Dans cette région de l’est de l’Ukraine, l’armée russe conquiert régulièrement de nouveaux villages grâce à l’envoi de petits groupes de soldats, mais accumule les morts et les blessés. Et ne fait rien pour les récupérer, selon les militaires ukrainiens mobilisés sur le front.
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Publié le 23/08/2025 14:16
Temps de lecture : 2min
Un soldat ukrainien marche devant un immeuble en ruines, le 2 août 2025 à Kramatorsk (Ukraine). (NICOLAS CLEUET / LE PICTORIUM / MAXPPP)
Moscou en a fait sa priorité : conquérir le Donbass. Et malgré les discours affichés autour de sa volonté de conclure un accord de paix, la Russie poursuit son offensive dans cette région de l’est de l’Ukraine. Vendredi 22 août, elle a d’ailleurs revendiqué la prise de trois nouveaux villages. Quelques kilomètres carrés grignotés au prix de nombreux morts et blessés, puisque dans les rangs de l’armée russe, la vie d’un soldat importe peu. C’est en tout cas ce que constatent les militaires ukrainiens qui les combattent au quotidien sur le front.
Severin nous reçoit dans une cave d’un immeuble de Kramatorsk. Ce jeune chef d’unité ukrainien s’assoit sur un banc, et rapidement il le reconnaît, oui les Russes avancent actuellement sur le front, mais au prix de « pertes beaucoup plus importantes que les nôtres, note-t-il. Les Russes peuvent arriver par vagues : trois soldats s’approchent, on les tue. Une demi-heure après, cinq soldats de plus, on les tue. Ils envoient des hommes, des hommes, encore des hommes. »
Saturer le champ de bataille de petits groupes de soldats, voilà la nouvelle stratégie très coûteuse en vies humaines de l’état-major russe. « Ce qui me frappe le plus, c’est leur indifférence absolue envers leurs soldats, relève-t-il. Par exemple, ils envoient trois de leurs fantassins vers nos positions, avec une seule arme automatique, deux chargeurs pleins, un vide, et un paquet de clopes. Les mecs s’approchent et on les tue. Les Russes s’en foutent, de leurs hommes. »
Severin éprouverait presque de la pitié pour ces soldats russes envoyés en première ligne, souvent mal formés, mal équipés, et finalement abandonnés sur le champ de bataille par leurs camarades. « Je ne les ai jamais vus récupérer ni leurs blessés, ni leurs morts, même quand ils le pouvaient », affirme-t-il.
« Quand un de leurs blessés graves se vide de son sang, ils s’approchent simplement pour lui faire une sorte de piqûre d’adrénaline et c’est tout. »
Severin, soldat ukrainien
à franceinfo
« Je ne les ai jamais vus s’occuper l’un de l’autre, contrairement à nous, affirme Severin. Par exemple, une fois, on combattait des militaires russes professionnels, c’était très dur, on avait beaucoup de nos fantassins blessés. Et durant ces quatre jours sur les positions, à deux, on a réussi à ramener 12 de nos blessés. Nous, on n’abandonne pas les nôtres. »
Peu importe la manière : pour Moscou l’essentiel est de gagner du terrain. Depuis le début de la guerre, la Russie a perdu deux à trois fois plus de soldats que l’Ukraine.