DON’T FUCK WITH UNICORNS

Un coup d’œil sur le titre et l’affiche suffit pour comprendre le concept de la dernière sortie A24 : assombrir, et même pervertir l’imagerie généralement colorée et inoffensive des licornes… comme dans le film d’horreur La Cabane dans les bois, le film de super-héros Shazam 2 ou même Black Moon, un long-métrage réalisé par Louis Malle et sorti en 1975. L’idée n’est donc pas neuve, mais Death of a Unicorn a au moins le mérite de monter d’encore deux ou trois crans dans l’horreur, la violence et la surenchère comique.

Le postulat est même plutôt aguicheur : Elliot (Paul Rudd) et Ridley (Jenna Ortega) renversent une licorne en voiture, la ramènent faute de savoir quoi en faire, et se retrouvent pourchassés par ses parents qui s’avèrent être des créatures démoniaques assoiffées de sang. De quoi accepter le trope éculé de la relation père-fille dégradée vouée à s’améliorer d’ici le générique de fin.

Il a toutefois fallu que le scénario, également écrit par Alex Scharfman, y mêle des riches excentriques (dont un qui est atteint d’un cancer), du sang magique de licorne qui guérit toutes les maladies du monde et une entreprise pharmaceutique avide d’exploiter cette précieuse ressource. Fatalement, tout ça rend le programme beaucoup plus consensuel et attendu qu’escompté.

Au final, le cœur du film n’est pas tant les licornes et leur mythologie, mais bien une énième gentille satire sur les élites déconnectées de la réalité et du reste de l’espèce humaine, ce qui est encore moins original que les licornes.

Death of a Unicorn

On ne joue pas à saute-mouton avec une licorne. À méditer.MY LITTLE PONY OF HELL

En voulant se moquer des membres de la riche famille Leopolds, l’histoire n’a que des personnages unidimensionnels vus et revus à offrir, avec quelques vannes bien trop évidentes, notamment quand le personnage débile de Will Poulter sniffe de la corne de licorne en poudre, qui lui provoque quelques expériences cosmiques colorées. Soudain, le souvenir des leggings imprimés galaxie et des grenouillères licornes nous revient en mémoire, et c’est plus du stress post-traumatique que de la nostalgie des années 2010.

Jenna Ortega joue une jeune fille blasée, mais pas trop, les affres de l’adolescence étant réduits à trois boutons d’acné et une mine bougonne, tandis que Paul Rudd joue une énième variation du papa maladroit, mais aimant. Reste quelques scènes plutôt marrantes et cruelles, comme les mises à mort dans le manoir ou la première attaque des parents licornes, et une fin volontairement ambiguë qui laisse la possibilité d’un dénouement moins banal que tout le reste de l’histoire.

Pauld Rudd, Jenna Ortega, Death of a Unicorn

Écraser des animaux sur la route, ça rapproche

Mettons toutefois les choses au clair : Death of a Unicorn n’est pas un mauvais film en soi, juste une petite déception certainement imputable à des attentes bien trop élevées. C’est du moins le cas pour la rédactrice de ces lignes.

Le fait qu’il soit distribué aux États-Unis par A24 a sûrement inconsciemment joué, le studio étant désormais associé à un cinéma d’auteur et à une exigence supérieure. C’est ce fameux ou fumeux concept d’elevated horror tant débattu dans les sphères cinéphiles. Mais la production, elle, a été assurée par la jeune société Secret Engine, également derrière le film de 2024 Hold your Breath, dont le concept était là encore fort attirant, mais le résultat plutôt faible.

Même s’il n’est pas aussi pertinent, drôle ou méchant qu’il le pourrait, Death of a Unicorn devrait donc au moins divertir un peu le temps d’une soirée, à défaut de réinventer la roue.

Death of a Unicorn, affiche