Installés au sud de la rue du Rempart en juin 2022, le Wagon Souk et son association mère « Sauver le monde » sont en bail précaire sur ce site avec la Ville de Strasbourg.

« J’ai toujours dit qu’il me fallait un espace intérieur pour mes activités », commence le président de l’association Mohamed Zahi, ou Zaï Mo pour sa communauté Facebook. « La solution promise n’a jamais été trouvée et maintenant je n’ai plus de nouvelle de la Ville alors que le bail arrive à échéance. »

Ledit bail était de trois ans renouvelable chaque année sous condition de respect des clauses. Et de l’avis de tous les participants, les réunions de débrief annuelles entre élus et porteurs du projet ont toujours été houleuses.

Une pétition pour sauvegarder le lieu

Depuis un mois une pétition pour sauver le Wagon Souk a été lancée sur change.org. On y défend les valeurs culturelles, solidaires et inclusives du Wagon en demandant à la Ville une solution pérenne pour la poursuite du projet. La démarche a 5 400 signatures au compteur.

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Après une forme d’épuisement de plusieurs adjoints thématiques et élus référents de quartier, c’est désormais le premier adjoint Syamak Agha Babaei qui gère le dossier à la Ville.

« Le Wagenhaus (*) est propriété de l’Eurométropole mis à disposition de la Ville », explique l’adjoint. « Nous louons à l’association l’espace extérieur et 200 m² au rez-de-chaussée du bâtiment » En théorie, ces locaux abrités sont des bureaux et les toilettes pour le public. Mais en pratique, durant l’hiver, les concerts et rencontres-débats se déroulent bien sur tout le rez-de-chaussée du bâtiment. « Cet endroit n’est pas adapté à recevoir du public, poursuit Syamak Agha Babaei. Ce qui entraîne une responsabilité pénale, tant pour la Ville que pour l’association. »

Aucune visite de la commission de sécurité, vente d’alcool non autorisée…

Les contrôles administratifs par la police des bâtiments et le service hygiène et santé de la Ville ont amené à une enquête de la police nationale et une convocation du président de l’association en audition libre à l’automne dernier. Les « soupçons » se portent, liste le courrier de convocation sur : « l’ouverture d’un établissement recevant du public sans visites de la commission de sécurité, l’absence de vérification des installations électriques, des sorties en nombre insuffisant pour permettre une évacuation sûre des personnes »…

« Vient s’ajouter le problème de vente d’alcool non autorisée, la préfecture ayant refusé d’accorder le statut de débit de boissons au lieu », poursuit le premier adjoint. « Notamment au vu des nuisances sonores signalées par les riverains. »

Le ras-le-bol d’habitants du quartier

« Les grosses fêtes du mardi au samedi jusqu’aux aurores, ça n’était pas dans le paquet-cadeau du début », s’indigne Noémie (**). La jeune femme occupe un appartement dans un ensemble de deux immeubles de la rue de Koenigshoffen particulièrement impactés par la musique du Wagon. « Ce sont les basses qui résonnent, avec un effet d’écho dans la cour », précise Sandra.

« Les premiers coups de fil à l’association ont été courtois, avec une promesse de baisser le son », poursuit une des femmes. « Puis rapidement je me suis fait incendier sur Messenger : on m’a dit que la ville ne nous appartenait pas ! »

Les appels pour tapage nocturne à la police municipale sont infructueux la plupart du temps. « Un jour, ils m’ont dit : on n’est pas assez nombreux, on ne veut pas mettre nos équipages en danger », relate Catherine. « On est les oubliés de la municipalité. »

La Ville toujours en « phase avec le projet culturel »

Après moult démarches, les 15 familles de riverains ont reçu en septembre 2023 un courrier de la préfecture indiquant que les services de l’État ont « alerté le procureur de la République à la suite d’infractions déjà relevées à l’encontre de l’association ».

« J’ai proposé à la Ville de réaliser les travaux à mon compte en échange d’un bail plus pérenne », explique Mohamed Zahi. « Mais on nous empêche d’avancer pour mieux nous déclarer illégaux ensuite. »

Malgré les tensions, le premier adjoint ne ferme pas la porte. « Nous sommes en phase avec le projet culturel, ses aspects solidaires et son public diversifié », reprend-il. « Même si le bail est, de fait, déjà échu depuis plusieurs mois, j’invite la gouvernance du Wagon Souk à s’asseoir autour d’une table avec nous pour voir comment on peut travailler à la sécurisation de ce bâtiment Les problèmes ne sont pas indépassables mais ne pourront être réglés via des pétitions et invectives sur les réseaux sociaux. »

* Ancien bâtiment militaire en lien avec le rempart voisin construit par les Allemands après 1870. ** Tous les prénoms des riverains ont été changés à leur demande.