Par
Léa Pippinato
Publié le
23 août 2025 à 16h35
Créé le 6 septembre 1985, le Montpellier Badminton Club (MBC) est né d’un manque : dans l’Hérault, il n’existait aucun club de badminton. Quarante ans plus tard, il aligne une équipe en Régionale 1, cinq en Départementale, et vise la pré-nationale. À l’occasion de cet anniversaire symbolique, Kévin Goorochurn, secrétaire du club, et Nicolas Bernard, président, retracent quatre décennies de volants, de défis et de passion.
Le club fête ses 40 ans. Quel regard portez-vous sur son évolution depuis 1985 ?
Kévin Goorochurn : La naissance du club est vraiment marquante. On part de rien, avec un créateur qui, à l’époque, voulait juste pouvoir pratiquer le badminton. Les débuts se font dans un gymnase avec quatre joueurs, puis ça grimpe à plus de 130 licenciés en quelques mois. Et ça, sans réseaux sociaux, juste avec des flyers dans les facs et des affichettes. Ensuite, le club devient le premier affilié de l’Hérault et attire logiquement des joueurs expérimentés. On monte vite dans les divisions, jusqu’en Nationale 2, ce qui reste notre plus haut niveau atteint. C’était il y a plusieurs décennies, mais c’est resté dans la mémoire collective du club.
🏸 Aux origines du badminton
Le badminton trouve ses origines dans des jeux anciens de volant pratiqués en Asie et en Europe depuis plusieurs siècles. En Inde coloniale, les officiers britanniques popularisent un jeu appelé « poona », qui se joue déjà avec des raquettes et un volant. Le nom « badminton » apparaît en 1873, lors d’une partie organisée dans la propriété du duc de Beaufort, le Badminton House, en Angleterre.
La Fédération internationale de badminton est créée en 1934, marquant une étape importante dans la structuration du sport. En France, le badminton connaît un véritable essor à partir des années 1980. Discipline olympique depuis les Jeux de Barcelone en 1992, le badminton est reconnu comme l’un des sports de raquette les plus rapides et exigeants physiquement.
Quels ont été les moments sportifs les plus emblématiques ?
Nicolas Bernard : Outre la montée en Nationale 2, il y a eu le « Volant d’Oc ». C’était une grosse compétition, sur deux jours, au complexe sportif de Veyrassi. On accueillait plus de 500 joueurs, parfois de très haut niveau, venus de toute la France. C’était un rendez-vous qui comptait dans le calendrier national. Avec le temps, l’événement a perdu de son ampleur pour diverses raisons. Mais on travaille à retrouver ce prestige. On a relancé le tournoi sous un autre nom, le « MBC Tour », qui se tient en mars ou avril. L’an dernier, on a eu une cinquantaine de joueurs régionaux et quelques nationaux. Notre objectif est de passer sur trois jours et d’attirer à nouveau plus de haut niveau.
Où en est le club aujourd’hui en termes d’équipes et de performances ?
Kévin Goorochurn : On a une équipe en Régionale 1 et cinq équipes en Départementale. La R1 regroupe nos meilleurs joueurs. Les D1 à D3 sont composées de joueurs d’un niveau assez proche, ce qui rend parfois la répartition difficile. La D5 est pour ceux qui débutent en compétition. On a beaucoup de joueurs au même niveau, donc on organise des roulements. Cette année, on a recruté et fixé comme objectif de monter en pré-nationale. L’an dernier, c’était plutôt le maintien. Là, on sent que c’est jouable. On est un club mixte, avec 35 à 40 % de femmes. La proportion de compétiteurs est légèrement supérieure à celle des loisirs, environ 70 % contre 30 %. Les réinscriptions concernent surtout des compétiteurs. Les nouveaux viennent souvent pour jouer en loisir, mais on essaie de les motiver à tenter la compétition.
Vidéos : en ce moment sur ActuQuelles difficultés avez-vous rencontrées au fil des années ?
Nicolas Bernard : Le Covid a été le plus gros choc, et de loin. Comme partout, on a vu nos effectifs chuter brutalement, avec une perte importante de licenciés. On a aussi perdu certains créneaux horaires dans les gymnases, car la mairie a dû réattribuer les disponibilités à d’autres disciplines. Même si on a rapidement retrouvé nos adhérents – on affiche souvent complet – la bataille pour récupérer des horaires reste compliquée. Chaque année, on formule des demandes pour en obtenir davantage, mais la mairie doit composer avec un nombre croissant d’associations sportives et des besoins variés.
Et côté équipements ?
Kévin Goorochurn : Notre gymnase principal, le gymnase des Garrigues, à la Paillade, commence à accuser son âge. Les installations ne sont plus toutes parfaites, et certaines petites imperfections sur le sol peuvent perturber le jeu à haut niveau.
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Sur le plan du matériel, on a fait de gros efforts : l’an dernier, grâce à des subventions régionales, on a pu acheter de nouveaux filets et poteaux. Mais il reste un point noir, commun à tous les clubs : le prix des volants plumes. En quatre ans, la boîte de 12 est passée de 17 à 26 euros. Or, en compétition, un volant peut ne pas durer plus d’un set. Quand on multiplie cela par le nombre de matchs et d’entraînements, la facture grimpe très vite.
