À Strasbourg, des milliers d’étudiants peinent chaque année à se loger, concurrencés par l’industrie touristique. La municipalité cofinance des logements étudiants, tente de limiter la création de résidences secondaires et soutient quelques initiatives solidaires.
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Camille Curnier
Publié le 21 août 2025 ·
Imprimé le 23 août 2025 à 23h55 ·
3 minutes
Entre un mur décrépit orange et des néons jaunes vacillants, Suzanne Brolly, adjointe à la maire de Strasbourg, a présenté mercredi 20 août lors d’une conférence de presse, un projet de résidence étudiante. Rue du Général-Picquart dans le quartier de l’Esplanade, ce bâtiment désaffecté doit être transformé d’ici 2028 en 148 logements.
La collectivité soutient en outre la création d’une nouvelle résidence étudiante de 500 places sur la place d’Islande à hauteur de 4 millions d’euros. Entre 2022 et 2024, 265 nouveaux logements étudiants ont été agréés.
Mais ces nouveaux équipements ne résoudront pas la crise qui se répète chaque année. Des milliers d’étudiants se retrouvent sans solution, coincés entre une offre de logements insuffisante et des loyers parmi les plus élevés du marché. Suzanne Brolly reconnaît que le logement étudiant reste l’un des « chantiers sociaux majeurs » de la municipalité.
Une hausse des étudiants modestes
À la rentrée 2023, près de 68 000 étudiants étaient inscrits à Strasbourg, un chiffre en progression constante, 12 % depuis 2015. Mais l’Observatoire territorial du logement étudiant (OTLE), créé par les agences d’urbanisme de Strasbourg (Adeus) et Mulhouse (Afut), rappelle que 24% de ces étudiants sont boursiers. S’ajoute à cela 20 %, d’étudiants internationaux, contre seulement 13 % en moyenne nationale, souvent plus exposés à la précarité et n’ayant pas accès aux bourses de l’État.
Face à cette demande croissante, Strasbourg ne dispose que de 11 600 places en résidences étudiantes. Le reste des étudiants doit se tourner vers le parc privé, où « il faut compter un loyer compris entre 600 et 800 euros par mois, voire davantage », détaille l’OTLE. En comparaison, un logement en résidence Crous commence autour de 400 euros pour les loyers les plus bas. À la rentrée 2023, 4 748 logements ont été libérés, demandés par plus de 10 200 étudiants…
Encadrer les « meublés touristiques »
À Strasbourg, la municipalité cherche à empêcher la prolifération des logements transformés en « meublés touristiques », type Airbnb, qui réduisent l’offre disponible pour les habitants et les étudiants. Pour y parvenir, la Ville a modifié le règlement municipal, pour notamment obliger les propriétaires à proposer un logement pour tout meublé de tourisme créé. Ensuite, l’application de la loi Le Meur, votée en 2024, permet d’empêcher la création de résidences secondaires dans certains secteurs.
Cette décision répond aussi à une situation paradoxale : « Aujourd’hui, à Strasbourg, les plus petits logements coûtent parfois plus cher au mètre carré que les grands, car ils sont prisés par les propriétaires car plus rentables que les locations résidentielles », souligne Mathilde Huault, de l’Observatoire du logement étudiant.
Suzanne Brolly de son côté, attend des mesures de l’État :
« Il faut qu’il y ait un effort du côté du ministère de l’Économie et des Finances pour que la règlementation fiscale ne favorise plus les meublés de tourisme au détriment des logements. »
Des outils d’aides et subventions
Depuis 2021, plusieurs outils facilitent la recherche d’un logement étudiant à Strasbourg. Sur le site « Strasbourg aime ses étudiants », une page recense des offres et oriente vers les aides existantes. Une carte de l’OTLE permet de localiser l’ensemble des résidences étudiantes de l’Eurométropole. Le site de la Maison de l’habitat rassemble des informations pratiques et des conseils pour mieux s’orienter dans le parcours locatif.
La collectivité soutient des alternatives solidaires, 32 000€ pour les « colocs’ solidaires Kaps », permettant à des jeunes de vivre en colocation à moindre coût tout en s’impliquant auprès des habitants des quartiers populaires, et 15 000€ pour le dispositif d’hébergement d’urgence de l’Association des étudiants de Strasbourg (Afges).