islamophobe et de la puissance de l »extrême droite, c’est peine perdue. Mais si on laisse faire les îles de loisirs, après ce sera quoi, des drones avec des haut-parleurs ? On trouve ça stigmatisant et anxiogène », explique un membre du groupe. Les élus estiment aussi que ces préconisations permettront d’éviter les tensions et de protéger les agents de l’île de loisirs de comportements violents d’usagers.

Un usage exceptionnel des haut-parleurs, selon la direction de l’île de loisirs

Du côté de la direction de l’île de loisirs, on admet l’utilisation de cette méthode mais elle assure qu’elle est utilisée de façon ponctuelle. « Quand un maître nageur intervient à plusieurs reprises et que cette personne recommence à un moment donné on ne sait plus comment réagir. Comment fait-on alors ? », justifie Cyril Marchadour, directeur de l’île de loisirs de Jablines-Annet. Quant à la saisine de la Défenseure des droits émis par la gauche, la direction de l’île de loisirs se range derrière la loi. « La Défenseure des droits a déjà été saisi par une association et ça n’a pas abouti. Notre règlement ne s’appuie pas sur un aspect religieux mais sur des questions d’hygiène et de sécurité », explique le directeur de l’établissement.

La Région réaffirme son interdiction du burkini

Informé de la saisine émise par le groupe de gauche du Conseil régional d’Île-de-France à la Défenseure des droits, l’exécutif n’a pas souhaité commenter cette action ni les méthodes employées par les maîtres nageurs pour faire respecter la loi. Il a simplement réaffirmé l’interdiction de la baignade en burkini et des vêtements habillés mise en application depuis 2021 en invoquant des questions d’hygiène. « Des troubles avaient été constatés entre baigneurs, certains menaçant de se baigner sans maillot si d’autres se baignaient en burkini. Nous avons exigé que la tenue de piscine : maillot une pièce ou deux pièces – soit la seule autorisée. » Hormis l’hygiène, la Région se range derrière leur interprétation de la laïcité. « Le règlement des îles de loisirs n’a pas à s’adapter pour tenir compte de prescriptions religieuses, quelle qu’elle soit. La région est un service public et régi par une charte de la laïcité. »

Polémique sur le port du burkini

Ce n’est pas la première fois que la Défenseure des droits se penche sur le port du burkini dans l’île de loisirs de Jablines-Annet. En décembre 2020, une polémique éclate après la saisine de l’institution par trois jeunes femmes. La Défenseure des droits avait demandé à la direction de l’île de loisirs des informations complémentaires pour justifier l’interdiction. Plus tard, la définition de l’interdiction a été élargie à « baignade habillée » pour ne pas cibler une religion en particulier.

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