Depuis ce jour, Belinda Carlisle est sobre. Elle vit avec sa famille à Mexico, médite chaque jour, enregistre des disques, vient de retrouver les Go-Go’s pour un concert triomphal au Coachella et repart pour une tournée solo européenne, avec une halte ce 3 septembre au Cirque Royal. Celle qui a son étoile sur le Hollywood Walk Of Fame interprétera ses plus grands tubes mais aussi des extraits de « Once Upon a Time in California », un nouvel album de reprises empreint de nostalgie. « J’y chante des titres des Carpenters, de Dionne Warwick ou encore des Hollies qui ont bercé mon enfance tout comme l’ont fait les Beach Boys, nous confie-t-elle. Un peu comme si je voulais boucler la boucle. »

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Après ces chansons de votre enfance, c’est « Raw Power » d’Iggy Pop And The Stooges qui vous ouvre les yeux à l’adolescence. Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce disque ?

BELINDA CARLISLE– : J’étais encore au lycée. Je me souviens être entrée dans un magasin de disques et avoir été intriguée par la pochette : un mec torse nu, les yeux maquillés et un corps de félin. « C’est quoi ce truc ? » J’ai acheté « Raw Power » et ce fut une révélation. Un nouveau monde, qui n’était pas celui des Eagles diffusés alors en boucle à la radio, s’est ouvert à moi. Deux ou trois ans plus tard, je débutais comme batteuse dans le groupe punk The Germs. Sans Iggy, je ne ferais pas ce que je fais depuis plus de quarante ans.

Quand vous fondez les Go-Go’s en 1978, il n’y a aucun modèle de groupe féminin qui écrit ses propres chansons. Vous en avez bavé ?

Pour les Go-Go’s, il n’y a jamais eu un problème de genre. On ne cherchait pas à s’affirmer comme un groupe de filles : nous voulions être un grand groupe de rock. Point. Au début, il y a eu un phénomène de curiosité à Los Angeles autour des Go-Go’s. Nos concerts étaient remplis. Ce sont les maisons de disques qui faisaient obstacle, car elles voulaient nos imposer un producteur, des musiciens et des auteurs alors que nous écrivions nous-mêmes nos chansons. On a fini par atterrir sur I.R.S Records, un petit label indépendant qui allait s’occuper aussi de R.E.M.. Le boss, Miles Copeland (frangin de Stewart Copeland, batteur de Police, NdlR) nous a laissé l’entière liberté.

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Les Go-Go’s ont rejoué en avril au Coachella. De beaux souvenirs ?

Oui, que du plaisir. Se retrouver sur scène, c’est comme repartir sur la bicyclette laissée au garage. Tu crois que tu n’y parviendras pas et dès les premières notes de musique, tu fonces. Après avoir été intronisées au Rock And Roll Hall Of Fame en 2021, nous avions décidé de ne plus donner de concerts avec les Go-Go’s. Il ne faut jamais dire jamais. On ne pouvait pas refuser Coachella, c’est tellement prestigieux. Aucun autre show des Go-Go’s n’est à l’agenda.

Sur les vidéos de Coachella, on voit plein d’ados se presser aux premiers rangs. Après quatre décennies dans le music business, c’est la récompense ultime ?

Comme pour mes concerts solo, il y avait toutes les tranches d’âge. Mais les jeunes sont devant, connaissent toutes les paroles et font le plus de bruit. Dans leur esprit californien, leur énergie et le parfum d’innocence qui s’en dégagent, les morceaux des Go-Go’s ont bien vieilli. Bien qu’elles soient des chansons punk à la base, elles s’appuient sur une mélodie forte. Plusieurs de nos titres sont aussi utilisés dans les séries télé ou sur TikTok, ça aide.

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Lana Del Rey vous rend hommage dans la chanson Video Games qui l’a lancée en 2012. Vous l’avez rencontrée ?

J’espère avoir ce plaisir un jour. J’en ai parlé avec Rick Nowels, mon ancien producteur qui a travaillé avec elle. Rick m’a dit que si Lana Del Rey faisait référence à mon tube Heaven Is The Place On Earth dans Video Games, c’était parce qu’elle voulait s’inscrire dans « la même lignée californienne que moi ».

Dans cette chanson, vous dites que le paradis est sur Terre. Vous le pensez vraiment ?

J’ai 56 ans. Après avoir sombré dans l’alcool et les drogues, je suis complètement sobre depuis 20O5. J’ai eu une carrière en « rollercoaster ». Je me suis éclatée dans un groupe qui a marqué l’histoire punk/rock et j’ai mené un beau parcours solo. Brian Wilson des Beach Boys, mon idole de jeunesse, m’a invitée à chanter. George Harrison joue de la guitare sur un de mes disques (« Runaway Horses », son album solo préféré en 1989), Brian Eno fait des claviers sur un autre (« Voilà », en 2007). Je ne sais pas si c’est le paradis, mais je m’y sens bien.

→ Le 3/9, Cirque Royal, Bruxelles.

→ POP, Belinda Carlisle, Once Upon a Time In California, Demon

Belinda Carlisle Once upon a time in California crédit DemonBelinda Carlisle Once upon a time in California crédit Demon ©Demon