Compliquée, l’histoire de Marie Perrin. Elle a cherché, mais aucune vidéo témoignant des événements ne semble avoir fait surface. Alors c’est son récit contre celui de la compagnie Lufthansa. Et sa version des faits qui l’ont conduite à se faire « traîner au sol » par la police fédérale allemande est on ne peut plus cinglante envers la compagnie aérienne. Victime d’une affection des nerfs au niveau du bassin qui la contraint depuis 4 ans à se déplacer en fauteuil roulant et se voir administrer de la morphine, Marie Perrin partage sa vie entre Aix-en-Provence et l’Italie.

Elle voyage en avion « tous les 2 à 3 mois », sans jamais se séparer de son chat, Pimpa. Chaque fois, la femme de 39 ans peut compter sur le personnel de bord pour l’aider, dit-elle. Et d’ajouter que quand c’est possible, elle négocie avec le personnel de bord « deux ou trois places invendues » pour pouvoir s’allonger et soulager son dos. « Ce n’est pas très très réglementaire, mais en général ça passe. »

« C’est de la maltraitance »

Selon Marie Perrin, un premier vol entre Rome et Marseille avec escale à Francfort le 14 juillet, a tourné au fiasco après un reroutage à l’aéroport de Friedrichshafen, à 4h de route de Francfort. Des heures d’attente interminables avant de trouver une navette munie d’une rampe, des heures de trajets dans les bouchons jusqu’à Francfort, une arrivée à l’hôtel au milieu de la nuit, sans rien d’autre à manger que quelques snacks, puis un départ programmé tôt le matin du 15 juillet pour être à l’heure à un rendez-vous médical ont fait que selon ses dires, Marin Perrin a embarqué sur le Francfort-Marseille de 8h30, sans avoir pu petit-déjeuner ni aller aux toilettes.

« Pour moi, c’est de la maltraitance ». Une fois à bord, comme à son habitude, elle a demandé s’il y avait deux sièges de libre quelque part. « On m’a dit non. Mais j’étais à l’avant de la classe éco, j’ai vu qu’il y en avait deux, trois en classe business. J’ai retenté le coup en me disant que vu les événements de la veille, ils seraient sûrement compréhensifs. » Nouveau refus du personnel. Puis l’escalade. « Ils sont revenus 5 minutes après me faire remarquer que je n’avais pas la ceinture. Je n’arrivais pas à l’attraper. D’habitude ils m’aident, ils sont là pour ça. Ils m’ont regardé, ils n’ont rien dit. Au bout de 20 minutes, le commandant de bord est venu me charger à bloc, en me disant que je m’étais comportée comme une enfant, et qu’ils avaient appelé la police. »

Marie Perrin affirme qu’elle ne s’est pas montrée agressive, et aurait pour elle le témoignage d’une amie « placée vingt sièges derrière moi » prête à assurer qu’elle ne l’a pas entendue hausser la voix. « J’ai demandé pourquoi on voulait me débarquer. Il n’y avait pour moi aucune base légale. » La police fédérale allemande n’aurait elle aussi rien voulu entendre. « J’avais ma ceinture, ma voisine de siège m’avait aidé à la mettre. Comme on leur a dit qu’il fallait débarquer une passagère qui refusait de mettre sa ceinture, les policiers n’ont pas cherché à comprendre, ils l’ont défaite, m’ont traînée sur le sol, sans égard pour ma douleur ou mon handicap. Ensuite j’ai été menottée. » La suite, c’est 6 heures au poste, avec fouille corporelle.

Interdite de vol sur Lufthansa

Contactée, Lufthansa raconte une tout autre version. « Après une enquête approfondie, nous rejetons clairement l’accusation d’une passagère à mobilité réduite selon laquelle notre équipage l’aurait traitée de manière inappropriée sur un vol entre Francfort et Marseille. Bien que l’équipage ait fait tout son possible pour aider la passagère, la situation s’est malheureusement tellement aggravée que celle-ci a dû être exclue du vol pour des raisons de sécurité en raison de son comportement agressif, notamment parce qu’elle n’avait pas suivi plusieurs consignes de l’équipage », déclare la communication du groupe, avec laquelle nous nous sommes longuement entretenus.

Et de poursuivre : « Comme elle a refusé d’attacher sa ceinture de sécurité, le vol a dû être interrompu juste avant même le décollage à Francfort. L’avion a dû retourner à sa position de stationnement à Francfort. Le vol avait ensuite un retard de plus de deux heures. Comme la passagère refusait de quitter l’avion de son plein gré, la police fédérale a finalement dû être appelée. »

Marie Perrin est interdite de vol sur la compagnie Lufthansa « pour une durée indéterminée ». Elle envisage une action en justice, et lance un appel à témoignages et à vidéos aux passagers du vol LH 1086 du 15 juillet entre Francfort et Marseille.