Julien Dassin n’avait que cinq mois quand son père,
l’inoubliable
Joe Dassin, s’est éteint brutalement. Quarante-cinq ans plus
tard, le fils cadet du chanteur sort un livre, Il était une
fois nous deux, dans lequel il part en quête de
l’homme caché derrière la légende. Dans les
colonnes de France Dimanche, il raconte ce chemin intime,
semé de silences, de mystères et de blessures familiales.
Avec pudeur mais sans détour, Julien revient sur une enfance
marquée par l’absence d’un père transformé en mythe, et par un duel
silencieux entre
sa mère et sa grand-mère paternelle. « J’ai grandi avec une
image floue, presque fantomatique de mon
père », confie-t-il. Ce manque a façonné son rapport à
lui-même, mais aussi la mémoire de Joe Dassin, longtemps surchargée
de rumeurs et de projections.
Julien Dassin face au mythe de son père Joe
Julien Dassin a grandi dans l’ombre d’une idole qu’il n’a jamais
connue, mais aussi dans une atmosphère tendue. Sa mère Christine et
sa grand-mère, Béatrice Dassin, se sont opposées sans
relâche, avec le jeune Julien au milieu. « Mon père a
été victime de fantasmes autour de sa
mort« , explique-t-il. Ces heurts familiaux ont brouillé
ses repères et nourri l’image d’un père insaisissable. Ces tensions
familiales ont marqué Julien au fer rouge. Entre sa mère Christine,
protectrice mais blessée par la perte de son mari, et Béatrice, la
grand-mère paternelle qui voulait préserver l’image d’un Joe Dassin
parfait, l’enfant s’est retrouvé pris au milieu.
Chaque camp revendiquait une part de vérité, brouillant encore
davantage les contours déjà flous d’un père disparu trop tôt. Cette
rivalité n’a pas seulement abîmé les liens familiaux, elle a aussi
privé Julien d’un récit clair et apaisé autour de son père.
Aujourd’hui, il veut remettre de l’ordre dans ce récit familial
et recoller les morceaux. L’incendie de la maison de Feucherolles a
détruit la plupart des affaires de l’interprète de L’Été
indien, ne laissant que l’icône en costume, impeccable, comme
figée. Julien cherche désormais l’homme derrière la
photo, celui qu’il n’a pas pu connaître.
Julien Dassin : « Beaucoup de
revendications, mais peu d’histoires… »
Malgré ce manque, Julien a hérité d’une part essentielle de Joe
: l’amour de la scène. « Je partage avec lui le
perfectionnisme, l’élégance et une grande pudeur »,
confie-t-il. Comme Joe Dassin, il poursuit une carrière
internationale, du
Canada aux pays baltes, en passant par la
Russie où Joe reste une légende. « Certains fans en
savent plus que moi », admet-il.
Au fil de ses recherches, il découvre un père érudit mais
solitaire, marqué par une histoire familiale compliquée. Ses
émotions se lisent aussi dans les chansons qu’il cite parmi les
plus bouleversantes : À toi, mais aussi Le Costume
blanc, sans oublier Et si tu n’existais pas ou Le
Chemin de papa. Et s’il pose un regard lucide sur
l’époque, il reste fidèle à l’ADN Dassin : « Il y a
beaucoup de revendications, mais peu d’histoires. Mon père chantait
l’universel. Des refrains populaires qui fédèrent ».