Cette semaine, nous partons à la rencontre de cinq artistes corses qui partagent leur passion sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, la graveuse Rose, qui met la nature et la spontanéité au cœur de sa démarche artistique.
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Certains peignent, d’autres sculptent ou même dessinent. Dans son atelier d’Ajaccio, Rose s’exerce aux trois à la fois à travers son art de prédilection : la gravure. Paysages de l’île, bars de ville ou visite du pape François : grâce à cette technique, la jeune femme donne vie à des scènes au tracé unique, en utilisant principalement l’encre de Chine.
Une vie d’artiste florissante sur laquelle la graveuse avait pourtant tiré un trait. La jeune femme opte pour des études de droit après avoir refusé son entrée en école d’art. « J’étais pourtant très investie pendant la préparation des concours, se rappelle la jeune femme. Il m’est arrivé de ne pas manger ni dormir pendant trois jours en les préparant. Je paniquais parce que je pensais que l’art allait prendre trop de place dans ma vie.”
Après plusieurs années à explorer le monde juridique, Rose finit par être rattrapée par son premier amour : la création artistique. Elle finit par intégrer une école d’art et s’essaye à toutes sortes de pratiques. Depuis petite, la dessinatrice est fascinée par la dimension visuelle et esthétique de son environnement. “Ça remplace les mots, considère la créatrice. Une image accompagne, illustre des idées et leur donne même une consistance”
Rose imprime toutes sortes de scènes de l’île, comme celle de la visite du pape François, quelques mois avant son décès.
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© Rose / Instagram
Aujourd’hui, Rose se consacre presque totalement à sa passion, bien qu’elle continue à faire profiter de ses compétences en droit de l’art et du foncier. La créatrice s’est plus précisément spécialisée dans la linogravure, qui s’exerce sur une plaque de linoléum, plus souple et facile à creuser que le bois ou le métal. “Pendant mes études d’art, je dessinais énormément, notamment à l’encre de Chine. J’avais envie de pouvoir les reproduire pour les vendre mais faire appel à un imprimeur relevait de l’enfer ! C’est à ce moment que j’ai investi la gravure”, se rappelle l’ancienne étudiante.
Plus qu’une technique pratique, la linogravure devient une philosophie. Contrainte par la matière qu’elle sculpte, l’artiste perd une partie de son contrôle sur son œuvre. “C’est une ode à l’imperfection : c’est là qu’on trouve l’émotion, atteste la jeune femme. Ce qui me plaît dans l’art c’est le côté humain, organique avec des reliefs, des formes ou des petites griffures qui ne sont pas forcément volontaires. Je vois aussi ce positionnement comme une réponse à l’art numérique et à l’intelligence artificielle.”
Dans son approche brute, Rose cherche à “s’enraciner au maximum” dans son île. Elle tire son inspiration de la nature locale, ses paysages et ses scènes de vie. “C’est la vie, avec un grand V qui m’inspire, précise la graveuse. Et puis, cela fait le lien avec ce savoir-faire particulièrement accessible. Il est possible d’imprimer en autonomie, n’importe où donc on revient à une certaine simplicité, qu’on retrouve dans le rural.
Une démarche que l’artiste souhaite faire connaître. Membre du Corsican Print Club, un collectif d’artistes spécialisés de l’impression artisanale insulaire, elle dispense des cours aux apprentis graveurs. Rose collabore également avec des plus jeunes sur certains projets comme à Bastia, en novembre dernier. Derrière la citadelle, sous sa supervision, des Bastiais en vacances scolaires avaient gravé un banc avec l’inscription “Percò sò di Bastia”.
Une pédagogie qu’elle déploie aussi sur ses réseaux sociaux. Elle y poste des vidéos aux allures de tutoriel et d’autres plus personnelles. Sur ses publications, Rose s’exprime en corse, en français et en anglais. Un moyen de toucher un plus large public mais aussi de pratiquer la langue locale. « On a beau apprendre à parler corse, il y a parfois un blocage à le faire en public. Grâce aux réseaux, j’appréhende de moins en moins”, affirme la professeure. Depuis la création de sa page, l’artiste reçoit de nombreux retours positifs : “Beaucoup ont envie de s’y mettre !” Une petite victoire pour l’artiste “anti-IA”.