Amortissement, déficit foncier doublé, abattement boosté… Le futur statut fiscal du bailleur privé, prévu pour entrer en vigueur au 1er décembre 2025, pourrait bien redistribuer les cartes de l’investissement locatif. En ligne de mire : relancer l’offre de logements dans le parc privé, en séduisant de nouveau les petits et moyens propriétaires. Mais derrière les annonces, une question cruciale : comment en profiter concrètement ? Et surtout, qui pourra vraiment économiser jusqu’à 10 000 € d’impôts par an comme l’annoncent les projections ? Décryptage des leviers fiscaux à activer… dès maintenant.
Un amortissement fiscal jusqu’à 5 % par an : le levier le plus puissant
Le cœur du futur statut repose sur un mécanisme simple : amortir fiscalement son bien locatif pendant 20 ans, en déduisant chaque année un pourcentage de sa valeur. L’État prévoit :
- 5 %/an pour un bien neuf
- 4 %/an pour un bien ancien… à condition d’y faire au moins 15 % de travaux
Concrètement, un investisseur achetant un appartement ancien à 250 000 €, avec 37 500 € de travaux (15 %), pourrait amortir ≈ 8 000 € par an en location nue longue durée. Cette somme vient directement en déduction de ses revenus fonciers, allégeant la facture fiscale. Ajoutez les charges classiques (intérêts d’emprunt, syndic, assurance) : on approche très vite des 10 000 € déduits/an.
Jusqu’ici, l’amortissement fiscal était réservé aux locations meublées (statuts LMNP ou LMP). Le futur statut bailleur privé va permettre aux locations nues longue durée d’en bénéficier également. Un bouleversement discret mais majeur.
Et pour les petits bailleurs ? Le micro-foncier boosté à 50 %
Pour ceux dont les loyers annuels ne dépassent pas 30 000 €, un autre outil est proposé : le micro-foncier nouvelle génération. Il prévoit :
- 50 % d’abattement forfaitaire sur les loyers perçus
- Possibilité de bonus d’abattement (jusqu’à 65 %) si les loyers sont « sociaux » ou « intermédiaires »
Exemple : un bailleur encaissant 18 000 € de loyers, dont le bien est situé hors zone tendue, pourrait être imposé seulement sur 6 300 € de revenus nets au lieu de 12 600 €. Cela représente une économie d’impôt substantielle, surtout pour les foyers imposés à la tranche marginale de 30 %.
Le saviez-vous ?
Le micro-foncier classique (30 % d’abattement, plafond à 15 000 €) ne permettait plus aux bailleurs de rentabiliser de petits investissements. Avec le plafond doublé et l’abattement porté à 50 %, voire 65 %, de nombreux profils modestes retrouvent un réel levier fiscal.
Déficit foncier : plafond porté à 40 000 €
Autre nouveauté puissante du futur plan : le plafond de déficit foncier imputable sur le revenu global serait quadruplé, passant de 10 700 € à 40 000 €. Un changement de taille pour les investisseurs ayant engagé des travaux lourds (rénovation énergétique, structurelle, etc.).
Cette mesure incite les bailleurs à rénover massivement des logements anciens, souvent proches de l’interdiction de mise en location (classe F ou G). Elle permettrait à certains d’effacer totalement leur impôt sur le revenu pendant 1 à 2 ans.
Le tableau récapitulatif des bénéfices possibles
Qui peut réellement en profiter ?
Propriétaires de biens anciens à rénover, petits bailleurs sous les 30 000 €, investisseurs avertis à la recherche de long terme… le futur statut fiscal du bailleur a été pensé pour séduire plusieurs profils. Encore faut-il anticiper intelligemment : préparer vos travaux, cibler vos loyers, choisir entre micro et réel, et surtout programmer une mutation à partir de décembre 2025.
Car si le texte est voté en l’état cet automne, les premiers à agir seront aussi les premiers à… déduire.