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Coût élevé, concurrence des plateformes de streaming, manque de choix… Alors que la fréquentation des cinémas connaît une baisse, quels rapports les spectateurs entretiennent-ils avec les salles obscures ? Reportage dans un cinéma de l’agglomération toulousaine.

Les salles obscures font face à un recul de fréquentation. Dans un grand cinéma situé en agglomération toulousaine, les spectateurs pointent du doigt le prix des billets.

À l’intérieur de l’établissement, Daniel, assis à côté de son fils, attend l’ouverture de la salle dédiée à la diffusion de « Karaté Kid ». « Il n’y a pas que le prix du ticket qui coûte cher. Les enfants veulent aussi des pop-corns, du coca… La dernière fois, on a dépensé près de 70 euros au total », déplore ce père d’une famille de quatre enfants.

Ainsi, Daniel évite parfois d’aller au cinéma, alors qu’il est lui-même un grand cinéphile. « Je laisse mes enfants y aller avec ma femme, ça coûtera toujours un ticket en moins, et j’attends que les films sortent en streaming pour les regarder. »

Comme lui, 70 % des Français assurent qu’ils iraient plus souvent en salle si les prix baissaient, d’après une enquête de l’IPSOS.

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« Il y a une forme d’immersion »

Les plateformes de streaming sont perçues comme une réelle alternative pour regarder des films tout en faisant des économies. « Elles ne sont vraiment pas chères, et on peut tout regarder depuis chez soi », affirme Daniel.

Or, cette nouvelle tendance contribue à vider les cinémas… et à en modifier l’ambiance. « Avant, quand un film sortait en salle, on avait l’impression que c’était un événement. Il y avait même des animations ! Pour la parution de ‘Star Wars’, les gens étaient venus déguisés », se souvient l’homme de 42 ans. « Maintenant, il n’y a plus rien de tout ça » constate-t-il en balayant du regard l’intérieur de l’établissement, relativement vide et silencieux.

 

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Mais les cinémas continuent d’avoir leurs fidèles. Maëva accompagne son ami Johnny, 43 ans, venu avec son fils pour voir un film d’animation. Même s’ils estiment que les prix « sont devenus chers », ils essaient de continuer à fréquenter les salles « environ une fois par mois ».

« Voir un film au cinéma, ce n’est pas du tout la même chose que le regarder sur une plateforme » assure Maëva. « On est dans une grande salle avec un bon son… Il y a une forme d’immersion. »

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Les films français face aux productions américaines

Au-delà du prix, c’est parfois la qualité des films proposés dans les salles qui fâche les usagers. Venue en matinée assister à une séance de la comédie américaine « Freaky Friday 2 », Thérèse, 91 ans, se dirige vers la sortie d’un pas assuré, tapant sur le sol avec sa canne. « C’était tellement nul que je suis partie avant la fin ! » s’exclame-t-elle. »Ils devraient faire des efforts. Avant, on avait de meilleurs films » assure la retraitée.

Yasmina, son aide-soignante, l’a accompagnée. « Les bons films sont surtout diffusés en soirée, mais, en général, les personnes âgées préfèrent sortir le matin. Donc il n’y a pas trop de choix pour eux », explique-t-elle.

La femme de 38 ans regarde quant à elle « uniquement des films d’horreurs » et privilégie les productions hollywoodiennes, qui sont, selon l’aide-soignante, « meilleures, surtout au niveau de l’histoire. »

 

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Les films américains sont les plus plébiscités par les usagers. Les entrées enregistrées devancent légèrement celles des productions françaises, avec un écart de 5 %, indique l’IPSOS.

Philippe, 65 ans, parcourt du regard un grand écran listant les films à l’affiche. Le retraité, qui ne « fréquente pas souvent les cinémas », admet regarder « peut-être un peu moins de films français que de films américains », puisque les productions hollywoodiennes réalisent davantage de films d’action, son genre préféré.

Daniel regarde quant à lui « rarement » des productions françaises, jugeant qu’elles sont souvent « trop prévisibles ». Selon lui, les réalisateurs « ne devraient pas chercher à faire comme les Américains. Un bon film français, c’est un film qui nous touche » affirme l’homme de 42 ans, désignant « Un p’tit truc en plus« , le grand succès réalisé par Artus, comme étant « l’un des meilleurs films ».