« Vous trouvez ça normal de devoir monter seize étages avec des problèmes de santé? » « C’est toujours pareil, tout le monde s’en fiche! » Au pied du bâtiment numéro 78, dans le quartier de la Beaucaire, les locataires rassemblés sont en colère. Depuis plusieurs mois déjà, ces riverains se battent pour faire entendre leur voix face à ces pannes d’ascenseurs à répétition.
Sur les cinq tours de 18 étages que compte la cité, aucune n’a ses deux ascenseurs en état de marche. Même les monte-charges, obligatoires pour les personnes à mobilité réduite, ne fonctionnent pas la majorité du temps. « J’ai trois enfants en bas âge et j’habite au 17e étage. Vous imaginez comme il est difficile de devoir monter les poussettes lorsque je suis seule, et par ces fortes chaleurs… », déplore une résidente de la tour 78. Elle ajoute qu’elle ne peut plus faire de « grosses courses », incapable de monter les sacs jusqu’à son appartement. Elle est donc contrainte d’aller au supermarché tous les jours ou presque. Un impact économique non négligeable pour cette mère célibataire.
Piqûre dans l’escalier et solidarité entre voisins
Si pour certains riverains, ces pannes sont pénibles, pour d’autres, elles sont même devenues dangereuses. Lola (1) souffre d’une maladie chronique, et doit recevoir les soins quotidiens d’une infirmière. « La dernière fois, elle n’a pas pu monter les 16 étages jusque chez moi, et elle m’a donc administré ma piqûre dans la cage d’escalier, au 11e. Vous vous rendez compte du danger sanitaire que cela représente? C’est invivable », s’indigne la jeune femme.
Milouda est en fauteuil roulant depuis plusieurs années. Retraitée, elle aime discuter avec ses copines au pied de son bâtiment. Le mois dernier, alors qu’elle descendait pour sa sortie quotidienne, l’ascenseur est tombé en panne. Incapable de remonter seule chez elle, elle a dû faire appel à des enfants du quartier pour qu’ils portent son fauteuil jusqu’à son appartement, dont elle ne peut plus sortir depuis. « Même quand les ascenseurs fonctionnent, on a peur de rester bloqué à l’intérieur », témoigne Sarah, présidente de d’une association de locataires.
Des réparations qui ne tiennent pas
« Le problème c’est que leurs réparations c’est du bricolage. Il faudrait changer tout le système des ascenseurs », souligne Youssef, locataire du bâtiment 80. Les habitants déplorent la communication avec Toulon habitat Méditerranée (THM). « On paye des charges pour que les ascenseurs fonctionnent et avoir un service de dépannage 24h/24, mais après 18h plus personne ne répond », s’insurgent-ils. Baladés de service en service, les habitants sont démunis et espèrent retrouver un quotidien normal avant la rentrée des classes.
1. Le prénom a été modifié
Un problème de vandalisme?
invité à répondre, l’office HLM Toulon-Habitat-Méditerranée (THM) pointe du doigt des actes de malveillance. Selon leurs rapports, plus de 95% des pannes sont liées à des actes de vandalisme.
L’Association varoise d’action des locataires (Aval) a d’ailleurs rappelé aux riverains qu’ils comptaient sur leur civisme et leur respect, dans une note datée du 21 août. « On ne veut incriminer personne, mais les chiffres parlent d’eux-mêmes », déclare Mohamed Mahali, président de THM.
Sa priorité aujourd’hui est donc de sécuriser les tours du quartier, afin de limiter les dégradations. « On est en train de revoir tous les accès aux tours pour essayer de sécuriser les entrées des immeubles », explique le président. Le bailleur espère un diagnostic complet d’ici début 2026, pour assurer au mieux la sécurité des habitants du quartier.