Par

Thomas Blanc

Publié le

24 août 2025 à 6h04

Dans le centre-ville de Marseille, les commerçants ne vivent pas les meilleures heures de leur histoire. L’absentéisme des touristes français a plombé la saison dès le mois de juillet qui aura été très difficile. Mais qu’en est-il chez nos voisins insulaires du Frioul ? Entre manque de communication et suppression des navettes vers l’archipel, le ton monte chez les gérants des boutiques.

Des difficultés typiques de 2025

Depuis le début de la saison estivale, l’archipel du Frioul, au large de Marseille, connaît une baisse de sa fréquentation touristique. Et c’est assez marquant en débarquant de la navette maritime, sur le port la foule ne se presse pas dans les différents glaciers et snacks. Un ralentissement qui inquiète les commerçants de cette petite communauté insulaire vivant exclusivement du tourisme.

« Le mois de juillet a été plus que difficile » lance Jérôme Latapie, gérant du Cabanon du Frioul sur le quai d’Honneur du port, installé depuis trois ans.

Pour Jean-Guy, restaurateur au Frioul depuis plus de deux décennies et patron du Dauphin, « il n’y a rien de comparable entre l’été 2024, qui a été une bonne année, et l’été 2025 », on ne peut faire plus clair…

« Le vrai combat, c’est contre la métropole »

Selon eux, la principale cause résiderait dans les nombreuses annulations de dessertes maritimes. La Régie des Transports Métropolitains (RTM) gérant les trajets reliant le Vieux-Port au Frioul serait contrainte d’annuler régulièrement ses rotations, notamment en cas de vent ou de problèmes techniques. Conséquence : moins de visiteurs sur un archipel qui ne peut accueillir de toute manière qu’un maximum de 5000 visiteurs par jour et une activité économique qui s’étiole.

Le vrai combat est contre la métropole qui met de la mauvaise volonté. Ils ne desservent presque pas le Château d’If à cause des conditions climatiques soit disant trop difficiles et ça nous pénalise car le Frioul est la suite logique de la visite du château.

Jérôme Latapie
Patron du Cabanon, au Frioul

Un couple de gérants d’un gros établissement estime même que cela fait « au moins 15 ans que l’on n’a pas vu un mois de juillet aussi compliqué. »

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« Depuis qu’il n’y a plus GACM [l’ancienne compagnie en charge de la liaison entre le Vieux-Port et le Frioul] nous n’avons plus une bonne desserte, fustige Jean-Guy, attablé à la terrasse de son restaurant, regard sur le port, presque désert. Je suis sur l’île depuis 25 ans, j’en ai connu des coups de vent, jamais, je n’ai vu un été avec autant d’annulations de navettes et c’est injustifié. »

Le port du Frioul, vide de tout visiteur à l'heure du déjeuner le 22 août 2025.
Le port du Frioul, vide de tout visiteur à l’heure du déjeuner le 22 août 2025. (©Thomas Blanc / actu Marseille)

« Les difficultés seraient apparemment liées au climat et au vent, il n’a pas changé et les années précédentes, nous avions plus de bateaux et donc plus de visiteurs » s’étonne Alain Anaton, patron L’Effet Mer l’été et kinésithérapeute le reste du temps.

« Nous avons eu plusieurs réunions avec la métropole, ils disent toujours ‘oui oui’ mais rien n’a changé », conclut Jean-Guy sur ce sujet.

Le Frioul pas assez mis en avant

Les acteurs locaux pointent également du doigt un déficit de communication de la part de la Ville de Marseille et de son office de tourisme. Si le Château d’If, situé à proximité et rendu célèbre par la littérature, bénéficie d’une forte promotion, ils estiment que le Frioul, reste dans l’ombre.

Guillaume Argouach est co-président de l’association des commerçants du Frioul, jusque-là en sommeil, et gérant de Calanques Evasion. « On essaie de relancer l’association pour trouver des interlocuteurs, que l’on fasse enfin attention à nous car on est toujours la dernière roue du carrosse » explique-t-il depuis sa cabane au bord de l’eau où il loue kayaks, paddles et bateaux sans permis aux visiteurs.

Et il n’est pas le seul à le penser. Jean-Guy, estime que « le commerce n’est pas assez mis en avant par l’office de tourisme. La communication touristique s’arrête au Château d’If et s’il n’est pas desservi, le Frioul n’existe plus. »

La peur que 2026 ressemble à 2025

Guillaume Argouach remet une pièce dans la machine en insistant, « sur le Vieux-Port, il n’y a aucune communication, personne ne sait qu’il y a des activités au Frioul, un petit train, des restaurants, etc. »

L’heure n’est pas encore au bilan de la saison puisque « l’on peut faire du chiffre jusqu’à fin octobre », indiquent certains professionnels de l’archipel, mais la période la plus intense de la saison n’aura pas tenu toutes ses promesses.

En attendant des améliorations du côté des dessertes maritimes et une meilleure promotion de leur territoire, les commerçants redoutent que cette baisse de fréquentation ne devienne une tendance durable.

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