Infatigable Jean-Paul Delfino ! Voilà l’écrivain aixois qui, publiant ouvrage sur ouvrage, promène son lecteur entre fiction, portraits de légendes de la musique brésilienne, et plongée au cœur de l’œuvre de Monet. Intitulé Monet, peindre la lumière, enrichi des illustrations d’artistes signées Eric Roux-Fontaine dont on saluera le travail exemplaire d’accompagnement du texte, l’ouvrage paru fin 2024 fixe sa narration sur les dernières années de la vie du peintre.

Pour reprendre la célèbre expression de Sartre à la fin des Mots, il est « un homme fait de tous les hommes, qui les vaut tous et que vaut n’importe qui ». Un homme se dévoilant, ici, sans nostalgie. Pétri de doutes comme de certitudes, Monet sait que son œuvre forte de plus de 250 tableaux, liée au bassin des Nymphéas à laquelle il travaille contre vents et marées, constitue l’aboutissement de son génie.

Des amis de Monet s’appelant Clemenceau, Pissarro, Renoir

C’est à une ultime promenade au cœur de son atelier de peintre comme de sa personnalité foisonnante que nous convie le livre de Jean-Paul Delfino. Apparaissent des amis qui s’appellent Clemenceau, Pissarro, Renoir, Sisley, Bazille. Nous emmenant aussi au Havre, Paris, Giverny, Londres et les Pays-Bas, Claude Monet entrouvre aussi la porte qui mène à ses deux amours : Camille Doncieux et Alice Hoschedé. La force de ce livre magique est de présenter les œuvres de Renoir, sans les expliquer, mais en donnant à sentir toute l’humanité dont elles sont pétries.

Le Brésil, l’autre patrie de Delfino

La deuxième patrie de Jean-Paul Delfino c’est le Brésil dont il connaît toutes les coutumes, les légendes, les écrivains et la musique. Pour preuve, ses deux ouvrages publiés en co-réalisation avec Helena Crudeli, documentariste d’une collection chez Istya & Cie. Le premier est consacré à João Gilberto (1931-2009), l’homme de la bossa-nova, et perfectionniste ayant coupé les ponts avec les normes musicales de l’époque. Le second brosse le portrait de Chiquinha Gonzaga (1847-1935), la première femme chef d’orchestre et inventrice du choro. Une artiste hors-norme qui s’est investie corps et âme pour l’abolition de l’esclavage au Brésil. Une combattante de la liberté, artiste émérite.

Et puis il y a L’homme qui rêvait d’amour ce roman picaresque où le Brésil est présent, (c’est la terre natale du héros) par lequel Jean-Paul Delfino plonge les lecteurs dans les tribulations de João Amarelo, un jeune homme issu du peuple, en quête d’amour absolu. C’est beau, nourri de mille histoires, et c’est écrit sous l’ombre tutélaire de cette pensée de Diderot, placé en exergue : « Il faut aimer : c’est ce qui nous soutient. »

Jean-Paul Delfino :  » Monet, peindre la lumière » avec les illustrations d’Eric Roux-Fontaine, Liralest/Le Pythagore éditions, 55 pages, 38 €. « L’homme qui rêvait d’aimer », Éditions Hervé Chopin, 338 pages, 19,50 €. En collaboration avec Helena Crudeli, : « João Gilberto », éditions Istya & Cie, 173 pages, 14,90 €. « Chiquinha », éditions Istya & Cie, 163 pages, 14,90 €.