Selon un arrêté municipal valable jusqu’au 15 septembre 2025, la vente d’alcool à emporter est interdite à partir de 22 heures dans tout le Vieux-Nice. En cas de manquement répété et/ou continu, une amende de 500 euros peut être infligée aux contrevenants.

À la veille du week-end, nous avons arpenté toutes les supérettes supposées respecter la règle. Sur neuf commerces visités, sept ventes ont été conclues après l’heure limite. Partout, la même constante: tolérance, arrangements et clins d’œil complices. Les épiceries de nuit, elles, doivent fermer au plus tard à 23 heures. Sur le terrain, la réalité s’avère bien différente.

« Dépêchez-vous, ça ferme »

22h05: le Monoprix flambant neuf baisse ses grilles avec un léger retard. Le vigile, souriant, nous lance: « Dépêchez-vous, ça ferme. » À l’intérieur, rien d’inhabituel: des clients chargent des bières, du vin, parfois du champagne. À la caisse, aucune remarque. Le ticket sort, chacun repart sans un mot sur l’interdiction.

Cinq minutes plus tard, chez Spar, l’ambiance change. Les prix refroidissent: cinq euros la bière de 33cl. Les alcools forts, bien visibles derrière le comptoir, s’écoulent pourtant sans contrôle. Pas de vérification d’âge, pas de questions.

Chez Vival, tout autre décor. Le gérant de l’épicerie, mâchant son chewing-gum, annonce d’entrée: « L’alcool, c’est fini. » Les touristes, frustrés, reprennent leur route à la recherche d’un commerce plus accommodant.

« Pas d’alcool après 22 heures »

Un peu plus loin, à l’épicerie du Vieux-Nice, le vigile applique la règle sans détour: « Pas d’alcool après 22 heures. » Des clients repartent dépités. Mais au moment de partir, il souffle un conseil: « Près du kebab dans le Vieux, vous trouverez. »

Face au Six, rue Raoul-Bosio, deux vendeurs chuchotent. Officiellement, plus d’alcool depuis 22 heures. Officieusement, aucun souci jusqu’à minuit. Carte ou espèces, tout est accepté. Le ton se veut chaleureux, presque amical, comme si chacun jouait à un jeu connu d’avance.

À l’alimentation générale de la rue du Marché, la scène est plus discrète. Lumière jaunâtre, un client fait glisser une bouteille dans un sac. Cinq euros minimum par carte: impossible d’espérer repartir avec une seule bière. Les habitués sourient, ils connaissent les codes. L’alcool circule librement jusqu’à minuit, parfois plus, si le patron s’attarde.

Dix mètres plus loin, face au bar à chicha, le videur de La Provençale se montre plus discret. Vente possible jusqu’à 23 heures, toujours dans un sachet pour éviter les regards. Le lieu est bondé, certains ressortent avec des gobelets en plastique, prêts à boire dans la rue.

Rue Mascoinat, le vendeur de la supérette est assis à une table. Devant lui, une bouteille de rosé ouverte avec des collègues. Nous attendons cinq minutes, presque gênés de le déranger, avant de poser la question. Sourire immédiat: « Pas de souci. » Rendez-vous fixé à minuit, après s’être assuré que nous avions bien dix-huit ans.

« Cachez la bouteille dans une poche avant de sortir »

Dernier arrêt à l’épicerie Centrale. Une boutique demeure ouverte jusqu’à 0h30, carte bancaire acceptée. Après deux heures, rideau baissé mais porte encore entrouverte: paiement en espèces obligatoire, dix euros minimum. Avant de nous laisser partir, le gérant prévient: « Cachez la bouteille dans une poche avant de sortir. »

« Il peut y avoir un léger décalage sur l’horaire »

Malgré plusieurs sollicitations de l’ensemble des établissements visités, seul Monoprix a souhaité répondre à nos questions: « En cas d’affluence, il peut y avoir un léger décalage sur l’horaire de fermeture, qui explique l’encaissement de quelques minutes passé pour les derniers clients. Nous regrettons la situation décrite et sachez que nos magasins sont bien informés et appliquent la consigne de ne pas vendre d’alcool après 22 heures, horaire de fermeture du magasin ».