Elle peut atteindre jusqu’à deux mètres de long. Une liche a été confondue avec un requin dans les Calanques de Marseille, à Sormiou. Quelques baigneurs se sont fait une frayeur.

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Dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, on voit un gros poisson onduler dans une eau claire, un petit poisson coincé entre les mâchoires. Le gros poisson s’approche ensuite des baigneurs, près de la plage. Ils tentent de fuir, visiblement apeurés. Dans certaines versions de la vidéo, des cris depuis les rochers mettent en garde « Attention ! Un requin ! Sortez de l’eau« 

La vidéo a été tournée le jeudi 21 août 2025, dans la Calanque de Sormiou, à Marseille, confirme Hervé Menchon, adjoint au maire de Marseille en charge de la mer. « Ce n’est pas un requin, mais une liche (Licha amia), poisson osseux de grande taille commun sur nos côtes », écrit-il sur X et Facebook. « Quand vous voyez un poisson de deux mètres de long avec un aileron, vous avez le droit d’avoir peur », indique-t-il par téléphone. Difficile d’évaluer la taille de la liche de Sormiou, mais les poissons de son espèce peuvent mesurer jusqu’à deux mètres de long. L’élu rappelle que sur nos côtes, des requins bleus sont parfois aperçus, mais « ils sont inoffensifs, ils ne mangent pas l’humain. » « La chance de rencontrer un requin blanc est proche de 0 », insiste-t-il. Il enjoint les baigneurs, en cas de doute, à « ne jamais céder à la panique, rester groupés en cas d’alerte, remonter vers le sable et ne pas rester dans la trajectoire de l’animal ».

Il n’a fallu qu’un coup d’œil à Thierry Thibaut, professeur en écologie marine à l’Institut Méditerranéen d’Océanologie pour certifier que le poisson filmé près de nos côtes était bien une liche. « De loin, on peut croire à un petit requin. Mais de près, cela ressemble plus à un thon. » La queue, l’aileron dorsal qui sort peu de l’eau, la nageoire pectorale et la façon de se déplacer permettent à l’expert de confirmer que cette liche n’a rien d’un requin.

Une liche-amie (Licha amia) observée en Méditerranée. Sa nageoire dorsale, vue de la surface, peu rappeler celle d'un requin.

Une liche-amie (Licha amia) observée en Méditerranée. Sa nageoire dorsale, vue de la surface, peu rappeler celle d’un requin.

© Stefano Guerrieri

« La confusion entre liche et requin est plus courante qu’on ne le pense », assure Nicolas Ziani, ichtyologue, référent scientifique du Groupe phocéen d’études des requins. En septembre 2022, lui et son équipe avaient été appelés à Saint-Aygulf, à Fréjus, dans le Var, car des personnes s’étaient inquiétées de la présence d’un aileron dans l’eau. Il s’agissait en fait de trois liches venues déguster des petits poissons près des côtes. « La liche a l’avant du corps large, puis ça se rétrécit. Elle peut faire des pointes à 80km/heures, cela fait partie des poissons les plus rapides de Méditerranée. Ses dents sont faites pour manger des poissons (maquereaux, sardines, anchois…), pas pour mordre. C’est un poisson qui peut être très curieux, on le voit sur la vidéo quand il s’approche des baigneurs. »

durée de la vidéo : 00h00mn47s

Voir la video (47 secondes). 
47 sec

En 2022, trois liches observées à Fréjus avaient été confondues avec des requins, du fait de leur aileron, visible dans cette vidéo.

©Groupe Phocéen d’étude des requins

Selon le scientifique, il n’y a aucun risque d’attaque de requin au nord-ouest de la Méditerranée. « La présence du grand requin blanc est extrêmement rare, encore plus en zone de plage. Et encore, le requin peut s’approcher quand il n’y a plus personne à l’eau. Les dernières attaques référencées datent du Moyen Âge, autour de 1600. À cette époque, les eaux étaient sauvages. » Aujourd’hui, les signalements de requins sur nos plages, concernent parfois les requins bleus, mais aussi, souvent, des poissons qui sont confondus avec lui, du fait de leur nageoire dorsale : liche, sériole, poisson lune.

On l’aura compris, pour nous, il n’y a aucune raison d’avoir peur. Mais qu’en est-il de la liche ? Est-elle dérangée par notre présence sur ses zones de pêche ? « Il ne faut pas les toucher pour ne pas les déranger, mais on ne la voit pas effrayée, elle est habituée à la présence des humains ». Le poisson fréquente aussi les ports avec assiduité.

Afin de mieux connaître ces espèces, le Groupe Phocéen d’étude des requins demande aux observateurs de partager leurs images sur son site internet. Pour apaiser les peurs des nageurs comme des requins le long de nos côtes.