L’ONU a officiellement déclaré une famine à Gaza vendredi, un «mensonge éhonté» selon le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, dont le gouvernement menace de destruction totale la ville de Gaza si le Hamas n’accepte pas la paix à ses conditions.

«En tant que survivants de l’Holocauste et Juifs ayant échappé aux nazis, nous ne pouvons rester silencieux face à la faim et aux privations qui menacent la vie des civils à Gaza», écrivent douze survivants de la Shoah dans une lettre publiée sur le site du Mirror  vendredi 22 août. «Nous ne comparons pas l’action d’Israël à Gaza aux chambres à gaz nazies. Les meurtres du 7 octobre, lorsque des Juifs ont été massacrés sur cette terre qui leur promettait refuge, nous ont horrifiés et nous comprenons la douleur d’Israël.»

L’ONU a officiellement déclaré une famine à Gaza vendredi, un «mensonge éhonté» selon le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, dont le gouvernement menace de destruction totale la ville de Gaza si le Hamas n’accepte pas la paix à ses conditions. Après des mois d’alertes de l’ONU et d’ONG humanitaires, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) onusien, a confirmé qu’une famine était en cours dans le gouvernorat de Gaza (nord). Selon des experts de l’ONU, plus d’un demi-million de Gazaouis affrontent des conditions «catastrophiques», le niveau de détresse alimentaire le plus élevé de l’IPC, caractérisé par la famine et la mort.


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«Notre colère ne doit pas nous conduire à déshumaniser ceux que nous craignons»

«Nous condamnons le Hamas pour ses visées génocidaires, ses prises d’otages et son mépris pour la vie des Palestiniens et des Juifs. Mais notre colère ne doit pas nous conduire à déshumaniser ceux que nous craignons, car nous savons où cela peut mener», poursuivent les signataires. Parmi eux : Éva Clarke, née au camp de concentration de Mauthausen le 29 avril 1945 ; Ruth Shire, une survivante de l’Holocauste d’origine allemande envoyée dans l’Oxfordshire pour échapper aux nazis par ses parents, à l’âge de 15 ans ou encore Hanneke Dye, née en Hollande dans la clandestinité en 1943 pendant l’occupation nazie et envoyée dans une famille d’accueil jusqu’à la fin de la guerre

«Nous soutenons le droit d’Israël à défendre son peuple. Mais cette défense ne doit pas entraîner la mort lente des enfants palestiniens par la faim. Nous savons trop bien ce que signifie ressentir la faim, voir les jeunes maigrir et s’affaiblir et voir ses voisins dépérir», ajoutent-ils.

«Victoire à la Pyrrhus pour Israël»

«Nous nous joignons à la Ligue arabe et à de nombreux gouvernements pour appeler le Hamas à libérer immédiatement tous les otages, à cesser d’utiliser les civils comme boucliers et de détourner l’aide. Ce n’est que lorsque son règne tyrannique sur Gaza prendra fin qu’Israéliens et Palestiniens pourront vivre en sécurité. Mais que se passerait-il si, en tentant de renverser le Hamas, le traumatisme de la faim et de la guerre incitait la prochaine génération à réclamer vengeance ? Ce serait une victoire à la Pyrrhus pour Israël.»

«Au nom de notre humanité commune, nous implorons tous ceux qui ont la responsabilité de nourrir les plus vulnérables et d’empêcher la famine chez les Palestiniens de Gaza. Si vous refusez de nourrir les affamés pour toute autre raison, faites-le en notre nom. C’est la norme la plus basse à laquelle nous devrions tous nous attendre», concluent-ils.

L’attaque du 7 Octobre a entraîné la mort de 1219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 62.192 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le Hamas. Ces chiffres n’ont pas pu être vérifiés d’une façon indépendante.