Aucune piste n’est privilégiée, a indiqué ce jeudi 17 avril 2025 le procureur de la République antiterroriste après les attaques ayant visé des prisons en France lors d’au moins trois nuits consécutives. « Tout est possible, aucune piste n’est fermée », a souligné Olivier Christen sur franceinfo, ajoutant qu’aucune arrestation n’avait été faite jeudi matin.

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Pas d’arrestation

« Il n’y a pas de piste qui soit privilégiée », a indiqué le procureur. Des expertises techniques devraient remonter dans les prochaines heures ou prochains jours, comme les analyses ADN, d’écoutes… « Il y a évidemment des éléments qui commencent à remonter vers telle ou telle orientation », a-t-il concédé. Des soupçons se sont notamment portés sur la piste du narcobanditisme.

« Il n’y a pas eu d’arrestation au moment où nous parlons », a par ailleurs ajouté le procureur de la République antiterroriste.

Selon lui, « il n’y a pas eu de fait commis cette nuit ». Au total, huit départements ont été touchés. Un tiers des actes ont été commis dans les Bouches-du-Rhône, et un tiers dans la région Île-de-France, a-t-il précisé.

Outre les deux attaques avec des armes lourdes à Toulon – avec une kalachnikov – et contre la maison d’arrêt d’Aix-Luynes, le procureur a fait état de douze actes ayant visé des prisons en France depuis trois jours : « Deux faits contre des domiciles personnels d’agents pénitentiaires, l’attaque qui a été commise contre des véhicules dans les parkings de l’école nationale de l’administration pénitentiaire, neuf faits contre des établissements pénitentiaires, dont un fait contre un établissement de la protection judiciaire de la jeunesse », a-t-il listé. Au total, 21 véhicules ont été incendiés et une dizaine de véhicules dégradés, outre les attaques commises avec des armes à feu.

Un groupe tout juste créé

Dans la plupart des actions recensées depuis dimanche, de mystérieuses inscriptions « DDPF », apparemment pour « défense des droits des prisonniers français », ont été retrouvées.

« C’est un groupe qui n’existait pas jusqu’à il y a quelques jours », a indiqué le procureur. « C’est un groupe qui a été créé sur Telegram il y a quelques jours, qui était complètement inconnu des différents services de renseignements. Donc nous en savons assez peu de choses », a-t-il reconnu.

« Ça peut être des groupes de radicalisés politiques, ça peut être des groupes plus liés à la criminalité organisée, ça peut être aussi une convergence d’objectifs avec des personnes qui se manipulent les unes des autres, tout est possible. »

Et sur l’éventualité d’une ingérence étrangère ? « Tout est possible, aucune piste n’est fermée, mais il n’y a pas d’élément au moment où nous parlons qui permettrait de penser que c’est le cas », a répondu le procureur.

Le groupe Telegram créé au nom de « DDPF », ayant revendiqué des actions, a été fermé « à la demande de l’autorité judiciaire », a confirmé le procureur antiterroriste.

Une action « concertée »

Il a par ailleurs justifié l’ouverture de l’enquête sur les attaques par le parquet national antiterroriste (Pnat), évoquant une action coordonnée. « Le terrorisme relève de plusieurs qualifications possibles, dont celle du terrorisme par intimidation, qui n’est pas définie précisément dans la loi, mais qui correspond à une action d’une exceptionnelle gravité, qui a pour finalité de faire pression sur la population ou sur les pouvoirs publics pour qu’ils fassent ou ne fassent pas quelque chose », expliqué Olivier Christen.

« Au vu des faits, on peut considérer que c’est une qualification qui pourrait être retenue dans la mesure où nous avons été confrontés à une action concertée sur l’ensemble du territoire national. »

Le procureur a expliqué que la saisie de l’enquête par le Pnat « permet de coordonner les investigations sur tout le territoire » en offrant « des moyens spécifiques […] pour s’assurer que tous les éléments utiles remontent et d’avoir un seul point de pilotage des investigations ».