Par

Rédaction Normandie

Publié le

23 août 2025 à 12h02

Depuis 1952, les planeurs du GRAL sont stationnés dans un hangar dit demi-tonneau à structure Eiffel, construit en 1938 à l’Aéroport Rouen Vallée de Seine, à Boos. Le 21 juin dernier, les dirigeants ont reçu « un avis de danger immédiat », à la suite d’un audit réalisé par le nouveau délégataire, la Société d’Exploitation et d’Action Locale pour les Aéroports Régionaux (SEALAR). « Un audit dont nous n’avons jamais eu une copie et qui nous demande d’évacuer », assure le président du GRAL, Jean-Marie Cruet. « C’est la survie du club qui est en jeu », déclare-t-il.

Hangar fermé et vols suspendus

Un club historique aujourd’hui dans l’impasse : « malgré nos demandes et nos relances, nous n’avons aucune réponse du Syndicat mixte de gestion de l’aéroport (SMGARVS), de la Métropole Rouen Normandie et de SEALAR ». Alors, avec sa quarantaine d’adhérents, il envisage des actions dès la rentrée.

Lors de la réception de la fermeture du hangar, le GRAL était en pleine saison. « Les 10 planeurs, le motoplaneur, le remorqueur et notre atelier sont aujourd’hui inaccessibles, car le hangar est fermé. Nous ne pouvons plus voler », explique Jean-Marie Cruet. Les activités du club sont à l’arrêt : « Nous n’avons pu réaliser que huit brevets d’initiation sur douze avec des classes d’un lycée et nous avons encore 46 vols d’initiation réservés non effectués », continue le président. « Nos pilotes engagés dans des compétitions ont dû voler avec des planeurs prêtés par les organisateurs ».

Les planeurs sont cloués au sol et le hangar interdit d'accès.
Les planeurs sont cloués au sol et le hangar interdit d’accès. ©Le Bulletin

Une situation également commentée par Arnaud Blondeau, le chef pilote et formateur, qui dénonce une mise en danger des pilotes : « Ils sont partis sans entraînement avec tous les risques sécuritaires que cela engage. Nous sommes en train de perdre des heures de vols nécessaires pour conserver nos licences. C’est consternant. On a la sensation qu’ils cherchent à nous virer à tout prix ».

Un club historique et formateur

Dans sa protestation, le GRAL tient aussi à rappeler son rôle central dans la découverte de l’aéronautique dans la région et dans la formation des pilotes. « Certains de nos membres sont devenus des pilotes de chasse dont Aymeric Vergnol qui a été le premier à poser un Rafale sur un porte-avions, et de la Patrouille de France [Jacques Charvet] ».

Le club a aussi compté dans ses rangs « un champion du monde de vol à voile [François-Louis Henry], des commandants de bord [Robert Lacam, Laurent Romian, Jean-Pierre Queraud, etc.] et de nombreux ingénieurs », liste Arnaud Blondeau. « Notre rôle, il est là. Nous ne sommes pas juste un loisir de bourgeois », insiste-t-il.

Votre région, votre actu !

Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.

S’incrire

Si nous fermons ce club, il n’y aura plus de formations en Normandie.

Arnaud Blondeau, chef pilote et formateur du GRAL

Une formation de qualité aujourd’hui menacée de disparition. « Chaque année, nous avons une dizaine d’élèves. Et là, Sarah, Romain, Lya, qui entrent chez les Arpettes de l’Armée de l’Air, ne peuvent pas continuer leur formation. Si nous fermons ce club, il n’y aura plus de formations en Normandie. Voilà un impact sur l’avenir de l’aéronautique dans la région qui se vante d’en être un acteur majeur », poursuit le formateur.

Dialogue rompu

Jean-Marie Cruet a bien tenté de trouver des solutions, rejetées par SEALAR et le syndicat de gestion de l’aéroport. « On en a proposées, comme un système de hangar provisoire, et à chaque fois, ils les ont refusées », affirme-t-il. Le club se retrouve donc dos au mur, d’autant plus que son Autorisation d’occupation temporaire (AOT), expire le 31 décembre 2025. « Nous ne pouvons pas en rester là ! Qu’allons-nous devenir ? », alerte le président.

Le président de la Fédération Française de vol en planeur, Martin Leÿs, mis au courant de la situation du GRAL, a formulé une demande de rendez-vous à Nicolas Mayer-Rossignol, le président de la Métropole Rouen Normandie, demeurée sans réponse. « Alors, nous avons fait un recours gracieux auprès de Bruno Grisel, le maire de Boos, qui s’est déresponsabilisé sur la Métropole », explique Jean-Marie Cruet, qui parle aussi d’« un référé auprès du Tribunal Administratif de Rouen, qui a été rejeté », et d’« un recours contentieux en cours afin de bénéficier d’une vraie expertise du bâtiment. »

Des manifestations envisagées

Si le dialogue n’est pas rétabli d’ici la rentrée, « nous lancerons plusieurs actions dont une avec les clubs voisins », prévient le président. « Ce n’est pas à nous de trouver des solutions. Nous avons toujours payé notre loyer et eux n’ont jamais entretenu le hangar ou du moins n’ont pas mis l’argent au bon endroit. »

Une pétition approchant les 2700 signatures est actuellement en ligne sur le site www.change.org.

Suivez l’actualité de Rouen sur notre chaîne WhatsApp et sur notre compte TikTok

Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.