« Il y aurait des livres à écrire sur l’histoire de chacun de ces soldats », glisse Christophe Galès, coprésident de l’association Iroise-Ukraine. Celles de Kostiantyn et Oleksandr en mériteraient assurément. À l’occasion de la Fête de l’indépendance, célébrée place de la Liberté ce samedi 23 août 2025, ces deux combattants ukrainiens, gravement blessés pendant la guerre face à la Russie, ont livré leurs témoignages à Brest, où ils sont soignés à l’Hôpital d’instruction des armées (HIA).
Symboliquement, un homme drapé aux couleurs de l’Union européenne tend un drapeau ukrainien à une danseuse, ce samedi 23 août 2025, place de la Liberté, à Brest. (Photo Le Télégramme/Paul Bohec)« Les médecins ne pensaient pas qu’il s’en sortirait vivant »
Le premier garde la trace de cicatrices qui lui courent tout le long du visage sur les côtés. « Je faisais partie de la quatrième brigade blindée », raconte, en ukrainien, cet ancien ingénieur ferroviaire, parti à la guerre en 2022. En janvier 2023, il est touché par un tir d’artillerie russe à Soledar, au nord de Bakhmout, où il s’est aussi battu. Gravement blessé au visage, aux bras et surtout aux jambes, il est d’abord ramené par ses frères d’armes en retrait du front dans un point de stabilisation. « J’ai été ensuite envoyé à Kramatorsk puis dans le grand hôpital militaire de Dnipro par hélicoptère avant d’être transféré à Lviv, dans l’ouest du pays », énumère ce père de famille de 34 ans.
Cette mère de famille ukrainienne a perdu son beau-fils à la guerre. Une chanson qui évoque la fleur Malva, symbole du pays, a été interprétée par les trois jeunes filles derrière elle. (Photo Le Télégramme/Paul Bohec)
« Au début, vu l’ampleur de ses blessures, les médecins ne pensaient pas qu’il s’en sortirait vivant », souffle Svitlana Jestin, l’autre coprésidente d’Iroise-Ukraine, qui assure la traduction. Mais son état se stabilise. Le HIA de Brest qui a pu consulter son dossier a estimé être capable de s’occuper du soldat. Après huit mois d’antibiothérapie, des greffes osseuses, Kostiantyn, qui n’a pratiquement pas quitté l’hôpital tout ce temps, s’offre sa deuxième sortie. La première étant pour se rendre à la mer.
Un hommage a été rendu notamment à Oleksandr (à gauche) et Kostiantyn (à droite), soldats ukrainiens gravement blessés lors de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. (Photo Le Télégramme/Paul Bohec)Blessé par un explosif largué d’un drone
S’appuyant sur des béquilles, le soldat de 34 ans a déjà perdu une jambe, remplacée par une prothèse, mais espère recouvrer l’usage de la seconde. « Je préfère mourir qu’on me coupe l’autre », confie celui qui espère retourner au plus vite en Ukraine auprès de sa femme et ses deux filles mais doit attendre la fin du programme de soins.
Kostiantyn et Oleksandr sont deux soldats ukrainiens qui ont été soignés à l’Hôpital des armées de Brest après avoir été blessés sur le front lors de la guerre face à la Russie. (Photo Le Télégramme/Paul Bohec)
Debout à ses côtés, tout de noir vêtu, Oleksandr a lui aussi été soigné à Brest. Manches longues malgré la chaleur, il les remonte pour laisser à son tour dévoiler des blessures impressionnantes aux bras. Membre de la 425e brigade d’infanterie, il a été gravement blessé par un explosif largué par un drone FPV à Toretsk, en 2024. L’homme de 38 ans est resté allongé soixante heures avant que les soldats ukrainiens ne puissent lui porter secours. Comme son compagnon, il est passé par Lviv avant d’arriver à Brest. « Merci à la France, merci aux médecins, merci à tout le monde pour le soutien et pour ne pas baisser les bras », lâche-t-il au micro devant les 150 personnes rassemblées, place de la Liberté, ce samedi.
« Il n’y a pas d’autre chemin que celui de la victoire »
« On vous souhaite ne jamais vivre la même chose », ajoute Kostiantyn qui se rappelle, lorsque la guerre a éclaté, avoir couru avec ses enfants et sa femme pour se mettre à l’abri lorsque les bombardements ont frappé à 4 h du matin. « Il se passe une guerre tragique et horrible que l’Europe n’a pas connue depuis 1945. Mais je suis optimiste : il n’y a pas d’autre chemin que celui de la victoire pour l’Ukraine », conclut-il, en exhortant la France et l’Europe à accentuer leur soutien à son pays.
Pour la journée de l’indépendance de l’Ukraine, de nombreux membres de la communauté ukrainienne et des associations locales ont participé à un après-midi festif organisé sur la place de la Liberté, ce samedi 23 août 2025, à Brest. (Photo Le Télégramme/Paul Bohec)
« L’Ukraine est forte : nous gagnerons, soit en combattant, soit avec la diplomatie », assure-t-il, alors que s’agitaient les nombreux drapeaux bleu et jaune et résonnaient les « Slava Ukraini ».