Des manifestations anti-immigration sont attendues ce week-end, après l’appel du gouvernement, annoncé vendredi 22 août, autour d’une décision de justice suspendant l’hébergement temporaire de migrants dans un hôtel à Epping, au nord de Londres.

Depuis juillet, des manifestations anti-immigration se multiplient au Royaume-Uni devant des hôtels utilisés pour loger des demandeurs d’asile. Elles risquent de continuer, alors que le ministère de l’Intérieur britannique a annoncé vendredi 22 août faire appel d’une décision de justice ordonnant à un établissement situé à Epping, au nord de Londres, de temporairement cesser d’héberger ce public.

Mi-août, la municipalité locale avait effectué un recours en ce sens, que la Haute Cour de justice a validé mardi. Il s’agit là d’une épine dans le pied du gouvernement du travailliste de Keir Starmer car il a l’obligation légale de fournir un hébergement aux demandeurs d’asile, pendant que leur dossier est en cours d’examen.

Le succès initial du recours crée un précédent et pourrait pousser d’autres villes du pays à tenter de faire suspendre l’hébergement des demandeurs d’asile dans des hôtels.

Vendredi, le secrétaire d’État à la Sécurité, Dan Jarvis, a donc annoncé que le gouvernement allait faire appel de cette décision, alors que les migrants ont jusqu’au 12 septembre pour quitter Epping.

« Nous avons pris l’engagement de fermer tous les hôtels pour demandeurs d’asile mais nous devons le faire de manière organisée et maîtrisée », a-t-il déclaré à la presse.

La politique d’hébergement des migrants dans des hôtels avait été instaurée sous les conservateurs. Keir Starmer s’est engagé à arrêter d’avoir recours à ce type d’hébergement, jugé trop onéreux, d’ici 2029.

L’extrême droite ne décolère pas

Dans la même ligne, la ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, a déclaré vendredi que les ministres travaillaient à fermer les hôtels hébergeant des demandeurs d’asile « aussi rapidement que possible », mais dans le cadre d’un programme « ordonné ».

« Le ministère a fait appel dans cette affaire, afin de garantir qu’à l’avenir, la fermeture de tous les hôtels puisse être effectuée de manière correctement gérée dans tout le pays, sans créer de problèmes pour les autres régions et les conseils locaux », a-t-elle déclaré.

L’élu nationaliste Nigel Farage a appelé notamment les Britanniques à manifester aux abords des hôtels accueillant des demandeurs d’asile.

« Posez-vous la question suivante: de quel côté se range ce gouvernement? Est-il de votre côté ou du côté des jeunes hommes sans papiers qui viennent en Grande-Bretagne, dont trop nombreux, franchement, agressent nos jeunes femmes? », a-t-il demandé sur X aux partisans de son parti, Reform UK.

Selon The Guardian, des militants du parti d’extrême droite Homeland -une organisation dissidente de Patriotic Alternative- ont rassemblé des groupes en ligne pour tenter d’aider le mouvement anti-immigration lors de rassemblements similaires.

Ce week-end, des actions de ce type sont ainsi prévues dans une vingtaine de villes du Royaume, tout comme des contre-manifestations soutenues par l’association Stand up to racism.

32.000 demandeurs d’asile logent dans les hôtels

L’activité de Homeland dans ces manifestations est identifiable sur plusieurs groupes Facebook, souligne le média britannique.

L’un d’eux, Nuneaton Says No, est ainsi dirigé par cinq personnes, dont Adam Clegg et Andrew Piper, qui ont été cités par The Times comme des membres de Homeland. Par ailleurs, un autre administrateur, Matt Alexander, a posté des photos sur le réseau social lors d’une visite dans les Alpes allemandes au Nid d’Aigle, construit par les nazis près de la résidence secondaire d’Adolf Hitler.

Actuellement, plus de 32.000 demandeurs d’asile logent dans ces hôtels selon les données révélées jeudi par le ministère de l’Intérieur, soit une augmentation de 8% au cours de la première année au pouvoir du Parti travailliste. Pour autant, ces chiffres restent loin de ceux du pic de 2023, lorsque les conservateurs étaient au pouvoir.