Le gymnase des Garrigues est le site principal d’entraînement du club. (©MBC)Y a-t-il des figures qui ont marqué le club ?
Nicolas Bernard : Oui, plusieurs. Timothée Roux est l’un des noms qui reviennent souvent. Il a brillé en handisport, avec un excellent classement national, et en valide, il évoluait en R5. Et puis il y a Guillaume Lodiot, un ancien joueur du top 100 mondial en double homme. Il a été licencié à Montpellier pendant de longues années et a aussi beaucoup contribué comme entraîneur. Il avait arrêté de jouer pour le MBC il y a deux ou trois ans, notamment pendant la période Covid, mais cette saison, il revient sur les terrains avec nous.
La formation est-elle un axe fort du club ?
Kévin Goorochurn : Oui, c’est même l’un de nos piliers. On dispose de deux créneaux jeunes par semaine, et ils sont complets à 30 joueurs chacun. En un an, on est passés de 44 à 60 jeunes, ce qui prouve l’engouement. On accueille des stagiaires qui viennent co-encadrer les séances, ce qui permet d’offrir un suivi plus personnalisé. L’an dernier, on a accompagné un de nos adhérents pour qu’il passe un CQP (certificat de qualification professionnelle). Cette année, c’est une entraîneuse bénévole qui va suivre une formation diplômante. On investit beaucoup dans la formation de nos bénévoles, car ce sont eux qui assurent la qualité et la continuité de l’encadrement.
Vous avez aussi repéré un jeune talent.
Nicolas Bernard : Oui, et il est impressionnant. Il a seulement neuf ans, mais il a déjà un niveau qui dépasse largement sa catégorie. Sur recommandation de nos coachs, on l’a intégré à certains entraînements adultes pour le faire progresser plus vite. Cette année, il s’est qualifié pour le Brassage National Poussin à Montluçon, un événement qui réunit les meilleurs jeunes de France. C’est un rendez-vous prestigieux, et il y a été à la hauteur. On le suit de très près, avec un accompagnement fort de sa famille.
Le badminton bénéficie-t-il de la reconnaissance médiatique qu’il mérite ?
Nicolas Bernard : Honnêtement, non, et c’est un sentiment partagé par beaucoup de passionnés. Pour voir des matchs, il faut souvent passer par des plateformes spécialisées, ce qui fait que seuls les initiés y ont accès. Le grand public ne tombe pas dessus par hasard, contrairement au tennis, au football ou même au tennis de table qui, depuis peu, a gagné en exposition. Pourtant, il y a des signes encourageants. Cette année, pour la première fois dans l’histoire, deux joueurs français sont entrés dans le top 10 mondial, dont Alex Lanier, septième. Du 25 au 31 août, les Championnats du monde auront lieu à Paris, ce qui devrait donner un peu plus de visibilité. Mais ça reste ponctuel. On se rend compte que c’est souvent aux clubs et aux licenciés eux-mêmes de faire la promotion du badminton. C’est un travail de terrain, au sens propre comme au figuré.
Le paddle est en plein essor. Est-ce une concurrence ou une opportunité ?
Kévin Goorochurn : Pour nous, c’est clairement une opportunité et pas une menace. Le paddle, c’est un sport à part entière, mais il a l’avantage d’être très accessible, même pour des joueurs débutants. Grâce au rebond de la balle, aux murs et à la taille réduite du terrain, on peut s’amuser, même avec un gros écart de niveau entre les partenaires. C’est pour ça qu’il séduit autant : on voit des anciens joueurs de tennis, de badminton, mais aussi des footballeurs s’y mettre. Moi-même, j’en ai fait un peu avec mes collègues. Ce qui est intéressant, c’est que ça diversifie la pratique des sports de raquette. Certains découvrent le paddle, puis ont envie de tester le badminton, ou inversement. On n’est pas du tout dans une logique où l’un prend la place de l’autre.
Quelle place occupe le MBC dans le paysage sportif montpelliérain ?
Nicolas Bernard : Montpellier, c’est une ville très sportive, avec des clubs qui brillent au niveau national et international dans beaucoup de disciplines : handball, volley, basket, rugby… Dans ce contexte, on n’est pas encore au niveau de visibilité de ces grosses structures, notamment parce qu’on n’a pas encore d’équipe nationale. Dès qu’on franchira ce cap, on pourra prétendre à plus de reconnaissance publique et institutionnelle. Mais on a trouvé notre place : on est identifiés comme un club dynamique, formateur et compétitif, avec un vrai projet sportif.
Comment allez-vous marquer les 40 ans du club ?
Kévin Goorochurn : On voulait un moment à la hauteur de l’histoire du club, mais aussi fidèle à notre esprit : convivialité, partage et esprit d’équipe. On organise donc une soirée en novembre, hors terrain. On va louer une salle et inviter tous nos adhérents, anciens et actuels. Ce ne sera pas une compétition, mais un moment pour se retrouver, raconter des anecdotes, se rappeler les grands moments…
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