Le photographe strasbourgeois Fabrice Mercier publiera en octobre « SynchroniCité ». Fruit de quatre années à arpenter la capitale alsacienne, son premier recueil photos rassemble des instants où la rue accueille d’improbables coïncidences visuelles.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg,
abonnez-vous.

Camille Curnier

Publié le 24 août 2025  ·  

Imprimé le 24 août 2025 à 07h03  ·  

2 minutes

Un passant qui se fond dans les couleurs bariolées des chaises d’un café, une robe aux motifs géométriques qui rappelle les pots de fleurs voisins, un manteau qui se fond dans une fresque murale… Au bon endroit et au bon moment, le hasard compose des images furtives, que le regard affûté de Fabrice Mercier sait révéler. Hoenheimois depuis six ans mais Strasbourgeois de naissance, le photographe de 54 ans s’apprête à publier en octobre son premier album photographique « SynchroniCité », consacré à ces instants furtifs où la vie urbaine compose des tableaux improbables.

Créer le hasard

« Strasbourg, c’est sur mon chemin quand je rentre du travail. Je pose mon vélo et je marche pendant deux heures, sans réel but », décrit Fabrice Mercier. Éducateur dans un foyer d’accueil pour personnes en situation de handicap à Illkirch-Graffenstaden, il ne vit pas de la photographie. Et pourtant, ce rituel du soir, cette manière de prolonger la route, est peu à peu devenu une passion : « C’était mon quotidien du lundi au samedi ces dernières années. Une sorte de bouffée d’oxygène qui me permettait de voir autre chose. »

De par sa sensibilité et son engagement dans le social, Fabrice Mercier a naturellement porté son regard vers les êtres humains plutôt que vers des paysages figés. Peu à peu, il a appris à repérer ces moments où la ville offre des images qu’on croirait composées :

« J’ai trouvé une sorte de technique, qui n’est pas innée et qui n’est pas mienne, mais qui m’a permis de travailler à faire coïncider le sujet avec son environnement. Au début, je photographiais simplement des gens qui marchaient dans la rue, mais très vite, il fallait que quelque chose se passe, qu’il y ait une interaction entre la personne et son environnement. C’est là que la photo prenait vie. »

Redécouvrir Strasbourg

Au travers de son objectif, Fabrice Mercier témoigne aussi de l’évolution de Strasbourg. En quatre ans, il a immortalisé la ville en perpétuelle transformation. Ses archives donnent à voir le cinéma voisin de la librairie Kléber, encore appelé L’Odyssée, aujourd’hui rebaptisé Cosmos. Ailleurs, des fresques de street art qui ont aujourd’hui disparu.

Les images de Fabrice Mercier se concentrent en grande partie dans l’hypercentre de la ville. Un terrain qui concentre autant de scènes de vie pleine de légèreté que de réalités plus dures. « En quelques années, j’ai vu beaucoup plus de précarité dans la rue. Ce n’est pas forcément ce que je vais chercher à photographier de prime abord, mais c’est une réalité qui s’impose aussi à moi », constate-t-il.

Un premier livre en crowdfunding

Ce style photographique a rapidement trouvé son public sur les réseaux sociaux. Après une première exposition intitulée « Comédie urbaine » en 2022 à la Cour des Boecklin à Strasbourg, et quelques publications dans des revues comme Or Norme, Fabrice Mercier a décidé de lancer son premier livre photographique. Rassemblant près de 500 clichés pris entre 2021 et 2025, le projet se finance grâce à une campagne participative ouverte le 20 août. Il nécessite la vente de 150 premiers exemplaires pour pouvoir être imprimé. À l’heure d’écrire ces lignes, le livre n’est donc disponible au tarif de 30 euros qu’en précommande sur le blog du photographe.