Toilettes publiques, médiathèques, mairies de quartier… Dès la rentrée 2025, la Ville de Strasbourg mettra en place des « lieux refuges » afin d’accueillir et d’accompagner les victimes de violences sexistes et sexuelles.
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Camille Curnier
Publié le 23 août 2025 ·
Imprimé le 23 août 2025 à 07h09 ·
2 minutes
« À un moment donné, on doit pouvoir marcher dans la rue sans être sifflé comme un chien », lâche Nadia Zourgui. Vendredi 22 août, l’adjointe à la maire de Strasbourg en charge de la sécurité a annoncé la création de « lieux refuges » pour accueillir les victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS). Dans certains bâtiments de la collectivité, des agents et agentes volontaires – personnels de mairie de quartier, des toilettes publiques, des piscines ou de la petite enfance par exemple – auront été formés par le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) pour accompagner les victimes qui viendraient demander de l’aide.
« On doit insuffler les premiers réflexes une fois l’aide demandée par une victime de VSS pour ensuite déléguer la prise en charge à des personnes compétentes, comme des associations spécialisées ou les forces de l’ordre », précise Nadia Zourgui. Les premiers « lieux refuges » pourraient exister, selon l’élue, à la fin de l’année 2025 et identifiables grâce à des visuels, encore en cours de création. L’ambition à terme est d’élargir ces refuges à « tous les équipements de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg ».
Sensibiliser et accompagner
Dix-huit agents issus de dix directions différentes de la Ville ont déjà suivi une première session de formation. « Tout le monde devrait être capable d’entendre et d’écouter une victime », détaille Anna Matteoli, directrice du CIDFF 67 :
« Jusqu’ici, nos formations ciblaient surtout les gendarmes, les policiers et les associations. Étendre ce savoir-faire aux agents de la collectivité est indispensable, mais montre bien que notre société n’est pas encore assez sensibilisée à ces questions de violences de genre. »
Céline, policière municipale est venue témoigner de sa formation lors de la conférence de presse
Pour Céline, policière municipale en unité cycliste et ayant participé à cette formation, cette formation a été essentielle :
« Dans notre travail, on connaît surtout le côté réglementaire. Mais on ne sait pas forcément comment s’adresser à une victime. Et du côté des auteurs présumés, beaucoup ne sont même pas conscients que leurs propos ou leurs gestes sont répréhensibles. Il faut aussi leur apprendre ce qu’est une violence sexiste ou sexuelle. »
Ces formations ont en outre été proposées aux médiateurs de tranquillité publique, qui interviennent notamment dans les piscines municipales, les parcs et dans les transports publics.
Combler un vide dans les formations
Face au manque de formation à la prise en compte des VSS, la Ville a lancé un plan d’action pour former ses agents de police municipaux et a engagé la formation de ses élus. Ces derniers ont d’abord été formés sur la base du volontariat, avant que la formation ne devienne obligatoire pour tous les conseillers.
« L’élargissement aux agents était une suite logique », souligne Nadia Zourgui qui déplore :
« Le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) ne propose pas de modules sur les VSS. Résultat : nous formons les agents sur le budget de la direction de la sécurité mais à terme, j’espère que ces formations pourront être financées par le budget formation des ressources humaines de la Ville. »