Ils sont près de 60… sur 1.700 à avoir candidaté ! Des graffeurs venus du monde entier s’attaquent aux murs de Paimpol depuis ce vendredi 22 août 2025 dans les Côtes-d’Armor. Rien d’interdit : tous participent au 3ème « Meeting of Styles France », un rendez-vous international de street-art qui accroche le regard des passants. Ambiance…

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« Waouhhh, celui-là je l’aime beaucoup ! » « Ah ouais ? Moi, je préfère l’autre, à l’angle… » Nombreuses sont les remarques au pied des murs de Paimpol où fleurissent de nouvelles fresques, en ce week-end ensoleillé. « Ça met de la vie, c’est gai… » commente une grand-mère alors que son petit-fils interroge : « Mais comment ils ont fait pour dessiner aussi haut ? »

Qu’ils soient de passage, en vacances ou résidents à l’année, beaucoup de passants sont interpellés par le travail des street-artistes qui prend forme sous leurs yeux, depuis vendredi et le début du « Meeting of Styles France » dans les rues paimpolaises. « On voit les dessins se préciser… C’est génial de les voir travailler ! » réagissent Michèle et Jean-Pierre, enjoués.

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Ils sont près de 60, venus de 17 pays différents : les graffeurs qui s’activent depuis vendredi 22 août (et jusqu’à dimanche) dans différents quartiers de Paimpol (Côtes-d’Armor) ont été sélectionnés parmi près de 1.700 postulants. Reportage Valérie Chopin et Jean-Michel Piron. Montage : Guillaume Lancien.

©FTR

Pour la 3ème année, des graffeurs venus du monde entier, ont été invités à exprimer la variété de leurs talents sur plusieurs murs sélectionnés à l’avance. « Ils sont une soixantaine, mais près de 1.700 ont postulé » explique Nicolas Poujol, l’organisateur de cet événement qu’il n’hésite pas à qualifier de « Jeux Olympiques du graffiti ».

Brésil, Malaisie, Mongolie, Finlande, Grèce, Mexique ou encore Etats-Unis… Ces graffeurs de toutes origines, ne sont pas des amateurs, c’est « le haut du panier mondial qui a été sélectionné », poursuit le membre de TDF Crew qui organise l’étape française de ce « Meeting of Styles », rassemblement international de street-art.

Marios, dit "Spant" a tout un pignon à recouvrir d'une fresque créée avec "Noris" et "Cox", des graffeurs grec et français.

Marios, dit « Spant » a tout un pignon à recouvrir d’une fresque créée avec « Noris » et « Cox », des graffeurs grec et français.

© V. Chopin / France 3 Bretagne

« C’est un rendez-vous super intéressant pour nous » explique Marios, qui lui arrive de Grèce. « Spant » de son nom d’artiste, n’était encore jamais venu en France. Il apprécie le cadre, la douceur du climat ainsi que le défi qu’on lui a lancé : faire une fresque à trois mains, avec « Noris » un autre artiste grec et « Cox », un Rennais. « C’est un vrai challenge pour nous qui travaillons habituellement seul, chacun dans nos coins. Là il faut créer ensemble, c’est génial. »

« On a échangé des messages il y a deux jours, mais je ne les connais en réel que depuis vendredi matin », explique Cox qui est sûrement l’un des artistes à avoir fait le moins de kilomètres. Originaire en effet de la région rennaise, Corentin, de son prénom poursuit : « On a chacun des styles bien différents : portraits, lettrage… On s’est mis d’accord tous les trois pour mettre de la dynamique et du mouvement. » 

Hormis les artistes, nul ne sait, côté organisateurs, ce que va donner le résultat : « Libre cours à leur création ! » se réjouit Nicolas Poujol. « On apporte juste quelques contraintes de couleurs (NDLR : Paimpol est en AVAP, comprenez : aire de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine) on contextualise la ville et on définit les espaces, après chacun fait ce qu’il veut ! On demande juste aux artistes : pas de polémique, pas de message choc. »

Au total, ce sont plus de 1.500 mètres carrés de murs qui sont ainsi revus et colorés durant le week-end. Tantôt sur des espaces neutres, tantôt à la place d’anciens graffitis : « Le principe de départ c’était que les œuvres soient recouvertes tous les deux ans, parce qu’on ne peut pas et on ne veut pas que qu’il y en ait sur tous les murs ! L’idée c’était aussi d’inviter les gens à (re)venir régulièrement en découvrir de nouveaux » explique Nicolas, graffeur lui aussi et bien conscient que le street-art est éphémère par nature.

La baleine que l'artiste Horor a peint en 2024 sur un pignon du quartier Goas-Plat, a été adoptée par les Paimpolaises et Paimpolais.

La baleine que l’artiste Horor a peint en 2024 sur un pignon du quartier Goas-Plat, a été adoptée par les Paimpolaises et Paimpolais.

© V. Chopin / France 3 Bretagne

Bailleurs sociaux, bâtiments de France, mairie et organisateurs ont défini ensemble les espaces de création. Mais la population s’est visiblement habituée, pour ne pas dire « attaché » à certaines fresques, à l’image de la baleine que l’artiste Horor a peinte l’an dernier sur un pignon du quartier Goas-Plat : « Si toutes les œuvres deviennent patrimonialisées, on va finir pas avoir un problème… » sourit le membre de  TSF Crew, « mais nous n’en sommes pas là ! »

« C’est surtout bien la preuve que les Paimpolaises et Paimpolais se sont approprié ce nouveau mode d’expression ! » se réjouit la maire Fanny Chappé, pas peu fière du succès rencontré par l’événement depuis trois ans.

La ville finance en grande partie cet événement d’un budget proche de 35.000 euros. Les artistes sont logés et équipés (de bombes de couleur) : « Nous voulions offrir une promenade, inviter les gens à se promener dans différents quartiers et à les voir autrement » explique l’élue qui liste Goas-Plat, mais aussi le Champs de Foire, la balade du Quinic et la rue Marcel Cachin… Aux détracteurs qui critiqueraient l’initiative, elle rétorque : « Il ne s’agit pas ici de décoration murale, mais bien d’art, de création que nous soutenons ! On a voulu surprendre, proposer d’autres formes d’expression artistiques… »

Passionné de dessins, Aaron fait le tour des street-artistes (comme ici Caroline Vong)  durant le Meeting of Styles qui se déroule depuis 3 ans à Paimpol, pour s'inspirer de leurs styles.

Passionné de dessins, Aaron fait le tour des street-artistes (comme ici Caroline Vong) durant le Meeting of Styles qui se déroule depuis 3 ans à Paimpol, pour s’inspirer de leurs styles.

© JM Piron / France 3 Bretagne

Des formes qui en inspirent un certain nombre à l’image du jeune Aaron, croisé avec son père Joël, un cahier à la main : « Ça, c’est l’autoportrait de Ben, devant la mairie… Celui-là j’aimerais bien arriver à le faire » commentent-ils en feuilletant les pages. Le garçon, amateur de dessins, collecte depuis deux ans déjà, une collection d’autographes artistiques : « Des fois, à la maison, je les prends comme modèle pour dessiner à mon tour… » L’art et la manière d’observer, pour trouver son propre style !

« Meeting of Styles » se poursuit jusqu’à dimanche à Paimpol où en plus des performances en direct et à ciel ouvert, des ateliers d’initiation et des expositions sont proposés gratuitement !