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Toutes ces fêtes populaires qui s’éloignent d’un label lié à l’entrepreneur d’extrême droite Pierre-Edouard Stérin (Photo du Carnaval de Granville en Normandie)
POLITIQUE – Les fêtes de village disent non à Pierre-Édouard Stérin. Plusieurs festivités traditionnelles ont renoncé ces dernières semaines à adhérer ou à être labellisées par l’association « Les plus belles fêtes de France ». Ce projet, lancé au printemps, « s’engage pour que les traditions locales se perpétuent et pour que nos territoires demeurent des lieux vivants facteurs de lien social », selon son site. Le hic : le milliardaire conservateur Pierre-Édouard Stérin est l’un de ses mécènes.
Foires gastronomiques, carnavals, régates, comices agricoles, reconstitutions historiques… l’association se veut un « véritable catalyseur des richesses de nos territoires » en soutenant financièrement les festivités qui en font la demande. Selon Libération, cela consiste également aussi à la formation de leurs dirigeants au mécénat et à les aider juridiquement.
L’association « Les Plus Belles Fêtes de France » a été créée l’an dernier par la société Studio 496, dont Pierre-Édouard Stérin est devenu actionnaire au printemps, comme l’avait révélé le quotidien L’Humanité début juillet. Le président de Studio 496, Thibault Farrenq, a été candidat suppléant de l’alliance Ciotti-Le Pen aux dernières législatives en Vendée.
Ses liens avec Stérin passent aussi par la start-up Obole, spécialisée dans la levée de fonds, qui organise les soirées caritatives « La Nuit du Bien Commun », et dont l’homme d’affaires est également actionnaire.
Du piment d’Espelette aux champignons de Saint-Bonnet-le-Froid
De quoi doucher l’engouement de certains participants. Depuis le début de l’été, l’association a déjà labellisé 58 fêtes, or Libération en a recensé au moins 18 qui ont pris leur distance. Parmi elles, on trouve notamment Hendaye et sa fête basque, la fête du Piment d’Espelette, le Lehengo Hazparne-Hasparren d’autrefois, également au Pays basque. Puis la fête traditionnelle des bœufs gras à Bazas, en Gironde, la Fête des champignons de Saint-Bonnet-le-Froid en Haute-Loire, le Carnaval de Granville, le festival des Filets bleus à Concarneau (Finistère)
C’est également le cas du festival Grain d’pirate à Binic-Etables-sur-Mer (Côtes-d’Armor), les Grandes régates de Port-Navalo, à Arzon (Morbihan), la Kevrenn Alré, une association de danse et musique bretonne à Auray (Morbihan), la fête des Islandais et des Terre-Neuvas à Paimpol, la Pomme de terre en fête, à Plœuc-l’Hermitage ou encore les fêtes médiévales de Lesparre-Médoc (Gironde).
« On a été victimes d’une tentative d’instrumentalisation, a dénoncé auprès du Télégramme Thibault Guignard, le maire de Plœuc-l’Hermitage (Côtes-d’Armor). Cela doit nous interroger sur la capacité de ces groupes à pénétrer avec des méthodes nouvelles dans le milieu rural. » « Rien n’est écrit sur le site », a souligné auprès de l’AFP Dominique Montis, l’organisateur des fêtes de Lesparre-Médoc, qui dit avoir ignoré au moment de son adhésion « une quelconque affiliation politique » de l’association.
« Les Plus Belles Fêtes de France » dénonce une « campagne médiatique hostile »
Les organisateurs des fêtes de Bidache, au Pays basque, labellisées, ont aussi déploré « un acharnement de haine et de pression », notamment sur les réseaux sociaux, depuis la médiatisation de ces retraits et ont promis de quitter le label seulement « le jour où il nous imposera quelque chose ».
De son côté, l’association « Les Plus Belles Fêtes de France », se dit « victime d’une campagne médiatique hostile » dont « les détracteurs politisent un sujet qui ne l’est pas. » « Nous n’avons jamais demandé ne serait-ce qu’une modification de leur ligne éditoriale, de leur choix de prestataires ou de leur programmation », se défend l’association auprès de l’AFP.
Selon la structure, Pierre-Édouard Stérin, n’« est pas membre de l’association » et n’a été sollicité que par le biais d’« une fondation qu’il a créée », afin « d’obtenir des subventions, tout comme nous avons sollicité des aides européennes, des aides ministérielles, des subventions publiques et privées ».