Avec Les crédits, Damien Peynaud signe un récit intime sur le surendettement, la honte sociale entrecoupé de souvenirs d’enfance et de références cinématographiques. Une œuvre personnelle, portée par une écriture aussi précise que sensible.
© James Weston
Pour son premier roman, Damien Peynaud propose une œuvre singulière, entre récit autobiographique, essai social et réflexion autour de figures du cinéma. Au départ, il y a deux frères qui se retrouvent chez leurs parents pour trier de vieilles photos. C’est le point de départ d’une plongée dans le temps, celui d’une enfance dans les années 80, marquée par le surendettement, la honte, et l’effondrement d’une famille de la classe moyenne.
Ce n’est pas tant la pauvreté qui est racontée dans ce livre, que la lente descente provoquée par le crédit à la consommation, les objets inutiles accumulés à coups d’emprunts, la solitude qui suit la faillite. Le père, figure centrale du livre, est dépeint comme un homme pris dans l’illusion de la possession, victime autant que complice d’un système économique qui ne fait pas de sentiments. Le reste la famille subit, presque résigné, ce déclin social en silence… malgré la douleur et la colère.
Ce récit très personnel est enrichi par une variété de références cinématographiques : Gérard Jugnot dans Une époque formidable, Louis de Funès dans L’Avare, Sergio Leone ou encore Les Raisins de la colère, comme autant de digressions qui viennent aussi illustrer les thèmes du livre que peuvent être la déchéance sociale, le rapport à l’argent ou encore de l’enfance trahie.
Damien Peynaud nous montre dans la dernière partie, comment le système du crédit, alors naissant dans les années 80 allait piéger bon nombre de familles dans cette décennie et les suivantes.
Sans jamais sombrer dans le pathos, ni céder au manichéisme, écrit avec dans un style soigné et d’une grande précision, une charge émotionnelle évidente Les crédits est une belle réussite qui, je l’espère, en appellera d’autres.
Benoit RICHARD
Les crédits
Roman de Damien Peynaud
272 pages – 21€
Editeur : Noir sur Blanc
Date de parution : 21 août 2025