Kilmar Abrego Garcia, un immigré salvadorien de 30 ans, expulsé à tort puis ramené aux États-Unis, a retrouvé ses proches vendredi 22 août. Selon des médias américains, ses avocats ont néanmoins été informés de son potentiel transfert à venir en Ouganda.
La fin du calvaire ou le début d’un nouveau? Kilmar Abrego Garcia, un immigré salvadorien de 30 ans, expulsé à tort puis ramené aux États-Unis après plusieurs mois de bataille judiciaire, a été libéré vendredi 22 août. Le dernier rebondissement dans une affaire devenue emblématique de la politique d’expulsions massives d’immigrés menée par le gouvernement de Donald Trump.
« Aujourd’hui a été une journée très spéciale, car j’ai revu ma famille pour la première fois depuis plus de 160 jours. Nous avons fait un pas de plus vers la justice, mais celle-ci n’a pas encore été pleinement rendue », a-t-il témoigné dans un communiqué de CASA, une association de défense des immigrés.
Cet homme avait été expulsé vers le Salvador sans autre forme de procès en mars avec plus de 250 individus, la plupart pour appartenance présumée à un gang vénézuélien. Le gouvernement Trump avait ensuite reconnu une « erreur administrative » concernant cet habitant du Maryland, marié à une Américaine.
Kilmar Abrego Garcia ne possède pas de statut légal d’immigration sur le sol américain, mais un arrêté d’expulsion à son encontre vers le Salvador avait été définitivement annulé en 2019. Et ce, en raison du risque de persécution par des gangs, comme le rappelle Reuters.
Accueilli avec émotion par ses proches
Il avait finalement été ramené aux États-Unis en juin, mais l’administration Trump avait aussitôt lancé des poursuites à son encontre dans le Tennessee pour aide au séjour illégal de migrants.
Un juge de cet État avait conclu le 23 juillet qu’il devait être remis en liberté en attendant son procès dans cette affaire, dont la date a été fixée au 27 janvier 2026. Sa libération est intervenue vendredi. Sur des photos et vidéos communiquées par l’organisation, on le voit acclamé par ses proches à son arrivée puis souriant et ému, son fils dans les bras, aux côtés de sa famille et de sa femme, séchant ses larmes.
Abigail Jackson, une porte-parole de la Maison Blanche, a estimé que sa libération était « une insulte à ses victimes ». L’exécutif américain accuse notamment Kilmar Abrego Garcia d’être membre du gang salvadorien MS-13, classé « organisation terroriste » par la nouvelle administration américaine.
Une juge du Tennessee avait toutefois souligné en juin qu’il « n’avait aucun antécédent judiciaire » et que « son appartenance présumée à un gang était contredite par les preuves mêmes présentées par le gouvernement ».
Vers un transfert en Ouganda?
Selon des médias américains dont Fox News, le ministère de la Sécurité intérieure (DHS) a informé les avocats de l’intéressé de son possible transfert en Ouganda, et qu’il devait se présenter lundi devant les services de l’immigration.
« Bien que sa libération apporte un certain soulagement, nous savons tous qu’il est loin d’être en sécurité. La détention par l’ICE (la police de l’immigration) ou l’expulsion vers un pays tiers inconnu menace toujours de déchirer sa famille », a averti Simon Sandoval-Moshenberg, l’un de ses avocats, dans un communiqué transmis par CASA.
Le DHS n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP. Pas plus que l’ICE et les avocats n’ont, pour l’heure, confirmé cette information auprès de Reuters.
L’administration Trump vent debout contre sa libération
Pour Abigail Jackson, la porte-parole adjointe de la Maison Blanche, Kilmar Abrego Garcia devrait « répondre de ses crimes » et devrait porter un bracelet électronique « afin de garantir la sécurité du public américain jusqu’à ce que d’autres mesures puissent être prises ».
La secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a déclaré qu’il était toujours considéré comme un criminel et un contrevenant aux lois sur l’immigration, le qualifiant de « monstre » qui a été libéré par des « juges libéraux activistes ». « Nous ne cesserons pas de nous battre jusqu’à ce que ce Salvadorien soit traduit en justice et HORS de notre pays », a-t-elle écrit sur X.
Une juge du Maryland, saisie par la famille de Kilmar Abrego Garcia depuis son expulsion en mars, a interdit en juillet au gouvernement, y compris à la police de l’immigration, de le remettre en détention une fois sa libération intervenue.
Cela oblige le gouvernement, s’il décidait de l’expulser vers un pays tiers, d’en aviser Kilmar Abrego Garcia et ses avocats au moins 72 heures à l’avance. Une manière de lui laisser un délai suffisant pour contester son expulsion.
Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une « invasion » des États-Unis par des « criminels venus de l’étranger » et communiquant abondamment sur les expulsions d’immigrés. Son programme d’expulsions massives a toutefois été freiné par de multiples décisions de justice, notamment au motif que les personnes visées devaient pouvoir faire valoir leurs droits.