Dans un entretien au Parisien-Aujourd’hui en France, le chef du gouvernement, qui se prépare à défendre son projet d’économies budgétaires à la rentrée, étrille l’appel à la mobilisation du 10 septembre baptisée «Bloquons tout».

François Bayrou n’a pas pris de vacances. Alors que la classe politique, comme les Français, ont largement profité de la pause estivale pour partir en congés, le premier ministre, lui, a voulu rester. Depuis Paris, il dit avoir consacré ce temps à préparer la rentrée, où il va devoir défendre un projet budgétaire d’économies massives, évalué à 43,8 milliards d’euros. Un défi pour le chef du gouvernement, qui ne dispose ni de majorité ni de solidarité au sein de la coalition gouvernementale.

«D’avoir été là, tous les jours, pour moi, c’était un signe, une main tendue aux Français», plaide-t-il dans un entretien accordé au Parisien-Aujourd’hui en France, mis en ligne ce samedi. Le premier ministre s’interroge sur la responsabilité des oppositions qui, selon lui, contribuent à précipiter le pays dans l’impasse. La gauche, en premier lieu La France insoumise, a relayé l’appel à une journée d’action le 10 septembre, baptisée «Bloquons tout», qui s’annonce comme point culminant de la tension sociale.


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«C’est : Le pays est devant de grands risques, tiens, nous allons le bloquer ! Comment défendre ça ?», interroge François Bayrou, dubitatif. «De Gaulle avait raison, les forces politiques sont obsédées par la prochaine élection. Et comme il est plus facile d’être contre… C’est comme dans le film Astérix et Obélix : mission Cléopâtre : “Pas content ! Pas content !”», ironise-t-il, mimant la scène.

«Il faudra que tout le monde participe»

Le premier ministre a également mis en cause le manque de bonne volonté des oppositions pour accepter de travailler plus afin de redresser les finances. François Bayrou se dit prêt à des ajustements sur l’effort demandé aux catégories les plus aisées, mais reste attaché à l’idée que «tout le pays travaille plus». «Cela a de la valeur moralement et financièrement», plaide le Béarnais. Pour tenter de mettre les Français de son côté, il multiplie les initiatives de contact direct, via son «podcast» et ses vidéos sur YouTube.

François Bayrou a ainsi invité les citoyens à lui écrire pour lui faire part de leurs doléances. Résultat, quelque 6000 messages sont arrivés, réclamant plus de justice fiscale, parlant temps de travail et s’opposant notamment à la suppression de deux jours fériés et à la réforme des retraites. «Ce qu’on entend le plus souvent : « Des efforts oui, mais pas pour moi, les immigrés, les riches, c’est eux qu’il faut faire payer »», déplore François Bayrou. «En réalité, il faudra que tout le monde participe, avec des garanties de justice».

Face aux récriminations sur les privilèges des élus, le premier ministre a annoncé lancer une mission pour étudier le sujet. À l’approche de cette rentrée sous haute tension, le chef du gouvernement refuse la résignation : «C’est la chute de la falaise ou le chemin pour s’en sortir», martèle-t-il, plaidant pour «une rentrée à la hauteur de l’Histoire», et allant jusqu’à déclarer : «Combattre, cela donne du sens à la vie».