La route du bord de mer (RM6098) relie Nice à Cagnes-sur-Mer dans le prolongement de la Prom’. Pendant des années, un tronçon était limité à 70km/h au niveau de Saint-Laurent-du-Var.
Sauf que depuis le 26 juin 2025, patrata. La mairie a décidé d’abaisser la vitesse à 50km/h, afin « d’harmoniser la vitesse sur tout l’axe littoral pour transformer progressivement la RM 6098 en un boulevard urbain plus calme, plus sûr et plus agréable à vivre. » Rien d’illogique sur le papier…
Or, sur cette route, il y a deux radars. Un dans chaque sens. Et depuis peu, les amendes pleuvent comme à Gravelotte. Les nombreux automobilistes qui utilisent cette route depuis des années, mécontents de recevoir des amendes, estiment n’avoir pas été prévenus suffisamment du changement de limitation de vitesse. Sur les réseaux sociaux, les plus énervés parlent de « racket », évoquant un changement « en catimini ».
Et il n’y va pas par quatre chemins. « On le sait: le but n’est pas notre sécurité, il faut trouver un pognon de dingue pour assurer le train de vie pharaonique de la Ripoublique macronienne. Tous les coups bas sont permis et l’automobiliste est un pigeon docile. »
« J’en ai déjà presque pour 1.000 euros »
Cédric, un Cagnois d’une quarantaine d’années, est passablement en colère. « J’ai déjà reçu 9 amendes, ça n’arrête pas, dès que j’ouvre la boîte aux lettres j’en trouve une nouvelle », raconte-t-il. Père célibataire de trois enfants, il prend sa voiture pour aller travailler au MIN tous les jours.
« Je ne peux pas payer, sinon, avec la perte de points, j’ai déjà plus de permis. Et je vais en recevoir d’autres. J’en ai déjà pour presque 1.000 euros. » Et d’ajouter: « Le problème, c’est que ces radars nouvelle génération ne flashent pas, donc on ne sait même pas quand on a été pris… On travaille dur, on essaye d’avancer dans la vie, et on se fait déglinguer par les autorités, dit-il, dépité. Je suis un ouvrier, j’ai besoin de ma voiture… »
Mise en cause, notamment sur les réseaux sociaux, la mairie de Saint-Laurent-du-Var se défend. « L’abaissement de la vitesse maximale n’a en aucun cas été décidé de manière soudaine ni sans information préalable. […] La Ville tient donc à rappeler que cette mesure n’est ni brutale, ni punitive, mais au contraire guidée par des enjeux de sécurité, de cadre de vie et de continuité territoriale. »
Et détaille ses mesures d’annonce: « Les panneaux de signalisation ont été installés en amont et en aval du tronçon concerné pour prévenir et informer massivement les automobilistes de ce changement dès le 23 juin 2025: 6 panneaux d’information (3 pour chaque sens de circulation), maintenus jusqu’au 15 juillet. […] La Métropole a posé la signalisation officielle le 26 juin […] De plus, la Métropole diffuse, depuis le 27 juin, un message sur le grand panneau d’information lumineux installé sur le bord de RM 6098 (direction Nice). […]Enfin, dès le 27 juin, et durant une semaine, la police municipale a été présente physiquement d’une manière préventive et récurrente, pour accompagner et informer les conducteurs, avant toute verbalisation. Et le radar ne flache que depuis le 7 juillet. »
Le radar n’a pas flashé pendant 15 jours
La préfecture se justifie également: « Dès le 26 juin, la signalisation routière indiquait une limitation à 50km/h et le début de la verbalisation a commencé le 7 juillet. Une période de 15 jours a donc été laissée pour permettre la prise en compte par les habitués de la diminution de la vitesse autorisée. […] Cette diminution de la vitesse n’a donc rien à voir avec une volonté affirmée par les autorités de prendre en traître les usagers, mais avec une nécessaire sécurisation des traversées piétonnes. »
Ajoutant toutefois: « Le délai de 15 jours et les actions d’information mises en place par la municipalité n’ont, semble-t-il, pas été suffisants pour que les usagers habitués ne se rendent compte de l’abaissement à 50km/h. Lors des trajets habituels, les automatismes de conduite freinent la perception des évolutions de la signalisation. »
De son côté, la mairie de Saint-Laurent tempère également: « Il est compréhensible que certains automobilistes puissent se sentir pris de court après avoir été verbalisés, pour certains à plusieurs reprises, à des vitesses inférieures à 70km/h sur un trajet qu’ils avaient l’habitude de prendre en ne prêtant plus attention à la signalisation des limitations de vitesse. Si certains conducteurs estiment avoir été pénalisés injustement, il leur appartient d’exercer les voies de recours prévues par la loi. »
Concernant le panneau annonçant le radar, il a été bricolé avec du papier, pour remplacer le 70 par un 50 (photo), ce que certains conducteurs pointent du doigt. « Le 3 juillet, la demande de changement de panneau avec la mention 50 a été adressée au niveau national pour une intervention initialement planifiée au 7 juillet, répond la préfecture. Il n’y a pas d’avancée sur ce point depuis. Cependant, il n’y a pas d’obligation légale d’implanter ce type de panneau, le panneau indiquant la présence du radar suffit. »